(Attention j'en dis peut-être un peu trop)
"Tonnerre d'applaudissements"... "A couper le souffle".. "un livre splendide"... La 4e de couverture annonçait la couleur.
Pas pour moi hélas.
Y a-t-il quelque chose que je n'aurais pas compris ? Je ne sais ; la seule chose dont j'ai la certitude, c'est qu'en tournant la 660e page, je peux affirmer n'avoir pas adhéré à ce panégyrique enchanteur. Pire, ce roman n'est pour moi qu'un de ces innombrables romans de gare qui pullulent dans les magasins, et n'offrent guère plus que le plaisir d'une lecture furtive, rapide, à la sauvette — et dont on ne se souvient pas.
L'histoire est basée sur la vie de Violette, femme qui occupe le poste étrange et incongru de garde cimetière. Sa vie n'est qu'un entrelacs de malheurs et d'abandons souffreteux (sa naissance sous X, la mort de sa fille, l'abandon de son mari à tous égards ...) Mieux cernée par l'auteur, Violette m'eût émue. Il n'en est rien, car à aucun moment, je ne me suis sentie faire corps avec elle, jamais je n'ai cru pénétrer dans l'antre de son âme, ni partager son coeur. Elle est restée distante. Peut-être est-ce à cause de l'écriture d'une pauvreté affligeante, malgré les innombrables comparaisons et autres tournoiements de phrase qui ne font qu'alourdir un récit déjà bien trop long pour ce qui en ressort.
Bref. Outre Violette, on découvre donc sa vie et toute la clique d'amis qui l'entourent et qui représentent sans doute le "merveilleux des choses simples" vanté par le résumé.
"Merveilleux des choses simples" ? Il va falloir m'expliquer...!
Sur 660 pages, 200 sont destinées à raconter une romance totalement inutile, passée, sans aucune importance sur le récit (à part une histoire de cendres sur une tombe, ce qui amènera à la "grande histoire d'amour" (elle-même vraiment chiquée) de Violette... Mais c'est peu, Valérie, c'est trop peu !), une romance, disais-je, dégoulinante de bons sentiments, à l'eau de rose fade, une romance contant l'amour que le lecteur ne palpe jamais, entre une femme mariée (du mari on ne saura guère que le nom) et un avocat pédant, inintéressant, fier et insupportable — leur amour se contentera de chambres d'hôtel. Qui y croit réellement ? Où diable sont passées les âmes des personnages ?
Au lieu de ces 200 pages, d'une inutilité incroyable, n'eût-il pas mieux valu présenter mieux les personnages (apparemment) fantastiques que côtoie Violette ? Ces personnages dont on dit qu'ils représentent "le merveilleux des choses simples"... et qu'on ne connaît pas vraiment !
Par exemple le père (tiens, j'ai déjà oublié son nom!) ... qui vient sans arrêt voir Violette. Soit. Il est prêtre, jeune, beau sans doute car il remplit les églises de femmes. Il veut un enfant. Il est là. Voilà tout ce qu'on saura de lieu. Leurs conversations philosophiques, théologiques, se bornent à (je cite, page 278-279) :
- Vous avez déjà adoré quelqu'un ?
- Dieu.
- Quelqu'un ?
Il me répond, la bouche pleine de crème pâtissière :
-Dieu.
Je reste béate devant la profondeur de leurs échanges.
Les personnages de
Valérie Perrin sont intéressants mais effleurés.
Et, comme pour éviter la confrontation, elle se lance dans des thèmes inutiles et vaseux qui n'ont pas d'intérêt, et qui ne font que célébrer une sorte d' "amour-passion" complètement déconnecté, sans prise avec la réalité, une sorte de folie qui prend chacun de ses personnages sans que le lecteur en perçoive la chaleur.
Outre la vie de Violette, l'intrigue est basée sur une histoire de mort, celle de son enfant chérie : qui a bien pu provoquer l'accident responsable de son décès ?
Ici encore, guère de rebondissements, guère d'émotions. On suit l'affaire pour suivre l'affaire. On n'est ni retourné ni étonné par la fin. « Ah d'accord » se dit-on lorsqu'on sait que l'un des personnages les plus inutiles et inexistants du roman, au-delà d'être cliché à l'insupportable, avoue sa faute dans ce qui sera sa seule réplique de tout le livre.
« Ah d'accord ».
Au final, 600 pages et 90 chapitres pour pas grand chose, simplement pour dire que la vie est belle et qu'il faut aimer les gens. Oui. Merci de nous avoir prévenus. Mais cette soupe huileuse ne me convainc pas.
Je préfère un splendide "Les Raisins de la colère" qui, avec infiniment plus de doigté, de douceur et de profondeur, vient nous remuer, nous ébranler, nous changer, nous faire aimer la terre et les hommes, et nous sentir sous le ciel de Californie, qu'on ne peut pas plus quitter qu'on ne l'oublie ensuite.
Pour résumer : un roman feuilleton de vacances. Si vous n'avez rien de mieux à lire.