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EAN : 9782709638067
230 pages
J.-C. Lattès (25/04/2012)
4.21/5   90 notes
Résumé :
« Votre fils Louis est pris en charge parce que votre mari est une vedette. Il s’appelle Francis Perrin. Mais nous, on n'est pas connus, tout le monde s'en fout de notre gamin autiste ! »

Nous avons entendu cette phrase trop souvent. Aujourd’hui, par notre engagement, nous voulons porter la voix des parents brisés, comme nous-mêmes l'avons été.
En 2004, notre vie bascule au moment où un "grand ponte" spécialisé dans l'autisme prononce cette p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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À travers Louis, pas à pas, c'est le cri du coeur de Francis et Gersende Perrin qui nous interpelle et ne nous lâche plus tout au long de notre lecture. Par une écriture simple et délicate, les parents de Louis nous font tour à tour partager leur incompréhension, leur indignation, leur doutes, leurs joies et surtout leur amour pour Louis, jeune autiste qu'on disait perdu.
Sans jamais tomber dans l'ultra-pathos et avec beaucoup de dignité, ce livre met surtout en avant le retard français en matière de détection et de prise en charge de l'autisme, pourtant déclaré Grande Cause Nationale 2012.
Une plongée au coeur du quotidien d'une famille presque comme les autres, de ses difficultés, de ses petits bonheurs, mais surtout un message d'espoir pour les autistes et leurs familles.
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Je suis toujours très admirative des gens qui osent écrire un témoignage : c'est déjà si difficile de mettre des mots sur une expérience douloureuse (car la nommer, c'est reconnaitre son existence, c'est aussi la revivre), alors le faire en sachant que ces mots seront lus par des dizaines de centaines de personnes … il faut avoir du courage pour aller au bout de cette démarche, pour livrer ainsi en pâture à d'illustres inconnus les moments les plus difficiles de sa vie privée. D'autant plus dans notre société, si prompte à juger, à critiquer, à désapprouver … Et du courage, indéniablement, Gersende et Francis Perrin n'en manquent pas. Non seulement pour avoir écrit ce livre, mais aussi, surtout et bien plus pour tout le reste, tout ce qui a précédé cette écriture, tout ce qui est rapporté dans ce témoignage à quatre mains. « Aujourd'hui, par notre engagement, nous voulons porter la voix de ces parents brisés, comme nous-mêmes nous l'avons été », disent-ils, dédiant « cette histoire à tous les enfants autistes ainsi qu'à leurs parents » …

Louis a quinze mois lorsque Gersende Perrin pressent au plus profonde de son être qu'il y a « quelque chose d'anormal » dans le développement de son petit garçon : Louis ne marche pas, ne parle pas, ne dort pas … ne pleure pas. Il exprime sa douleur en se tapant la tête. Il hurle quand on lui coupe les ongles. Il ne plonge jamais son regard dans celui de quelqu'un. Il bat des bras en tournant en rond dans la pièce – en rampant, bien sûr. Il ouvre et ferme tous les tiroirs de la maison. Semaine après semaine, mois après moi, la jeune maman passe de cabinets médicaux en services hospitaliers. Chaque examen est une épreuve. Et chaque entretien une déception : à la question « Dans la case frère et soeur, je note le bébé à venir? Parce que je suis enceinte », l'horrible réponse du médecin est « Quoi, vous êtes enceinte ? Après avoir fait un enfant comme lui ? Mais vous n'avez pas honte ? Vous êtes inconsciente ou quoi ? » … Sans parler de ce soi-disant grand spécialiste de la pédopsychiatrie qui, après avoir bien fait culpabiliser les parents, conclue la rencontre d'un tranquille « Faites le deuil de votre enfant », ainsi que tous ces « arnaquo-thérapeutes » qui ne savent pas ce qu'ils font …

