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EAN : 9782847051599
64 pages
Espaces 34 (08/03/2018)
4.25/5   4 notes
Résumé :
[Pièce de théâtre]
Dans les coulisses d'un théâtre où se donne un drame historique sur la seconde guerre mondiale, des comédiens discutent. Certains jouent le rôle de nazis, d'autres celui de déportés. Ce sont des hommes liés par la fraternité de la scène, ils rient, s'adressent des plaisanteries, gèrent leur stress. S'ils donnent l'impression d'être soudés, il ne faut pas négliger qu'ils puissent taire leurs pensées les plus profondes, afficher une désinvolt... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Merci aux éditions espace 34 et à Babelio pour cette pièce reçue à l'occasion de la dernière masse critique !
Pas sûr que je serai allée vers cette oeuvre spontanément, mais le sujet et le traitement "théâtre" m'intéressait.

Au centre de cette pièce une question passionnante : l'habit fait-il le moine ? L'uniforme nazi est-il susceptible de déteindre sur l'acteur qui le porte ?
La séparation insidieuse qui s'installe entre les acteurs "jouant" les soldats nazis et ceux qui incarnent les déportés est intéressante.
D'autant que l'auteur l'entrecoupe de réflexions sur la mémoire et la transmission (ou non) du vécu familial de cette période.

On sent bien qu'Eric Pessan est familier du milieu. Son expérience apporte un côté réaliste bienvenu.
Mais je pense qu'il aurait pu aller un peu plus loin, notamment dans les ressentis des "prisonniers" et dans les tentions entre les deux groupes.
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De si beaux uniformes est une pièce de théâtre qui explore l'origine de l'intolérance et les racines de la violence.

Elle montre comment des petites blagues, des remarques insidieuses ou des comportements déplacés banalisent peu à peu les stéréotypes, le mépris et les pensées racistes pour conduire au harcèlement, à la violence et à la haine.

La pièce s'apparente presque à un récit : une troupe se prépare à jouer une pièce de théâtre. Certains acteurs portent des uniformes de soldats allemands, d'autres des uniformes de prisonniers. Rapidement surgissent des remarques semblant inconséquentes, des plaisanteries sur la période, sur le port de l'uniforme. Des petites phrases qui commencent par « on a beau dire... ». Des blagues sur les juifs. Certains acteurs se lâchent. Puis une forme de ségrégation s'installe. Les soldats prennent l'ascendant sur les prisonniers. Soudain, un prisonnier tache le costume d'un soldat avant d'entrer en scène….

La pièce est une succession d'échanges entre les membres de la troupe sans qu'on sache qui s'exprime. Personne n'est identifié. C'est le groupe qui parle. Cette construction montre avec encore plus de force comment des idées nauséabondes peuvent se diffuser et des fossés se creuser sans que quiconque ne s'en rende vraiment compte.

Pèce remarquablement bien écrite, à méditer et qui rappelle qu'aucune parole n'est banale et anodine.
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Une troupe de théâtre jouant une pièce sur le nazisme. D'un côté, les beaux uniformes des nazis et de l'autre, les pyjamas des prisonniers. le fait de revêtir ces beaux uniformes donnent à ses acteurs une certaine importance : ils se redressent et deviennent petit à petit ceux qui écrasent les autres. Ils n'hésitent pas à faire des blagues idiotes sur les Juifs. Quant aux prisonniers, ils baissent la tête.
Un habit change donc la personnalité de celui qui le porte.
La pièce est très courte. Pas de personnages précis, sauf des nazis et des prisonniers. Pas de tirets.
Et entre les scènes, des réflexions personnelles sur le vécu familial de chacun pendant cette période atroce et inhumaine.
Merci à Babelio pour cette masse critique.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
On sait.
Il s'en trouve pour nier, pour douter. Il s'en trouve pour dire que le World Trade Center n'a pas été percuté par des avions, que l'on n'est jamais allé sur la lune ou que les extraterrestres ont construit les pyramides d'Égypte. Ceux-là, je ne veux pas y penser. En vérité, on sait. Mais ce que l'on ressent ? La part d'émotion contenue dans le savoir ? C'est où en nous ?
Dans la tête ?
Dans le cœur ?
Dans le ventre ?

