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Robert Bréchon (Préfacier, etc.)
EAN : 9782267011685
320 pages
Christian Bourgois Editeur (04/03/1994)
4.58/5   20 notes
Résumé :
Imaginons que dans les années 1910-1920, Valéry, Cocteau, Cendrars, Apollinaire et Larbaud aient été un seul et même homme, caché sous plusieurs "masques" : on aura une idée de l'extraordinaire aventure vécue à la même époque au Portugal par Fernando Pessoa. il a écrit à lui seul les oeuvres d'au moins cinq écrivains de génie, aussi différents les uns des autres que s'ils avaient tous réellement existé : Alberto Caeiro, Ricardo Reis, Alvaro de Campos, Bernardo Soare... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je ne citerai pas plus de citations que cela sinon il faudrait que je vous recopie le livre dans son intégralité. Je ne vais pas non plus me borner à vous en faire un résumé mais sachez que ce livre est une pure merveille. Fernando Pessoa, ce poète portugais qui m'est resté longtemps inconnu et que je n'ai découvert qu'il n'y a que 6 ou 7 ans, aborde des sujets très profonds, tels que la vie et la mort bien sûr, mais aussi notre raison de vivre et d'exister ou tout ce qui touche aux sentiments et à notre perception du monde. Il écrit aussi bien en prose qu'en vers et ces poèmes sont d'une rare pureté et légèreté. Une vraie merveille. A découvrir.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
LE VIOLON ENCHANTÉ
     
Sans venir par la route du nord,
Sans emprunter le chemin du sud,
D’un seul coup sa musique sauvage
Inonda ce jour-là le village.
     
Soudain il fut en pleine rue,
Les gens sortirent l’écouter,
Soudain il s’en fut, et en vain
Tous espérèrent le revoir.
     
Son étrange musique tenaillait
Chaque coeur du désir d’être libre.
Elle n’était pas mélodie, sans
Pour autant être nulle mélodie.
     
Autre part dans les lointains,
Autre part très loin d’eux-mêmes
Tout à coup forcés à vivre, ils perçurent
Cette mélopée en échos.
     
En échos à la nostalgie
Que tous portent au fond du coeur,
C’était le sentiment perdu
Qui ravivait des quêtes oubliées.
     
Lors l’épouse heureuse savait
Qu’elle s’était fort mal mariée,
L’amoureux tendre et gai venait
A languir d’aimer plus encore,
     
Filles et garçons se réjouissaient
De n’avoir connu que les rêves,
Les coeurs solitaires et tristes
Se sentaient moins seuls autre part.
     
Dans chaque âme s’éveilla la fleur
Qui ne laisse au toucher qu’une poussière immatérielle,
Premiers moments de l’épousé de l’âme,
Notre complétude achevée,
     
L’ombre qui survient pour bénir,
Depuis d’insensés abîmes embrassées,
L’intranquillité lumineuse
Préférable à la tranquillité.
     
Comme il était venu, il s’en alla.
Ils crurent qu’il n’était, lui, qu’à demi.
Lors doucement il s’évanouit
Dans le silence et la mémoire.
     
Le sommeil à nouveau déserta leurs rires,
Leur espoir extatique et la fin s’éteignit,
Et un tout bref instant plus tard
Ils ne surent plus qu’il était venu.
     
Mais quand la tristesse de vivre,
Puisque la vie n’est pas voulue,
Revient à l’heure des rêves, porteuse
D’une impression de vie transie de froid,
     
Tous se rappellent tout à coup –
Luisant comme une lune qui se lève
Là même où se consume leur vie-rêve –
La mélopée du vagabond au violon enchanté.
     
