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EAN : 9782226215192
192 pages
Albin Michel (18/08/2010)
3.44/5   50 notes
Résumé :
Une nuit, un train se retrouve bloqué en rase campagne. Un passager lie connaissance avec sa voisine. Il lui parle d’enfance, de solitude, de son existence ténébreuse à laquelle il n’oppose plus aucune révolte. Pendant cette interminable attente, un lien se tisse entre eux. Jusqu’à ce que le train reparte...Un texte exigeant, d’une simplicité épurée, où le romancier et dramaturge Éric Pessan interroge de son écriture fluide notre rapport au monde et à l’altérité.
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Ce n'est pas le 1er livre d'Eric Pessan que je lis, mais les livres précédents étaient à destination des adolescents.
Ici, Incident de personne est un livre pour adulte. Je le qualifierai de plus noir, plus pessimiste, limite démoralisant.
Il y est question de suicide, de guerre, de surendettement. Il n'y a pas vraiment d'histoire à proprement parlé, pas de début, pas de fin, juste un épisode inattendu dans la vie du narrateur qui s'épanche auprès de sa voisine de voyage lors d'un arrêt non prévu lors d'un voyage en train.
Personnellement, je n'ai pas accroché à cette histoire mais contente d'avoir découvert un autre aspect de l'écriture d'Eric Pessan.
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J'ai découvert Eric Pessan dans une émission récente du Masque et la Plume sur France Inter, où son dernier roman "La nuit du second tour" était au programme. Même si les critiques n'étaient pas unanimes, le sujet du livre m'avait suffisamment intrigué pour me donner envie de le lire. Comme j'aime découvrir l'oeuvre d'un auteur dans l'ordre d'écriture, j'ai fureté parmi sa bibliographie, et le résumé de ce roman intitulé "Incident de personne" m'a plu.

Une nuit, un train se retrouve bloqué en rase campagne. Un passager lie connaissance avec sa voisine. Il lui parle d'enfance, de solitude, de son existence ténébreuse à laquelle il n'oppose plus aucune révolte. Pendant cette interminable attente, un lien se tisse entre eux. Jusqu'à ce que le train reparte ...


Le narrateur est un homme solitaire, malheureux, peut-être même dépressif. Il revient d'un séjour de deux mois à l'étranger, un séjour qu'on devine être une ultime tentative pour résoudre les problèmes qui le rongent. le train qui le ramène à Nantes, où il vit, s'arrête plusieurs heures après un "incident de personne", ce fameux euphémisme utilisé par la SNCF pour désigner un suicide sur la voie. Ces longues heures d'attente donnent l'occasion au narrateur de discuter avec la femme installée à côté de lui dans le train. Il lui raconte son séjour récent à Chypre, mais aussi les ateliers d'écriture qu'il anime depuis plusieurs années.

Ce roman est assez court, c'est sans doute préférable car le sujet ne se prête pas à un long récit. Ici, on assiste finalement à un quasi-monologue du narrateur. Il nous parle de la mort, de la guerre, du suicide, mais aussi beaucoup d'écriture. Il exprime à plusieurs reprises que les ateliers d'écriture sont pour lui à la fois une source de rencontres intéressantes et de souffrances insupportables. A travers leurs textes, les personnes qu'il encourage à écrire déversent leurs secrets, souvent douloureux, qu'il ne peut s'empêcher d'absorber comme une éponge. C'est sans doute ce que j'ai préféré dans ce livre : cette réflexion sur l'écriture comme moyen d'expression de la douleur et du mal-être, comme instrument de libération, m'a beaucoup plu.

Pour autant, ce roman m'a laissé un goût d'inachevé. J'ai aimé certains passages, mais l'ensemble m'a semblé inconstant, sans liant. le fil des propos que tient le narrateur à sa voisine de train se suit sans déplaisir, mais aussi sans véritable passion. En refermant ce livre, j'ai eu du mal à savoir s'il m'avait plu. Je crois que j'ai aussi du mal à saisir quel est le propos exact de l'auteur dans ce roman. C'est une lecture que j'ai envie de qualifier d'agréable, de sympathique, mais qui ne me restera sans doute pas dans ma mémoire très longtemps. J'espère avoir plus de chance d'être passionné ou enchanté par "La nuit du second tour" du même auteur, que je vais désormais lire.
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Sombre, bien sombre ce nouveau roman d'Eric Pessan. Son personnage est fatigué, nerveusement, physiquement. C'est un "passager bavard, dépressif, vaguement inquiétant, celui [...] qui vous racontera sa vie, ses malheurs, ses problèmes, vous montrera ses varices et vous détaillera ses flatulences. Et -comble du malheur- votre train est coincé pour des heures." (p.155) Il se raconte à cette femme inconnue, lui qui ne dit jamais rien. Cet "incident de personne" déclenche en lui quelque stimulus le faisant se confier. Il rentre de Nicosie, en Chypre, où il a animé un atelier d'écriture. Là-bas, l'homme qui l'a accueilli, qu'il ne connaissait pas à procédé d'une façon similaire, lui racontant un épisode douloureux de sa vie et se suicidant ensuite. Alors, si le narrateur n'en est pas au suicide à proprement parler, peut-être peut-on parler de "suicide social", lui qui s'isole totalement des siens, de ses amis, des autres en général, au point de perdre également logement et travail.

