AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de SZRAMOWO


Daniel Pitt a fait ses études à Cambridge, son père Thomas Pitt fait partie de la Special Branch, une police en charge de la sécurité du territoire et de la sécurité du personnel politique et royal au sens large.
Daniel est avocat assistant dans le prestigieux cabinet Croft & Gibson. A l'instigation de son père, lorsqu'un avocat senior du cabinet est défaillant, Daniel se retrouve chargé de la défense de Roman Blackwell, et tout le monde au cabinet lui prédit qu'il va perdre cette affaire trop ardue pour ses crocs encore fragiles.
Mais c'est mal connaître Daniel. Il professe que le droit est secondaire dans une stratégie de défense. Stratégie novatrice qui heurte Kitteridge l'avocat principal du cabinet appelé à succéder à Croft :
«— Vous souciez-vous de quoi que ce soit ? N'avez-vous aucun égard pour le droit ? Non, c'est une question idiote. Je sais que vous ne vous en souciez pas. Pas vraiment. Vous n'êtes pas sérieux et c'est un péché, Pitt ! Car vous pourriez être un bon avocat. le comprenez-vous seulement ?»
Mais grace à sa perspicactité à son sens de l'observation, à sa connaissance des techniques nouvelles comme les empreintes, (nous sommes en 1905 et la technique est balabutiante, mal connue et mal maîtrisée parfois.), Daniel parviendra à se faire une place, à convaincre Kitteridge qu'il doit évoluer et à sauver l'honneur du cabinet Croft.
Le roman d'Anne Perry se lit avec plaisir et facilité. le lecteur en a pour son argent. Il reçoit un nombre important d'infomations sur le système judiciaire britannique, sur l'évolution des techniques d'enquête au début du 20ème siècle.
Anne Perry met tout en oeuvre pour donner de la crédibilité au contexte des deux affaires que Daniel Pitt traite dans le roman.
Elle décrit les travers de la société anglaise du siècle où la défiance vis à vis de la nouveauté et du changement conduit à fossiliser les pratiques de la police et de la justice.
Daniel va trouver une alliée de poids et de choc en la personne de la fille de fford Croft, Miriam, qui lui explique :
«Certaines caractéristiques sont propres à chacun, les empreintes, notamment. Néanmoins, il faut des compétences pour distinguer les infimes différences entre elles. Nous commençons tout juste à les découvrir et à les catégoriser. Un autre exemple est celui des balles. Certaines sont conçues pour des canons rainurés vers la droite, ou vers la gauche, ou, comme les plombs, ne portent aucune marque distinctive. On peut déterminer si une balle correspond à une arme particulière, et si oui, cela signifie seulement que cette arme a pu être utilisée, et non que c'était forcément elle.»
Anne Perry prend un malin plaisir à mettre sur le chemin de Daniel des femmes au profil détonnant dans une société purement patriarcale où les hommes détiennent le pouvoir et tous les postes clés.
Elle illustre d'une certain façon, la maxime d'Aragon «L'avenir de l'homme est la femme.»
Aux côtés de Miriam Croft, on trouve Mercedes Rockwell, la mère de l'accusé, surnommée Mercy ou Ebony Graves, la victime du meurtre, une féministe décriée de son vivant :
«— Mercy m'a répété ce qu'elle avait appris. Personne n'avait de raison de tuer Ebony. Bien sûr, certains la jalousaient, ou étaient en désaccord avec ses idées. Mais les changements qu'elle désirait n'ont aucune chance de se produire dans les dix prochaines années, au moins. Je comprendrais à la rigueur qu'elle ait été prise à partie lors d'une altercation. Mais qu'on se soit introduit chez elle alors que ses enfants étaient à la maison, et que personne n'ait rien entendu, pas un bruit, pas un tour de clé dans la serrure, pas de fenêtre brisée, cela suggère…»
Daniel met en lumière les qualités du raisonnement des deux héroïnes et leur capacité à dépasser les carcans qui enferment les raisonnements masculins.
Personnages attachants, intrigue bien ficelée, style fluide, il n'y a rien à jeter chez Anne Perry.
Lien : https://camalonga.wordpress...
Commenter  J’apprécie          240



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}