Voilà le terrifiant parcours du combattant de ces parents confrontés à l'incompétence et à la cruauté. Car le plus lourd à porter, parfois, ce n'est finalement pas le handicap en lui-même, c'est bien plus le regard que notre monde pose sur le handicap, sur la différence : un regard tantôt empli de pitié mal placé, et bien plus souvent encore de haine. Page après page, Gersende raconte. Raconte comment la nounou a laissé son petit garçon de quinze mois attaché toute la journée dans sa poussette en le laissant hurler. Raconte comment la pédiatre a affirmé qu'elle n'ausculterait plus Louis pour ses otites, car c'est trop compliqué. Raconte toute cette violence ordinaire que vivent les parents d'enfants autistes de la part de ceux qui sont supposés les aider, de ceux qui reçoivent chaque mois leur salaire en prétendant faire le bien autour d'eux alors qu'ils ne font en réalité qu'enfoncer un peu plus ceux qui ont le plus besoin d'eux. Raconte aussi la méchanceté ordinaire à laquelle ils doivent faire face au quotidien, au supermarché ou dans la rue : ce chauffeur de bus qui beugle « Moi, mes enfants y sont normaux ! Si j'en avais des comme ça, j'les sortirais pas », ces mamans au parc qui murmurent sur son passage …

Tout ceci, Gersende, ainsi que Francis dans une moindre mesure, nous le décrivent sans détour, sans rien omettre : voici comment ça se passe en France, de nos jours, dans ce pays de « fraternité ». La bonne blague, n'est-ce pas ? Mais heureusement pour eux, heureusement pour Louis, ils ont tout de même eu la chance de rencontrer une professeure spécialisée dans le traitement ABA, qui va donc prendre en charge Louis, et plus tard ses cousins et cousines également atteints d'autisme. Les progrès sont spectaculaires, miraculeux presque. Louis marche, parle, Louis va à l'école, a des amis. Et d'ailleurs, j'ai appris qu'il y a un an ou deux, du haut de ses dix-neuf ans, ce petit garçon souffrant d'autisme sévère pour lequel « aucune évolution positive n'était à espérer » est monté sur les planches avec son papa comédien ! Il y a quelque chose de vraiment émouvant à voir ce petit garçon s'ouvrir progressivement au monde, à la vie, grâce à la détermination et à l'amour de ses parents, de ses frères et soeurs, mais aussi de ses éducatrices, de ses institutrices, de ces accompagnatrices. Empathique malgré – ou grâce à, tout dépend de quel point de vue on se place – mon autisme, j'ai plus d'une fois eu les larmes aux yeux en lisant les progrès de Louis.

Mais il n'est pas dans ma nature de mentir : je dois reconnaitre que j'ai plus d'une fois été agacée, aussi. Car ce témoignage, si beau et émouvant, porteur d'espoir malgré les débuts difficiles, ne reflète pas la réalité du quotidien de 99,99% des enfants autistes et de leurs parents : ceux qui ont la chance de rencontrer « la perle rare », le thérapeute qui saura vraiment aider leur enfant, se comptent sur les doigts d'une main. La réalité, c'est que la plupart des parents se retrouvent absolument seuls, toute leur vie, toute la vie de l'enfant. Très rares sont ceux qui trouvent une prise en charge aussi adaptée et bien menée que celle dont a pu bénéficier Louis. Plus je lisais, plus la révolte enflait : c'est bien beau, d'allumer cette lueur d'espoir en montrant à quel point ce traitement est efficace, mais il y a encore si peu d'enfants autistes qui peuvent en bénéficier que c'est finalement faire naitre de faux espoirs, et une déception encore plus forte pour les parents qui seront incapables de faire intégrer leur enfant à de tels programmes … Et même si je n'ai rien contre le traitement ABA, le présenter comme l'unique « solution miracle » m'énerve aussi : petit frère a été diagnostiqué « autiste sévère » à deux ans, on nous avait garanti qu'il ne parlerait ni ne marcherait jamais. Il n'a jamais eu de prise en charge « efficace », mais il a aujourd'hui dix-huit ans et prépare son baccalauréat, il caracole toujours devant nous en randonné et est autrement plus bavard que moi ! Oui, les prises en charge sont cruciales, mais elles ne font pas tout …

