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Critique de Madame_lit


Chère lectrice, Cher lecteur,

En juin, au Québec, il y a un mouvement pour mettre à l'honneur la littérature autochtone. Pour découvrir davantage ce phénomène littéraire, vous pouvez suivre le #jelisautochtone. Comme en août dernier j'avais proposé pour la journée du #12août une liste de romans autochtones pour votre achat, de mon côté, j'avais choisi de me procurer L'amant du lac de Virginia Pésémapéo Bordeleau. Pourquoi? Ce livre est selon la quatrième de couverture : « […] le premier roman érotique écrit par une auteure amérindienne du Québec». Ma curiosité a été piquée par cette affirmation. Virginia Pésémapéo Bordeleau est une métisse crie et elle vit en Abitibi.

Que raconte L'amant du lac?

Tout d'abord, ce roman s'avère avant tout une histoire d'amour entre une Algonquine, Wabougouni et un trappeur métis, Gabriel. Alors que Wabougouni est mariée et que Gabriel est presque fiancé à une Blanche, se déclare entre les deux une histoire passionnée. Leur amour est marqué par la chair, par l'eau, par la terre. Tout autour d'eux participe à leur fusion même les autres femmes du clan vivant au bord du lac Appittibbi à l'époque de la Deuxième Guerre mondiale. Gabriel quitte Wabougouni pour rejoindre sa vie, mais pourra-t-il oublier sa belle?

Ce que j'en pense

Dans ce livre, j'ai retrouvé des thèmes comme le monde en changement, la tradition, l'exploitation de la nature, l'animisme, les pensionnats autochtones. Comme il est mentionné :

«Les Autochtones chrétiens étaient rigides, ils avaient rejeté ou oublié l'ouverture de coeur de la tradition naturelle, teintée d'animisme et de respect envers toute vie». (p. 43)
Ce livre m'apparaît surtout comme une ré-appropriation des corps par le biais des mots. Comme si les mots avaient été emmurés et qu'il fallait revenir à un signifié marqué par la chair, la jouissance, l'amour pour oublier les abominations, les humiliations que les Blancs, les prêtres, les missionnaires, ont fait subir aux peuples autochtones. le droit à l'amour libre non enchaîné, non relié à la haine, est possible. Il faut s'éloigner de ce que les Autochtones ont dû subir à cause de la religion catholique pour revenir à la beauté des corps, à l'essence de la vie.

D'ailleurs, dans le prologue, l'autrice relève :

«Ce roman existe, je le souhaite, afin de déterrer la graine de la joie enfouie dans notre culture, profondément vivante, échappée du brasier de l'anéantissement annoncé par la Loi sur les Indiens, mise en oeuvre par les Oblats de Marie-Immaculée. L'amant du lac nous apprend que nous ne sommes pas que souffrance, que victimes : nous pouvons être aussi, exultation des corps, du coeur. Amours » (p. 10)
En ce sens, je trouve ce roman très beau, très poétique, car il libère un chant profond, celui de la sensualité. Livre érotique? Oui, mais le lecteur est très loin des Cinquante nuances de Grey ou d'Histoire d'O. On est à des années lumière du masochisme ou de la domination. C'est une célébration du corps et de l'esprit qui est présentée.

Mais encore, ce livre contient de très belles esquisses de l'autrice et des poèmes car Virginia Pésémapéo Bordeleau est également une artiste peintre et une poétesse.

Devez-vous lire ce roman?

Si vous avez envie de découvrir le talent d'une autrice et de vous laisser envahir par une belle histoire d'amour, n'hésitez par à découvrir la plume de la petite-fille de notre célèbre «Émilie Bordeleau». Il est parfois des histoires nécessaires pour redécouvrir la beauté de toute chose.

C'était ma participation à Juin, je lis autochtone.
madamelit.ca/2021/06/18/madame-lit-lamant-du-lac-de-virginia-pesemapeo-bordeleau/
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