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EAN : 9782843047084
204 pages
Zulma (06/11/2014)
3.84/5   157 notes
Résumé :
Vienne, 1909. Des suicides étranges motivent une enquête versant dans un fantastique classique façon Poe, mais où l’étrangeté spirite auraient été remplacée par la psychanalyse. Via le rôle d’une drogue, Perutz diffuse une peur immémoriale et indicible digne d’un Lovecraft qui n’aurait pas imaginé ses démons souterrains, mais, ceux, supérieurs, de l’esprit. Aussi, on songe au Horla de Maupassant... Pour garder la lumière allumée et tant pis pour les moustiques.
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Le Baron Yosh a-t-il vraiment poussé Eugène Bischoff au suicide comme certains semblent le penser ? Ou bien, comme le soutient l'ingénieur Solgrub, le célèbre acteur a-t-il succombé aux forces obscures d'un monstre maléfique qui accule depuis des siècles les hommes à la mort en traversant l'espace et le temps?...

Une après-midi musicale réunissant autour de Bischoff, Dina, son épouse, Félix le frère de celle-ci, l'ingénieur Solgrub, le docteur Gorsky et le baron Yosh.
Tous se sont donné le mot pour cacher à Bischoff la faillite de la banque qui gérait l'intégralité de ses avoirs, le réduisant aussi par voie de conséquences, à la ruine. Tous tentent également de lui dissimuler que sa carrière est sur le déclin.
En début de soirée, Bischoff s'isole dans son pavillon au fond du jardin. Deux coups de feu retentissent. le corps de l'acteur est au sol. le revolver encore fumant dans sa main ne fait place à aucun doute. Bischoff s'est suicidé.

Dans un récit rédigé plusieurs années après les faits, le Baron Yosh, capitaine de cavalerie dans l'armée austro-hongroise, décrit les événements de l'automne 1909 tel qu'il pense les avoir vécus à l'époque, racontant ce qui conduisit l'ingénieur Solgrub, le docteur Gorski et lui-même à partir en quête d'un être mystérieux capable de pousser au suicide ceux que le destin mettait sur sa route…

Mais quel crédit accorder à ses propos lorsqu'on sait que Yosh n'a jamais accepté le mariage de Bischoff avec Dina, la femme qui a été sa maîtresse quelques années auparavant, la femme qu'il n'a jamais cessé d'aimer et pour laquelle il ressent toujours la brûlante douleur de l'amour trahi ?
Que penser des opinions de ses proches le décrivant comme un homme dur, intransigeant, « manquant d'égards jusqu'à en devenir brutal », une « superbe canaille » assurément « capable d'un meurtre » ?
Et comment se fait-il que sa pipe ait été retrouvée sur les lieux du suicide ?
Le baron n'aurait-t-il pas, par vengeance et jalousie, divulguer les mauvaises nouvelles au comédien, sachant pertinemment quelles fâcheuses et dramatiques conséquences elles auraient chez l'acteur aux nerfs déjà fragiles ?

Et pourtant…pourtant d'autres événements peuvent étayer une autre conception de l'affaire.
Ainsi, les cas de plusieurs suicides inexplicables commis dans des circonstances similaires à celles de la mort de Bischoff et qui prêtent à infirmer les accusations portées contre le baron Yosh.
Dans son récit, ce dernier s'emploie à raconter la chasse aventureuse que l'ingénieur Solgrub, le docteur Gorski et lui-même entreprirent, à la «poursuite d'un ennemi invisible qui n'était pas fait de chair et de sang, mais qui était un effrayant revenant des temps passés »…
Une histoire fantasmagorique qui va les mener sur la piste du « Maître du jugement dernier », un peintre De La Renaissance italienne, surnommé ainsi à cause de ses représentations hallucinées, saisissantes de réalité, des scènes de sentences divines.
Une histoire tragique également, puisqu'elle va couter la vie à l'ingénieur Solgrub, et, en leur faisant franchir la porte du temps, va les projeter dans ces lieux désolés où l'homme, en proie aux visions terrifiantes de sa propre inhumanité, en vient à ne plus supporter les marasmes de sa culpabilité et se soumet alors au jugement suprême de la justice divine…