En bref, vous l'aurez bien compris, malgré ce petit bémol – né de ma propre expérience –, j'ai trouvé ce témoignage absolument magnifique. J'ai été touchée par l'honnêteté de Gersende et Francis, qui prennent tour à tour la parole pour exprimer chacun à leur manière comment ils ont vécus toutes ces années de galère, mais aussi tous ces petits miracles. J'ai été très touchée par les extraits des carnets destinés à Louis, ces sortes de « journaux intimes » de maman : c'est vraiment dans ces passages que j'ai le plus ressenti ce merveilleux amour qui combat toutes les difficultés. J'ai été émue aux larmes par le dévouement de ces parents qui n'avaient qu'une seule et unique idée en tête : faire tout ce qui était possible pour aider leur enfant. Et aussi, pour aider tous les enfants comme Louis, pour aider tous les parents comme eux. Quitte à essuyer les critiques haineuses, les accusations colériques, les reproches incessants. Quitte à devoir tout quitter du jour au lendemain pour que Louis puisse accéder aux soins dont il a besoin. Ce livre, c'est une vraie et belle leçon d'amour. de courage aussi, bien sûr, mais c'est vraiment l'amour qui, à mes yeux, caractérise le mieux ce petit témoignage, que je relirai assurément un jour ou l'autre car il m'a vraiment beaucoup, beaucoup remuée.
Lien : https://lesmotsetaientlivres..
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Ce livre est tellement fort et bouleversant qu'il est difficile de ressortir de cette lecture indemne. Il est tout autant difficile de trouver les mots juste pour vous en parler alors que les auteurs l'ont écrit avec une telle sincérité. Je ne peux que vous conseiller de découvrir ce témoignage poignant d'une famille qui se bat pour son enfant, contre l'avis de tous et sans jamais baisser les bras malgré les obstacles. Ce livre permettra aux familles d'enfants TSA (trouble du spectre autistique) de se sentir moins seules et aux autres d'en apprendre plus sur cette pathologie encore bien peu connue malgré tout ce qu'on croit en savoir.

Que faire quand son enfant est différent? Allez chercher des réponses auprès de médecins et autres grands pontes. Mais que faire si ces derniers n'ont pas de solution satisfaisante à apporter voire qu'ils en proposent des clairement inadmissibles? Batailler et batailler encore, jusqu'à arriver à trouver LA personne qui saura, qui comprendra, qui répondra. C'est bien ce parcours envers et contre tout/tous que nous conte ce roman écrit à deux mains. le combat d'une famille pour aider son enfant, pour l'ouvrir aux autres et au monde, pour le faire grandir et évoluer. Ce sont les petits pas vers les progrès qui nous sont présentés et que nous vivons la larme à l'oeil comme s'ils étaient en train de se produire devant nos yeux.

Des spécialistes il en existe tellement à l'heure actuelle... Les TSA ressemblent à une mode qui prend de l'ampleur et qui vient de plus en plus sur le devant de la scène. Les méthodes "rééducatives" changent au gré des envies de chacun et il devient de plus en plus difficile de s'en sortir voire parfois de faire au mieux. Ici nous revenons aux bases: A.B.A., une méthode autant décriée qu'approuvée. Cette chronique n'est pas pour vous parler de cette méthode à proprement parler, mais je trouve que les auteurs ont su la présenter de belle façon et montrer ses bien-fondés.

Une fois de plus, ce roman nous démontre que nous sommes bien à la traîne par rapport à nos voisins outre Atlantique qui ont compris bien des choses que nous refusons d'admettre. Et si ici en Suisse nous croisons peut-être plus de gens adhérents à ses idées, le gouvernement reste à mon goût encore bien trop peu sensibilisé à cette pathologie, ne mettant ainsi pas tout le nécessaire en oeuvre pour aider ses enfants/adultes.

