Paul Ier, empereur de Russie, ou Le 7 novembre : Faits et anecdotes

Un scribe du gouvernement qui devait recopier l'ordre du jour ... s'embrouilla au point que, en écrivant la phrase "praportchikij" (quant aux enseignes tel et tel, ils sont promus sous-lieutenants), il coupa le premier mot en deux et commença la ligne suivante par un Kij incongru que, de surcroît, il affubla d'une majuscule. En parcourant l'ordre du jour, Sa majesté prit ce mot, qui commençait par une lettre capitale et était suivi de deux noms propres, pour un nom de famille et inscrivit aussitôt : "Le sous-lieutenant Kij est promu lieutenant." Le lendemain, le lieutenant Kij devint capitaine en second, et le surlendemain, en signant l'ordre du jour, l'Empereur ajouta en face de son nom : "Promu capitaine". Ainsi fut fait. On n'eut pas le temps de cligner de l'oeil ni d'ouvrir la bouche que Kij fut promu colonel, avec la mention : "Qu'on le fasse venir sur-le-champ !" Ce fut le branle-bas : où était donc ce Kij ? Apparemment, dans le régiment d'Azovski - ou bien d'Apchérovski ? -, quelque part du coté du Don, à ce qu'on disait. Un courrier fut dépêché pour le ramener toutes affaires cessantes. (...)

Un jour, au printemps, après son dîner, qui était à une heure de l'après-midi, il se promenait à l'Ermitage et s'arrêta sur un des balcons qui donnent sur le quai. Il entendit sonner une cloche, qui n'était pas celle d'une église, et, après avoir fait prendre des informations, on lui dit que c'était la cloche du dîner de la baronne Stroganov, qui demeurait tout près de l'Ermitage. L'Empereur se mit fort en colère de ce que la baronne Stroganov ne dînait qu'à trois heures et envoya sur-le-champ un officier de police avec un ordre qui lui enjoignait de dîner dorénavant à une heure.... (Golovina, 241). A présent, la société pétersbourgeoise passe le gros de son temps à se moquer du monarque. (Kotzebue, 319).

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