Alors…fantastique funèbre ou affabulation d'un homme en plein déni ? Il se pourrait bien que vous en perdiez la tête !
Car tout le long de cette intrigue retorse et machiavélique, l'auteur autrichien Leo Perutz (1882-1957) s'ingénie à nous égarer, nous encourageant à emprunter une voie de l'esprit pour nous en détourner brusquement dans les toutes dernières pages dans un audacieux mais démoniaque final qui va annihiler toutes les réponses et tous les signes recueillis.
Le récit est bâti sur la récolte des indices qui innocenteront le baron Yosh ; l'incursion dans le fantastique sert ainsi à nous conforter dans l'opinion de son innocence et ce, malgré le caractère antipathique qu'il tend à revêtir.
Et quand, après avoir suivi aveuglément toutes les pistes réelles, irréelles, vraisemblables ou improbables, l'on peut enfin croire à l'entière et totale sincérité du baron, l'échafaudage construit au fil du récit s'écroule comme un vulgaire château de cartes et il ne nous reste plus qu'à revoir les choses à la lumière des nouveaux éléments…
Ce diable de Perutz nous mène par le bout du nez et fait tout pour tantôt corroborer, tantôt invalider la thèse de l'existence du monstre.

Borges disait qu'il était un écrivain génial.
Il est vrai qu'avec ce récit paru en 1923, l'auteur autrichien, en maître de la manipulation, réussit parfaitement à nous troubler dans un enchaînement démoniaque des faits. Balloté entre réel et fantastique, l'on ressort du roman, égaré, mystifié, confus, mais avec le sentiment que, quelles que soient les versions évoquées, réelles ou imaginaires, tous « nous portons en nous un ennemi terrible dont nous ne soupçonnons pas l'existence. Il ne bouge pas, il dort, il semble mort en nous. Oh, malheur quand il se réveille à la vie ! ». Car c'est le Maître du jugement dernier, celui qui gît au fond de nos consciences…prêt à nous mordre l'âme quand la culpabilité nous tenaille…
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C'est le cinquième roman de Perutz, publié en 1923. Je préfère prévenir les éventuels lecteurs de cette note de lecture : il est impossible de présenter le livre sans dévoiler le contenu de ce qui peut s'apparenter à un roman policier. Cela pourrait gâcher quelque peu le plaisir d'une lecture ultérieure, même si à mon sens la richesse d'interprétations que permet ce roman (comme d'autres livres de l'auteur) fait que l'exposé que je vais faire de ce que je pense avoir compris, n'a rien de définitif, et peu être discuté.

Un narrateur, le baron von Yosch nous livre le récit d'événements tragiques, dont il a été témoin et acteur, en 1909 à Vienne. Il prétend faire toute la lumière sur ce qui s'est passé. le baron se rend chez des amis pour faire de la musique, et plus précisément jouer le trio n°1 de Brahms. Il a été l'amant de la maîtresse de maison, Dina, mais cette dernière l'a quitté et a fini par épouser Eugen Bischoff, un célèbre comédien. Ce dernier est dans une mauvaise passe : sa banque vient de faire faillite, et le directeur de théâtre pense à le remplacer. Ses proches lui dissimulent au maximum la situation. Pendant que l'acteur est censé répéter une nouvelle pièce, des coups de feu éclatent, et le maître de maison est retrouvé avec le revolver en main. Tout semble indiquer un suicide, et tout accuse von Yosch de l'avoir provoqué par des révélations mal venues. Malgré la parole d'honneur qu'il donne, von Yosch semble dans une mauvaise posture. Mais l'ingénieur Solgrub, un ami de la maison, est persuadé qu'il ne s'agit pas d'un suicide mais d'un meurtre et que par conséquent von Yosch est innocent. Il va se lancer dans une enquête échevelée pour le démontrer, von Yosch se met aussi sur la piste de l'assassin. L'enquête va révéler des faits troublants et étranges.