     
‘Poème en anglais’, traduit par Patrick Quillier et Olivier Amiel, avec la collaboration d’Anne Terlinden | p. 233-4.
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Il est des phrases subites, profondes parce qu’elles viennent des profondeurs, qui définissent un homme ou, plutôt, par lesquelles un homme se trouve défini sans définition aucune. Je n’oublierai jamais celle que Ricardo Reis prononça un jour, pour me définir. On parlait de mensonge, et il dit : « Je déteste le mensonge, parce que c’est une inexactitude. » Tout Ricardo Reis – passé, présent et futur – se trouve dans cette phrase-là.
Mon maître Caeiro, n’exprimant que ce qu’il était, peut être défini par n’importe laquelle des phrases qu’il a écrites ou prononcées, surtout à partir de la seconde moitié du Gardeur de troupeaux. Mais, parmi toutes les phrases qu’il a écrites et qu’on trouve imprimées, parmi toutes celles qu’il m’a dites, et que je rapporte ou non, celle qui le contient tout entier avec, peut-être, le maximum de simplicité, c’est celle qu’il m’a dite un jour à Lisbonne. Nous parlions, je ne sais plus à quel sujet, des relations que chacun de nous peut avoir avec lui-même. Et je demandai brusquement à mon maître Caeiro :  « Êtes-vous satisfait de vous-même ? » Et lui de me répondre : « Non : je suis satisfait. » Et c’était comme la voix de la terre, qui est tout et qui n’est personne.
     
     
Notes à la mémoire de mon maître Caeiro, par Álvaro de Campos – extrait, p. 274.
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"Ce n'est pas le vice ni l'expérience qui déflore l'âme : c'est uniquement la pensée. [...]. Le seul fait de penser déflore tout jusqu'au tréfonds le plus intime de l'être.
Cette perpétuelle analyse de tout,
Cette recherche d'une nudité suprême
Ratiocinée avec cohérence
Voilà ce qui détruit la véritable innocence."
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Poèmes discontinus

L'effroyable réalité des choses
Est ma découverte quotidienne.
Chaque chose est ce qu'elle est.
Comment puis-je expliquer à qui que ce soit à quel point
je m'en réjouis et trouver cela suffisant ?

Pour être entier, il suffit d'exister.

J'ai écrit pas mal de poèmes
Et j'en écrirai peut-être bien d'autres, bien sûr.
Chacun de mes poèmes l'explique,
Bien que tous mes poèmes soient différents,
Parce que chaque chose qui existe le proclame toujours.

Parfois, je m'occupe de regarder une pierre,
je ne commence pas à penser si elle se sent.
Je ne me force pas à l'appeler ma sœur,

mais je l'apprécie parce que c'est une pierre,
je l'apprécie parce qu'elle ne ressent rien,
J'aime ça parce que ça ne me concerne pas du tout.

Parfois j'entends aussi le vent souffler
Et je trouve que le simple fait d'entendre le vent souffler vaut
la peine d'être né.

Je ne sais pas ce que penseront les autres qui liront ceci;
Mais je trouve que ça doit être bien parce que je le pense
sans effort,
Et sans l'idée que les autres m'entendent penser,
Parce que je le pense sans pensées,
Parce que je le dis comme mes mots le disent.

Une fois, ils m'ont appelé un poète matérialiste
Et je me suis admiré parce que je n'ai jamais pensé
qu'on pourrait m'appeler par n'importe quel nom.
Je ne suis même pas poète : je vois.
Si ce que j'écris a une valeur, ce n'est pas moi qui ai
de la valeur.
La valeur est là, dans mes vers.
Tout cela n'a rien à voir avec
ma volonté.

TRADUIT PAR EDOUARD RODITI
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N'essayez pas de construire dans l'espace que vous supposez

N'essayez pas de construire dans l'espace que vous supposez
Est l'avenir, Lydia, et ne vous promettez pas
Demain. Arrêtez d'espérer et soyez qui vous êtes
aujourd'hui. Toi seul es ta vie.
Ne planifiez pas votre destin, car vous n'êtes pas futur.
Entre la coupe que tu vides et la même coupe
Remplie, qui sait si ta fortune
N'interposera pas l'abîme ?
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Videos de Fernando Pessoa (37) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Fernando Pessoa
En librairie le 2 juin 2023 et sur https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251454054/comment-les-autres-nous-voient
Après Chronique de la vie qui passe, le présent volume vient compléter l'édition des Proses publiées du vivant de Pessoa telles qu'elles avaient été présentées au public français dès 1987 par José Blanco, l'un des meilleurs spécialistes du grand auteur portugais.
Dans la catégorie : Littérature portugaiseVoir plus
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