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Patrick Quillier (Traducteur)
EAN : 9782267016031
378 pages
Christian Bourgois Editeur (01/10/2001)
4.58/5   13 notes
Résumé :

Nouvelle édition, nouvelle traduction intégrale « Poésie en lutte profonde avec "la poésie" comme mensonge sublimé de l'expérience humaine, acceptation de la prose et surtout du "prosaïsme" comme plus poétique que ladite "poésie", les poèmes de Campos représentent ce qu'il y a de plus moderne et de plus créateur dans l' l'oeuvre de Pessoa. Sa poésie est la seule qui porte la marque ind... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique


L'ingénieur maritime Alvaro de Campos se manifeste comme poète avec l'Ode triomphale : "A la lumière douloureuse des grandes lampes électriques de l'usine, j'ai la fièvre et j'écris."
Il chante les usines, les machines, la vie agitée des villes, les foules citadines.

"Eh là, les rues ! Eh là, les places ! Eh là ! Ho ! La foule !
Tout ce qui passe, tout ce qui s'arrête aux devantures !
Commerçants, vagabonds, escrocs trop bien vêtus ;"

"La merveilleuse beauté des corruptions politiques,
Scandales délicieux de la finance et de la diplomatie,
Agressions politiques dans les rues"

"O marchandises inutiles que tout le monde veut acheter !
Salut, grands magasins aux multiples rayons ! (...)
Progrès des armements glorieusement meurtriers !
Cuirasses, canons, mitrailleuses, sous-marins, aéroplanes !
J'aime tout, je vous aime tous comme un animal féroce."

De Campos révèle son tempérament féminin et masochiste, qui explosera dans l'Ode maritime :
"Je pourrais mourir broyé dans un moteur
Avec le délicieux sentiment d'une femme possédée qui s'abandonne.
Jetez-moi dans les hauts fourneaux !
Mettez-moi sous les trains !
Rouez-moi de coups à bord des navires !
Masochisme par le biais de mécanismes !
Sadisme de je ne sais quoi de moderne, et moi et le vacarme !"

"Ah ! regarder, voilà en moi une perversion sexuelle !"
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Passage des heures


25 mai 1916

Extrait 16

Rage, écume, l’immensité qui ne tient pas dans mon mouchoir,
la chienne qui hurle la nuit,
la mare de la métairie qui hante mon insomnie,
le bois comme il était le soir, quand nous nous y promenions, la rose,
la broussaille indifférente, la mousse, les pins,
la rage de ne pas contenir tout cela, de ne pas suspendre tout cela
ô faim abstraite des chose, rut impuissant des minutes qui passent
orgie intellectuelle de sentir la vie !

Tout obtenir par suffisance divine –
les veilles, les consentements, les avis,
les choses belles de la vie –
le talent, la vertu, l’impunité,
la tendance à reconduire les autres chez eux,
la situation de passager,
la commodité d’embarquer tôt pour trouver une place,
et toujours il manque quelque chose, un verre, une brise, une
phrase, et la vie fait d’autant plus mal qu’on a plus de plaisir
  et qu’on invente d’avantage.
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Passage des heures


25 mai 1916

Extrait 5

On a chassé le bouffon du palais à coups de fouets, sans raison,
on a fait lever le mendiant de la marche où il était tombé.
On a battu l’enfant abandonné, on lui a arraché le pain des mains.
Oh, douleur immense du monde, où l’action se dérobe…
Si décadent, si décadent, si décadent…
Je ne suis bien que lorsque j’entends de la musique – et encore…
Jardins du dix-huitième siècle avant 89
où êtes-vous, moi qui n’importe comment voudrais pleurer ?
Tel un baume qui ne réconforte que par l’idée que c’est un baume,
Le soir d’aujourd’hui et de tous les jours, peu à peu, monotone,
  tombe.
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Passage des heures


25 mai 1916

Extrait 10

Toi, dont la venue est si douce qu’elle paraît un éloignement,
dont le flux et le reflux des ténèbres, quand la lune respire
  doucement,
ont des vagues de tendresse morte, un froid de mers de songe,
des brises de paysages irréels pour l’excès de notre angoisse…
Toi, et ta pâleur, toi, plaintive, toi, toute liquidité,
arôme de mort parmi les fleurs, haleine de fièvre sur les bords,
toi, reine, toi, châtelaine, toi, femme pâle, viens…
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Passage des heures


25 mai 1916

Extrait 15

(Celle dont le sourire suggère la paix que je n’ai pas
et don la façon de baisser les yeux fait un paysage de
Hollande avec les femmes coiffées de lin
et tout l’effort quotidien d’un peuple pacifique et propre…
Celle qui est la bague laissée sur la commode
et la faveur coincée en refermant le tiroir,
faveur rose, ce n’est pas la couleur que j’aime, mais la faveur
  coincée
tout de même que je n’aime pas la vie, mais c’est la sentir
  que j’aime…

Dormir ainsi qu’un chien errant sur la route, au soleil,
définitivement étranger au restant de l’univers,
et que les voitures me passent sur le corps.)

J’ai couché avec tous les sentiments,
j’ai été souteneur de toutes les émotions,
tous les hasards des sensations m’ont payé à boire,
j’ai fait de l’œil à toutes les raisons d’agir,
j’ai été la main dans la main avec toutes les velléités de
départ, fièvre immense des heures !
Angoisse de la forge des émotions !
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Passage des heures


25 mai 1916

Extrait 1

Je porte dans mon cœur
comme dans un coffre impossible à fermer tant il
  est plein,
tous les lieux que j’ai hantés,
tous les ports où j’ai abordé,
tous les paysages que j’ai vus par des fenêtres ou
  des hublots,
ou des dunettes, en rêvant,
et tout cela, qui n’est pas peu, est infime au regard de
  mon désir.

L’entrée de Singapour, au petit jour, de couleur verte,
le corail des Maldives dans la touffeur de la traversée,
Macao à une heure du matin… Tout à coup je m’éveille…
Yat-lô-lô- lô-lô - lô-lô- lô…Ghi …
Et tout cela résonne en moi du fond d’une autre réalité…
L’allure nord-africaine quasiment de Zanzibar au soleil…
Dar es-Salam (la sortie est difficile…)
Majunga, Nossi-Bé, Madagascar et ses verdures…
Tempêtes à l’entour de Guardafui…
Et le cap de Bonne-Espérance, net dans le soleil du matin…
Et la ville du Cap avec la Montagne de la Table au fond…
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Vidéo de Fernando Pessoa
En librairie le 2 juin 2023 et sur https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251454054/comment-les-autres-nous-voient
Après Chronique de la vie qui passe, le présent volume vient compléter l'édition des Proses publiées du vivant de Pessoa telles qu'elles avaient été présentées au public français dès 1987 par José Blanco, l'un des meilleurs spécialistes du grand auteur portugais.
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