Il semble que nous soyons dans un grand classique du roman policier : un homme accusé à tort, mais grâce à un détective plus clairvoyant que la moyenne des mortels, l'écheveau compliqué d'un meurtre est démêlé. Sauf que le détective n'est guère brillant, ses conclusions pas forcément convaincantes, les indices arrivent par hasard, et ne mènent pas très loin, et tout est de moins en moins convaincant.

J'ai eu la sensation d'avoir très vite trouvé la solution : l'analyse que fait von Yosch du scherzo du trio de Brahms est tellement délirante et éloignée de que l'on entend, qu'elle ne peut être faite que par quelqu'un dont le rapport à la réalité est plus que perturbé. Par ailleurs dans cette analyse, le baron évoque le sort d'une âme pécheresse, entraînée par Satan en enfer. Difficile de ne pas y voir l'expression d'une culpabilité dévorante. Rendu fou par son pêché, le coupable est condamné. Et le passage suggère aussi le péché : Brahms a vécu une sorte de trio amoureux avec le couple Schumann. L'histoire a en quelque sorte pris fin avec la tentative de suicide de Schumann, qui basculait dans la folie. le baron projette donc sur le trio son crime et sa culpabilité et sombre dans le délire. L'enquête censée prouver son innocence est l'ouvrage d'un fou, et toutes les incohérences et faiblesses du récit démontrent la perturbation de l'esprit de von Yosch. le récit devient une sorte de parodie de roman policer, fort drôle d'ailleurs, démontant les procédés et codes de ce genre de littérature, et comme le livre flirte avec le fantastique et le roman historique, il parodie aussi ces genres, dont Perutz est familier.

Mais Perutz est un maître dans la manipulation de son lecteur, et cette lecture ne peut épuiser le sens du livre. La descriptions délirante du scherzo de Brahms livrée à la page 20 est certainement là pour en partie égarer le lecteur. Car dans les années vingt du siècle dernier, les références à la musique et la vie de Brahms étaient très lisibles pour les lecteurs de Perutz. Ce qui condamne von Yosch n'est pas tant avoir poussé Bischoff au suicide, ce qui est à la fois impossible à prouver et pas réellement condamnable par la loi, mais de s'être parjuré, d'avoir nié l'évidence : d'être allé voir Bischoff juste avant son suicide. Félix, le frère de Dina qui est parvenu devant témoin à extorquer le serment du baron peut le menacer d'envoyer son rapport au tribunal d'honneur du régiment de von Yosch. Ce dernier n'a plus le choix qu'entre le suicide, et la honte d'une démission obligée, une mise au ban, pour avoir perdu l'honneur. Il choisit de s'enfoncer dans la folie, dans laquelle il passe son temps à réécrire l'histoire délirante dont nous lisons la dernière versions, qui est censée l'absoudre.

C'est le déni, le refus de l'aveu, de la confession que le condamne. En plus d'une mort sociale, il ne peut obtenir de rémission de son péché, de pardon, car la reconnaissance de la faute est le premier pas sur le chemin de l'expiation et d'absolution. Une âme pécheresse est emmenée en enfer, car elle refuse de se dire coupable. Dans un geste d'orgueil blasphématoire, von Yosch s'essaie dans son écrit à une (ré)création du monde. Et il chute irrémédiablement, car il n'est pas en mesure de tenir la place du démiurge.

Dans l'histoire aberrante censée le disculper, c'est au final un livre qui est le meurtrier. Comme dans la vraie vie, c'est le livre écrit par von Yosch et que nous lisons, qui le détruit, le mène à sa perte définitive.