Ma grand-mère m'a dit que mon grand-père et deux de ses cousins ont été pris et que c'était injuste parce qu'ils ne pratiquaient pas. Ils n'étaient même pas croyants.

J'ai demandé s'il aurait été juste qu'ils soient pris s'ils avaient été pratiquants. Elle m'a ordonné de me taire et de ne plus jamais parler de ça.

Le passé, disent les vieux, à table, c'est très bien de le laisser où il est.
Je crois qu'on sait trop de choses et que l'on n'en ressent pas assez.
Écoute. Écoutez. Un mort. Dix morts. Cent morts. Mille morts. Dix mille morts. Cent mille morts. Un million de morts. Six millions. Comment on fait pour comprendre ces chiffres? Comment on peut écouter ce qu'ils nous disent?
Si un chiffre reste un chiffre, on est foutu. Il faudrait apprendre un nom, dix noms, mille noms, un million de noms, six millions peut-être. Il faudrait con naitre six millions de visages. Et encore, ça ne dirait rien. (p.36-37)
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L'uniforme quand même.
On a beau dire.
Ça change un homme.
Ils ont beau avoir commis des horreurs, ils savaient s'habiller.
Tu as vu la coupe ?
Tiens-toi droit.
Voilà, tu es splendide.

Ils sont d'époque ?
C'est un costumier qui les a faits d'après les vrais ?
Un tailleur juif ?
T'es con.
Non, ils sont d'époque.
Il en reste tellement.
Ça coûte plus cher d'en refaire que d'acheter des vrais.
Ils ont été ajustés à nos mensurations.

Des vrais ?
Quelle horreur.
Mais ils sont vraiment magnifiques.
Regarde.
Regarde quand je marche.
Rentre le ventre.
Redresse la tête.
Mets la casquette.
Voilà.
On y croit. (p.11)
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Je crois qu'on sait trop de choses et que l'on n'en ressent pas assez.
Ecoute. Ecoutez. Un mort. Dix morts. Cent morts. Mille morts. Dix mille morts. Cent mille morts. Un million de morts. Six millions. Comment on fait pour comprendre ces chiffres ? Comment on peut écouter ce qu'ils nous disent ?
Si un chiffre reste un chiffre, on est foutu.
Il faudrait apprendre un nom, dix noms, mille noms, un million de noms, six millions peut-être. Il faudrait connaître six millions de visages. Et encore, ça ne dirait rien.
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Videos de Éric Pessan (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Éric Pessan
Le jeudi 25 mai 2023, les éditions Aux forges de Vulcain, représentée par David Meulemans, ont présenté aux libraires les deux romans qu'elles publient à la rentrée littéraire 2023 : MA TEMPÊTE d'Eric Pessan et AVANT LA FORÊT de Julia Colin. Ces deux romans sortent le vendredi 25 août 2023. Cette présentation est destinée à des professionnels du livre, qui doivent, au sein d'une rentrée littéraire de quatre cent titres, se répartir des lectures, et les faire pendant l'été, pour pouvoir à la rentrée conseiller des romans aux lectrices et lecteurs. Par manque de temps, l'exercice n'a pas été préparé. Nous sommes donc loin d'un standup à l'américaine, millimétré. Mais c'est cette raison même qui nous fait aimer cette vidéo : David commence sa présentation, et là, cela prend un tour inattendu car la diffusion avait prévu une surprise, une explosion de cotillons, pour fêter le succès du roman de Gilles Marchand, LE SOLDAT DESACCORDE. La "diffusion" ? La diffusion, c'est ainsi que l'on nomme dans le monde du livre les personnes qui font le lien entre les maisons d'édition et les libraires. Bien sûr, une maison d'édition a des liens directs avec les libraires. Mais la diffusion met au service des livres publiés toute une armée de personnes qui permettent d'apporter, à toutes les librairies francophones, de Paris à Santiago, les informations requises sur les nouveautés. Sans la diffusion, il n'est guère possible de donner à un livre l'écho qu'il mérite. Merci aux diffuseurs et à leurs représentantes et représentants !
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