Donc oui, je dis merci à Gersende et Francis Perrin d'avoir écrit leur histoire, de l'avoir partagée et j'espère qu'avec les autres témoignages déjà parus, elle déposera sa pierre sur l'édifice de la reconnaissance des TSA et des aides utiles à leur apporter.

En bref, ce livre est à lire de toute urgence pour les gens intéressés par le sujet ou par des familles d'enfants TSA. La présentation d'un combat qui en aura largement valu la peine et qui ne pourra que vous toucher au plus profond de votre être.
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Un témoignage simple et empli d'amour, de combativité et d'espoir pour décrire les nombreuses difficultés liées à l'autisme. Au travers de ces lignes, on mesure combien il peut être difficile, long et douloureux de devoir faire au handicap de son enfant en raison des barrières administratives, d'un corps médical peu informé et pas du tout compréhensif. Sans jamais sombrer dans le mélo, les auteurs offrent dans ce livre le moyen d'en savoir plus, de trouver des solutions et surtout, pour les personnes confrontées à ce problème de ne pas se sentir seules.
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C'est un témoignage touchant de la détresse d'une famille face à l'autisme d'un enfant. Des parents malmenés par des professionnels qui les accuse d'être à l'origine du handicap de leur fils, sans pour autant leur proposer de solutions.
Gersende et Francis Perrin se sont battu pour avoir une prise en charge pour Louis, leur fils.Ils ont alors découvert qu'il existe des méthodes efficaces, mais qu'en France ça bloque. Il y a très peu de places et de personnes formées.
La famille a alors déménagé dans le nord pour permettre à Louis de faire de l'ABA. A partir de là, les progrès de l'enfant ont été impressionnants.
Gersende a écrit ce qui se passait, leur histoire, et Francis Perrin a complété cet écrit.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Pour rester concentré, en musique comme à l'école, Louis a besoin d'un contrat comportemental, ce petit papier sur lequel est écrit:
Je mets bien mes mains.
Je fais ce que mon professeur me demande.
A chaque cours, son professeur de piano remettait en cause ce contrat:
- Ca me gêne. Je ne crois pas que ce papier soit nécessaire. Je me débrouille très bien sans.
Ce genre de réflexion m'exaspère. On ne dit pas à des parents d'enfant diabétique: "La piqûre d'insuline me gêne. Je ne crois pas qu'elle soit nécessaire. Je me débrouille très bien sans."
La plus grande difficulté que nous rencontrons c'est de faire comprendre que la vie future de Louis est en jeu. Lorsqu'un comportement adapté n'est pas généralisé à toutes les situations, son autonomie est en danger.
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Notre seul but a toujours été : que Louis s'en sorte. Non pas de l'autisme, on sait bien qu'il ne pourra jamais s'en débarrasser, encore moins guérir. L'autisme n'est pas une maladie, c'est un handicap.
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p.104 : "Le renforcement est la base essentielle du traitement ABA. C'est une "procédure qui produit des conséquences pour un comportement donné qui augmente ou maintient la fréquence de ce comportement"."

p.127 : "Chaînage : Procédure pour laquelle les réponses sont renforcées en séuence pour former des comportements plus complexes. Chaque élément de la chaîne est un renforçateur pour la réponse précedente et un stimulus discriminatif."
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Mathis est devant l'école. Il échange des images de Pokémon avec ses copains.
Louis est devant l'école. Il met ses mains à côté de ses yeux et les remue très vite. Il se figure qu'il est dans un tunnel et qu'il conduit un métro. Ce geste et ces bruits de gorge, je suis la seule à savoir ce qu'ils signifient. Pour les autres, Louis a simplement l'air bizarre.
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Le handicap m'a rendue grave. Il est trop lourd à porter pour être gai. Il contraint à une lucidité permanente. Il bouffe les journées, les nuits et les années à pleines dents. Les envies restent les mêmes, on sait ce qui pourrait nous offrir des petits bonheurs quotidiens mais la légèreté est devenue impossible.
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