Brillantissime et fascinant.
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Lorsque une flânerie bienheureuse vous berce les émotions avec une incertitude de plaisir dans cette galaxie constellés de livres posés sur des étals avec une forme de nonchalance, ce paysage littéraire statique du regard des clients, engourdi de leur mots inconnus, s'impatiente d'un lecteur, comme ce livre habillé par un bordereau rouge pour un trompe l'oeil publicitaire, avec ces mots gravés en blancs comme une évidence, « Un Kafka aventureux » Jorge Luis Borges, éclaire ma curiosité d'humeur hédoniste, le titre dans un triangle surmonté de l'auteur, le Maitre du Jugement dernier, Léo Perutz, tout est obscur, je ne connais pas cet auteur, ni son origine, alors je le prends en main pour découvrir sa quatrième de couverture, Roman traduit de l'allemand par Jean-Claude Capèle, une voix tinte mon âme, un auteur de langue allemande comme beaucoup à cette époque, Stefan Zweig, cet autrichien à la mélodie perdue dans les abysses de mes lectures passées, cette Lettre d'une inconnue résonne dans mes souvenirs, le loups des steppes de Hermann Hesse n'oublie pas cette lecture trouble, Kafka dans la rumeur incroyable de l'ombre de Léo Perutz, ses auteurs de langue germanophile ont chacun de leurs romans, frissonnés des moments de plaisirs de leurs mots , de leurs intrigues, mon esprit vagabondant, mon regard continue sa rêverie, les mots jeu diabolique, un roman qui hante, absorbe mon énergie de joie pour la rendre plus incandescence, me voilà imprégné de ce roman se diffusant en moi, je suis en main de ce livre pour une de mes prochaines lectures, le Maitre du Jugement dernier.
Ce petit préambule long, exprime avec beaucoup de justesse l'approche de ce roman lors de ma lecture, sans pour autant me renseigner sur l'auteur, juste s'infuser de l'écriture et de son intrigue, sans artifice, une naturalité juvénile à cette prose s'introduisant au plus lointain de votre humeur, une maladie infectieuse circule au coeur de votre chair, frisonne l'incertitude de mes émotions, une cristallisation intrusive tel un Alien tissant sa toile lentement au fil de la lecture où les personnages s'invitent dans le tumulte de mon cerveau en effervescence, du votre, vous les prochains lecteurs, dans cette dualité que nous sommes. Il y a une confusion entre les lecteurs, et, le lecteur que je suis, une forme d'excroissance se forme, le récit est la narration d'un musicien que l'on découvrira plus tard, relatant une chose étrange, une peur indescriptible survenu lors d'un événement précis, une indécision se créer mais dans la mémoire du maitre, des précision sont fidèles, comme un tatouage au fer rouge, gravé à la vie à la mort, une date précise s'inscrit dans la fièvre tumultueuse de cet homme, l'article d'un journal lui reste en mémoire, les protagonistes de l'histoire sont petit à petit présenté, et cette date du 26 septembre 1909 attire en nous une curiosité croissante, la prose étire notre impatience, l'intrigue s'installe comme une fleur qui au petit matin s'épanouit à la rosée d'un soleil levant, réchauffant les pétales endormies.
Il y a une préface en guise de postface, le narrateur expose les événements de l'automne 1909, sa mémoire est précise, avec une belle vivacité, toute l'intrigue est son arrivé à la villa Bischoff par le Docteur Gorski, le 26 septembre 1909, pour jouer un récital privé. Pour lui cette journée est celle
« D'une journée sans nuages, agitée seulement par un vent chaud. »
Il n'a pas oublié les articles du journal ceux parlant des Balkans, et des jeunes-Turcs, de la vie de Chekket Pacha et de Niazi Bey, des noms oubliés, de l'art, comme la représentation du Danton de Büchner, à l'opéra le crépuscule des dieux, on expose des toiles de Jan Toorop et de Lovis Corinth, grèves des ouvriers à Saint-Pétersbourg et aussi plus important pour cette histoire la faillite de la banque Bergstein, celle ou Eugen Bischoff avait toute sa fortune, ce cauchemar tragique comme le dit ce narrateur encore inconnu se déroula pas plus de cinq jours, du 26 septembre au 30 septembre.
Ce récit au style direct, où le Baron exprime les faits, ses émotions, ses humeurs, ses interprétations, tout se déroule par son seul point de vue.Ce narrateur, le Baron von Yosh, violoniste, lors d'un récital chez un acteur connu, remplaçant un des musiciens, jalouse sans le vouloir un invité, un jeune ingénieur, Waldemar Solgrub, de la complicité naissante avec Dina, la pianiste, celle qui fut sa fiancée maintenant marié avec le maitre de maison Eugen Bischoff, Félix le frère de Dina est présent, et le Docteur Goshi, le violoncelliste complète ce tableau mouvant, ce petit concert privé ondule ce deuxième mouvement du trio en si majeur, bouleversant notre narrateur, épris de ces notes l'emprisonnant dans une forme d'amour passionné.