Eric Pessan construit son roman comme des allers-retours entre le wagon, où les gens s'impatientent, s'énervent, et les histoires glanées lors des ateliers d'écriture que l'homme raconte à sa voisine. le lien entre toutes ces anecdotes étant lui, l'animateur, le confident, l'avaleur, l'éponge qui les aborbe toutes et ne peut les ressortir, sauf dans ce train. Là où certains pourraient voir une suite illogique et sans but de récits plus ou moins intéressants, je vois un homme qui ne vit que par les autres, qui n'a aucune existence propre que celle de permettre aux gens qu'il accompagne de sortir leurs malheurs. "Pour ma part, je suis sans histoire, je n'ai rien à dire de moi, je n'existerai plus à la descente de ce train [...], vous vous souviendrez vaguement qu'un type bizarre voyageait à vos côtés, un type sans histoire, cousu de récits de vies qui ne sont pas les siennes. Un type qui a accepté de ne pas avoir d'histoire pour se rendre disponible à celle des autres." (p.182)

Ce n'est pas un texte facile, qui ne fait pas dans la gaudriole, mais Eric Pessan sait nous accrocher avec sa langue simple et directe. le portrait d'un homme en plein questionnement à l'aube de la quarantaine, en questionnement sur lui-même, sur les autres et sur la vie en général. La vie, la mort, les souffrances, les malheurs, l'amour.
Un livre intelligent, par un auteur que j'aime beaucoup, qui nous pousse à la réflexion et qui ne peut laisser indifférent !
Lien : http://lyvres.over-blog.com/..
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Un homme, animateur d'ateliers d'écriture a été depuis des années le récipiendaire du drame de la vie des participants, viols, incestes, violences familiales. Il revient chez lui en train, ayant passé deux mois à Chypre à animer un atelier et dépenser ensuite tout ce qui lui restait. Il déborde de ce trop plein d'histoires, il est surendetté, lassé de tout et épuisé après deux jours de voyage sans sommeil.

Le TGV qui le ramène vers son appartement fait un arrêt brutal suite à un incident de personne, un suicide sur la voie. le récit démarre lorsque le train s'arrête. Alors, cet homme effacé derrière les histoires des autres, lui qui a toujours été silencieux, va vider progressivement ce trop-plein des histoires reçues à la passagère inconnue assise à côté de lui.

« Je me suis ennuyé à Nicosie. le temps si long. Beaucoup, voyez-vous, se plaignent d'être tués par le temps, par son passage trop rapide, Toutes blessent, l'ultime tue, vous connaissez la phrase écrite sur les cadrans solaires romains. J'ai découvert que l'immobilité du temps est bien plus redoutable que son mouvement. Je découvre des banalités, le moindre détenu en sait plus long que moi là-dessus, je ne l'avais pas compris lorsque j'avais animé des ateliers en maison d'arrêt. Alors, je refaisais, quatre minutes, le tour du quartier. »

La passagère est heureusement attirante car le reste est très sombre.

