Petit roman qui raconte une dépression, un hiver difficile que traverse une jeune artiste.
Au départ, on sent une volonté de dédramatiser, déculpabiliser la dépression. Non, il ne s'agit pas que d'un ennui passager qu'il suffit de sortir et s'amuser pour s'en débarrasser.
Un style d'écriture est simple, un langage moderne sans grande complexité, des chapitres courts et une typographie aérée, le message important sur la perception de la maladie mentale pourra rejoindre des lecteurs de tous publics. La jolie couverture illustre bien le propos optimiste du livre et apporte une séduction supplémentaire.
Un premier roman réussi, mais dans lequel on trouve cette tendance des nouveaux auteurs à en mettre trop, trop d'événements qui arrivent en peu de temps et qui rendent le tout improbable et qui diluent un peu l'émotion forte du début.
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Je me suis toujours intéressé à la dépression, cette maladie aussi répandue que mal comprise. C'est pourquoi la première partie de ce livre m'a comblé, la description des symptômes me paraissant parlante, très plausible, instructive. Cette vue de l'intérieur est touchante, la douleur de Fabienne étant palpable, le sentiment de défaite omniprésent, la fatigue constante, l'absence d'énergie, la dévalorisation, etc. L'amorce du processus thérapeutique m'a aussi plu; des amis proches et compréhensifs, une thérapeute compétente et engagée sont des conditions propices à remonter cette pente aux allures d'Everest.
Par contre à partir d'environ la moitié, ce roman tombe graduellement dans le genre feel-good auquel je suis allergique. Trop de hasards bien placés, trop d'amis et d'un conjoint qui semblent n'avoir ça qu'à faire de s'occuper de l'héroïne, des animaux qui sont parfaits, un voisin miracle, du bénévolat instantanément salvateur, des mourants d'une sagesse infinie; n'en jetez plus, la cour est pleine. C'est trop de guimauve pour moi, mais certains y trouveront sûrement leur compte. D'autant plus que la course finale pour clore le roman m'a semblé une jolie idée. L'écriture m'a paru enfantine dans le bon sens du terme, à savoir pas gnangnan, pas racoleuse, simple, dépouillée avec un je-ne-sais-quoi de naïf et charmant.
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Fabienne a 30 ans. Seule. En fait pas si seule, mais pas accompagnée non plus. Elle a une mère, mais plus de père. Elle a une meilleure amie, mais qui passe sa vie dans d'autres continents. Elle a un amoureux, mais elle l'a laissé partir. Parce qu'elle se sent s'enliser. Et le diagnostic ne se fait pas attendre : dépression majeure. Sa meilleure amie revient. Son amoureux aussi. Ils sont là pour la soutenir. Éclairer sa route. Mettre un pansement sur son coeur. Et ça fonctionnera. Mais il lui faut du temps. Un roman qui a résonné fort en moi. Un roman sur les pardons, l'acceptation, la résilience et le désir de vivre. Une lecture douce, même si le sujet en est difficile. Mais la reconstruction, c'est beau et ça fait du bien. Il y a quelques lieux communs, mais dans l'ensemble, le lecteur passe un bon moment lecture de lecture.
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Il y a vraiment une douceur lumineuse dans ce roman qui aborde le sujet de la dépression. On y côtoie à la fois la détresse et l'enchantement. Dès le départ, je me suis très vite attachée à Fabienne, le personnage principal, et j'aurais voulu devenir son amie. Une chose est sûre, on ne s'ennuie pas avec Fabienne! Elle est si attendrissante dans sa détresse et sa résilience. J'étais vraiment déçue de devoir la quitter en refermant ce livre et j'ai vraiment hâte de la retrouver car une suite, il y aura, hourra!
La simplicité désarmante et l'authenticité du propos m'ont beaucoup touchée. Merci à l'auteure d'avoir eu le courage d'aborder de front un thème aussi tabou que la dépression.
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—Vous allez mieux?
— Un peu, oui.
— Bien. Ça ressemble à une crise de panique. Ça vous arrive souvent ?
J’esquissai un sourire avant d’éclater en sanglots.
— Oui, je meurs un peu comme ça chaque jour.
(Hurtubise, p.13)
J’avais ce lion en moi qui voulait sortir de mon sternum et saccager la pièce au complet : arracher les rideaux, pousser les lits roulants, faire des graffitis noirs sur ces murs beiges. J’aurais voulu avoir une masse pour défoncer la pièce, j’aurais voulu hurler jusqu’à ce que mes poumons se vident, jusqu’à ne plus pouvoir me relever.
On me rappelait aussi souvent que j’avais de la chance d’être à l’aise financièrement. Je ne comprenais pas le lien qui unissait le bonheur d’être matériellement comblée à celui d’être bien dans sa peau. J’étais devenue mal dans la mienne sans avoir une raison tangible de l’être et j’avais désormais envie de disparaître.
— Tu rêves en couleur… Ton père est parti parce qu’il a été incapable de faire face à ses difficultés. De toute façon, il ne voulait jamais parler de ce qui le tracassait. Une vraie huître. Une vraie huître vide.
Je la regardais et je ne comprenais pas pourquoi elle était si sévère dans ses propos. C’était moi qui étais censée être une Martienne et c’est elle qui semblait sortir tout droit d’une autre galaxie avec son regard vide et ses jugements. Ses doigts tambourinaient sur la table.
Je n’avais plus rien d’attirant ou d’excitant pour lui. Je le voyais déjà en train de déployer toutes ses énergies pour que les miennes reviennent, et je me sentais coupable. Je ne savais même plus qui j’étais, ce que je souhaitais, ni comment faire pour continuer à passer à travers mes journées. Dans ces conditions, comment pouvais-je être une bonne amoureuse ?
Entretien avec Mélissa Perron