Le jardinier est le spectre de la mort, celle avec sa faucille, sous le regard sombre du Baron sous l'emprise de ses démons et ses humeurs destructrices, face à l'annonce de la mort d'Eugen, prit par une lassitude, il est terrifié, tombant dans un vertige de noirceur, se noyant d'un spleen Baudelairien. La valse bleue rythme la vie et la mort, ce Souvenir de Moscou comme le son d'un harmonica sont le requiem lugubre d'une atmosphère de mort véhiculant le crâne du Baron. Il n'oublie pas de faire jaillir en lui comme une explosion inattendue des scènes de Dina amoureuse, aimante et de son chien mort Zamor. le Baron est en prise avec sa conscience fluctuante, le doute, cet ectoplasme froid habille son âme, la fuite prend source dans la peur, cette sensation indescriptible aspire notre vagabond dans une errance irrationnelle, partir de Vienne, retrouver la Bohême, dans la région de Chrudim, un domaine hérité d'un de ses cousin maternel, sentir la forêt où il chassait le cerf lors de son enfance. Mais l'ingénieur tel un détective, désire dans son étrangeté, trouver le meurtrier du suicide d'Eugen, le mari de Dina, tout laisse à croire sans ambiguïté à un suicide, l'effroi domine, tous sont dans l'expectative.
Léo Perutz avec beaucoup d'ingénuité sème le trouble, avec l'amalgame d'un suicide, d'un meurtre et des forces surnaturelles noires, cette trinité thématique entourant la mort de cet acteur Eugen. Félix, jeune frère de Dina accuse sans légèreté le Baron de ce meurtre de sa jalousie maladive de son amour pour Dina. L'ingénieur pour sa part, pense qu'il y a une similitude avec la petite histoire racontée par le défunt Eugen, le suicide des deux juments, une intrigue dans l'intrigue, comme un écho à cette mort, une force du mal assène son poison, cet ingénieur pense à un meurtrier tapis dans l'ombre, élabore toute une théorie aux confins du fantastique, et le suicide tout naturellement.
Le trio, le Docteur Goshi, l'ingénieur et le Baron enquête sur la mort de l'acteur Eugen pour suivre l'idée le Maitre du Jugement dernier, dernière phrase prononcée par Eugen. Ce titre le Maitre du Jugement dernier est une énigme épineuse d'un récit fantastique au précipice du surnaturel, avec un soupçon de réalité glacial comme les souvenirs de guerre de chacun, l'ingénieur et la guerre russo-japonaise à Munho, ce cauchemar vivant, d'avoir tué plus de cinq cents soldats électrifiés par une de ses armes, de garnison à Prijepolje avec un officier dans immeuble.
Petit à petit ce récit entre dans une forme d'enquête surnaturelle, le Baron semble perdre petit à petit la notion de la réalité, basculant dans les dédales du surnaturelle. Toute cette petite histoire s'évapore dans le cercle fermé des humeurs du Baron, recevant une lettre de menace, se met en quête de faire une enquête, va demander de l'aide au commissaire Hufnagl sur le petit incident survenu par Eugen avec le taxi , l'endroit , ce lieu, pour découvrir un officier dans l'immeuble ou s'est rendu Eugen, parle de guerre, garnison à Prijepolje, recherche un homme d'origine Italienne, théorie de l'ingénieur, rend visite à un usurier juif Albachary, rencontre l'ingénieur qui lui aussi fait son enquête dans les mêmes endroits, rencontre le cousin, le jeune Karasek de mademoiselle Poldi, et ce cousin raconte un peu , comment sa cousine à reçu par un inconnu un livre « Vitolo-Mangold »une encyclopédie de la langue italienne, en enquêtant, il découvre qui est le Maitre du Jugement dernier, Giovanssimone Chigi, un maitre célèbre élève de Piero di Cosimo. L'ingénieur est mort d'une crise cardiaque en décidant de poursuivre ses recherches et ses expériences sur le Maitre du Jugement dernier, le docteur prévient le Baron et Félix, puis s'en suit l'histoire de Giovanssimone , cette fable entre messire Salimbeni et ce Maire surnommé « la Méchanceté » et selon un rituel maléfique d'un boisson , le maitre fut saisit par les démons de l'enfer, la folie s'empara de lui pour le rendre solitaire et enragé par le fantôme du Maitre du Jugement dernier dans ses toiles , le manuscrit s'arrête sans donner la formule prise par la Maitre devenu fou. Mais celle-ci fut découpée avec un presse-papier par l'ingénieur. Ce trio, le docteur, Félix et le Baron auraient aimé tester cette drogue pour comprendre, le Baron pris conscience comme un éclair de lucidité de pouvoir trouver de la drogue celle utilisé par Eugen, dans la pipe posé sur la table. le baron fuit puis teste la drogue restée dans la pipe, et part dans un délire indescriptible pour finir par vouloir finir à ses jours, sauvé par le Docteur, puis rencontre Dina pour sentir sa main lui échapper dans l'obscurité de la nuit. Cette fabuleuse intrigue échappe au lecteur comme aime le faire l'auteur, Léo Perutz par la note de l'éditeur déstabilise encore plus la fin psychologique de ce roman, une pépite incroyable cette prose si enivrante et reposante.
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Ce qui me surprend toujours lorsque j'ai fini un ouvrage de Leo Perutz, est le peu de succès que rencontre ce grand écrivain de langue allemande ,né à Prague ; comme si la notoriété de son illustre contemporain, Kafka le maintenait à l'ombre.