« Incident de personne » est un beau roman, très sobre, dans cette parenthèse particulière du voyage en train, ici pour un voyage presque immobile à l'intérieur d'un homme vide.
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L'homme qui parle (et parfois on n'est pas certain qu'il parle, il peut penser parler) à cette voisine inconnue dans le train (et qui justement rentre dans des détails sur la peau, l'écharpe glissant dans le décolleté qu'il ne peut vraisemblablement pas formuler, mais qui à d'autres moments suscite une question, une demande de précision, laissant croire à deux niveaux indistincts sur la page : ce qui est verbalisé, ce qui est sous-jacent) est désespéré, en fait assez résigné ou satisfait d'être comme prévu en situation d'être désespérer, parce qu'il rentre seul (incapable qu'il est d'une relation durable) pour affronter le surendettement qu'ont connu avant lui, sans qu'il intervienne, ses parents. Un côté artificiel ou plutôt un dispositif, comme le serait une convention théâtrale, et cela s'ouvre : sa vie, le suicide dehors qui bloque le train, et le suicide de celui qui, à Chypre, lui a confié l'histoire d'une mort, d'une guerre, et puis tout le poids de ce qui est sorti, entraîné par les mots, des participants de ses ateliers d'écriture. Une vision assez terrible parce que sans illusion de la nature humaine, et une façon quasi tendre de regarder, de porter, de transmettre enfin.
Un peu gênée au début pour m'installer dans ce vrai-faux monologue, comme on est gêné avant de trouver la position qui convient à son corps dans le fauteuil d'un TGV, j'ai aimé le style, et beaucoup de ce qui est brassé là de détails de la vie. Bon, j'espère aussi, sincèrement, qu'il n'est pas toujours aussi lourd d'animer des ateliers.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Pourtant je regorge de préjugés; auriez-vous - sitôt installée dans votre fauteuil - commencé à lire un roman que je vous aurais trouvée bien plus attirante. Je suis comme cela: je voue un culte fétichiste à la littérature. Je me penche dans les transports en commun pour savoir ce que les passagers lisent. Je me dirige systématiquement vers la bibliothèque si je suis invité chez quelqu'un, scrutant les titres et les auteurs avec curiosité et gourmandise. Je lis les journaux en commençant par les pages littéraires.
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Je rentre après une fuite folle, j'ai voulu disparaitre, j'aimais cette idée : l'absence brusque, la ramification des destins possibles. Seulement, j'ai échoué à m'estomper. Je reviens. Si la fuite est un mystère excitant, le retour est un échec pathétique. Je rentre pour retrouver je ne sais quoi.
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C'est une chose que je ne peux pas envisager : que l'on puisse prendre place dans un train pour un trajet de deux heures sans prévoir de lecture.
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Vous avez posé une question sur le suicide, une question si violente que je ne peux m'empêcher de m'interroger à mon tour : mourir, avez-vous déjà songé à mourir? Vous donner la mort volontairement. Vous allonger sur la voie et attendre sans bouger la venue du train, figer chaque muscle au moment où tremble le rail, au moment où le bruit devient assourdissant, fermer les yeux et dominer les instincts qui voudraient vous forcer à vous relever, à rouler sur le bas-côté, à préserver votre vie précieuse.
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Je déborde de toute cette misère : ces éclats de vie, ces phrases mal foutues souvent, magnifiques parfois, pour dire que l'on a des mots-rasoirs en soi et que l'on a peur de les manipuler par crainte de s'y trancher les veines.
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Vidéo de Éric Pessan
Le jeudi 25 mai 2023, les éditions Aux forges de Vulcain, représentée par David Meulemans, ont présenté aux libraires les deux romans qu'elles publient à la rentrée littéraire 2023 : MA TEMPÊTE d'Eric Pessan et AVANT LA FORÊT de Julia Colin. Ces deux romans sortent le vendredi 25 août 2023. Cette présentation est destinée à des professionnels du livre, qui doivent, au sein d'une rentrée littéraire de quatre cent titres, se répartir des lectures, et les faire pendant l'été, pour pouvoir à la rentrée conseiller des romans aux lectrices et lecteurs. Par manque de temps, l'exercice n'a pas été préparé. Nous sommes donc loin d'un standup à l'américaine, millimétré. Mais c'est cette raison même qui nous fait aimer cette vidéo : David commence sa présentation, et là, cela prend un tour inattendu car la diffusion avait prévu une surprise, une explosion de cotillons, pour fêter le succès du roman de Gilles Marchand, LE SOLDAT DESACCORDE. La "diffusion" ? La diffusion, c'est ainsi que l'on nomme dans le monde du livre les personnes qui font le lien entre les maisons d'édition et les libraires. Bien sûr, une maison d'édition a des liens directs avec les libraires. Mais la diffusion met au service des livres publiés toute une armée de personnes qui permettent d'apporter, à toutes les librairies francophones, de Paris à Santiago, les informations requises sur les nouveautés. Sans la diffusion, il n'est guère possible de donner à un livre l'écho qu'il mérite. Merci aux diffuseurs et à leurs représentantes et représentants !
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