Leurs univers se ressemblent un peu mais je dirais que l'approche chez Leo Perutz est plus simple et moins sombre .

Le Maître du Jugement dernier, écrit en 1923 est un roman manipulateur .

Vienne 1909, Vienne la tourbillonnante avant la chute de l'Empire austro-hongrois , Vienne patrie de Freud ...

Une soirée entre amis à jouer de la musique, deux coups de feu et un mort, une pipe retrouvée dans la pièce avec le cadavre et notre personnage principal , le Comte von Yosch est accusé du meurtre, on se croirait dans un roman à la Conan Doyle.

L'affaire semble claire mais Perutz nous entraîne imperceptiblement vers un autre monde où les frontières avec le mensonge, le rêve ou la folie sont ténues et le lecteur se laisse glisser dans cette quête haletante du Maître du Jugement dernier.

On pourrait presque apercevoir Indiana Jones à la recherche d'un vieux grimoire et on se retrouve dans un atelier de peintre italien De La Renaissance avec peut-être la clé de l'énigme ...

Encore un excellent roman de cet écrivain, alors n'hésitez plus !
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Nous sommes à Vienne un soir de 1909 et la maisonnée de l'acteur renommé Eugène Bischoff est en ébullition. En effet, le maître de maison vient de se brûler la cervelle après un dîner bien arrosé en compagnie de quelques amis intimes. Certes, les raisons ne manquaient pas à Bischoff d'en finir avec la vie – une carrière sur le déclin, une ruine probable et des doutes sur la fidélité de sa splendide épouse – mais un doute persiste. le Baron Yosh, ancien amant de la séduisante Mme Bischoff, aurait-il poussé l'époux au suicide comme le pensent certains de ses invités ? Ou faut-il chercher la cause de sa mort ailleurs, dans des forces maléfiques soumises à un assassin rusé et vicieux, dissimulé quelque part dans Vienne ? Menée par l'ingénieur Solgrub, une chasse au monstre est lancée… Des années plus tard, le Baron Yosh nous conte ces quelques journées qui ont marqué sa vie et fait basculer à tout jamais son existence.

Récit policier lorgnant vers le fantastique, « le Maître du Jugement dernier » fascine surtout par l'ambiguïté qui entoure son narrateur. Personnage assez peu sympathique, décrit par beaucoup comme violent, brutal et volontiers capable d'un meurtre, ses dires ne vont pas s'en élever quelque suspicion chez le lecteur. Tortueux, sinueux, le récit prend un malin plaisir à nous égarer et nous abandonne encore plus confus et déstabilisé qu'à l'orée de notre lecture. Les deux thèses, celle réaliste et celle fantastique, sont menées de front avec habilité, même si la narration finit par trancher en faveur d'une des deux – mais faut-il vraiment s'y fier ? le dénouement, très bien amené, fonctionne dans les deux cas et la révélation de l'identité du « Maître du jugement dernier » est une découverte que j'aurais scrupule à révéler aux futurs lecteurs. Sans faire partie de mes romans préférés de Léo Perutz, un bon cru tout de même !
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Nous sommes tous des créatures ratées par le grand songe du créateur. Nous portons en nous un ennemi terrible dont nous ne soupçonnons pas l'existence. Il ne bouge pas, il dort, il semble mort en nous. Oh, malheur, quand il se réveille à la vie! Qu'aucun oeil humain ne revoie la couleur rouge, stridente comme l'éclat d'une trompette! Je l'ai vue, moi; Que Dieu me vienne en aide, car je l'ai vue...
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Valse bleue ! Un air de valse banal, voilà ce qui rythme la vie et la mort : nous arrivons et puis nous repartons. Ce qui nous bouleverse et nous terrasse se transforme en un sourire ironique sur le visage de l'esprit de l'univers pour lequel la souffrance et la mort de la créature ne sont rien d'autre qu'un phénomène qui se répète depuis la nuit des temps, à chaque heure du jour, et pour l'éternité.
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Là-bas, dans le pavillon, un homme gisait sur le sol, un homme qui n'était plus mon pareil, qui appartenait à un autre monde - un être étranger et incompréhensible.

Mais où était ce frisson que nous inspirent la noblesse, le tragique, l'inconcevable et l'immuable ?... Un air de valse banal, voilà ce qui rythme la vie et la mort : nous arrivons et puis nous repartons. Ce qui nous bouleverse et nous terrasse se transforme en un sourire ironique sur le visage de l'esprit de l'univers pour lequel la souffrance et la mort de la créature ne sont rien d'autre qu'un phénomène qui se répète depuis la nuit des temps, à chaque heure du jour, et pour l'éternité.
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Vous connaissez la peur? s'écria le docteur Gorski. Vous affirmez que vous connaissez la peur, baron? Peut-être depuis aujourd'hui. Mais ce que vous avez vécu jusque-là comme de la peur n'était que le pâle reflet d'un sentiment qui a disparu en nous depuis des millénaires. La véritable peur, la peur vraie - celle qui s'emparait de l'homme préhistorique quand il quittait la lueur de son feu pour l'obscurité, quand la foudre tombait des nuages, quand le cri des sauriens montait des marécages -, aucun homme vivant ne connaît la terreur ancestrale de l'homme préhistorique dans sa solitude et son abandon, personne ne serait capable de la supporter. Mais le nerf qui est à même de la provoquer en nous n'est pas mort, lui ; il vit, il est peut-être plongé dans une sorte d'anesthésie depuis plusieurs milliers d'années, il ne réagit pas, ne bronche pas, mais nous portons un terrible dormeur dans notre cerveau!
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Nous sommes tous des créatures ratées, des échecs de la grande volonté du Créateur. Nous portons en nous sans le savoir un ennemi formidable. Il ne bouge pas, il dort, il a l'air mort. Gare s'il se réveille ! Pourvu qu'un humain ne revoie jamais plus ce rouge strident que j'ai vu ! Oui, Dieu me vienne en aide, je l'ai vu.
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