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EAN : 9781788167208
340 pages
Serpent's Tail (07/01/2021)
3.98/5   22 notes
Résumé :
« Pour le commun des mortelles trans, la route était barrée dès le début. Pas de taf, pas de mariage, pas de bébé, et, si une femme trans pouvait être une muse, personne ne voulait d’une œuvre où elle s’exprime elle-même. »

Ames, Reese et Katrina vivent à New York. Par le passé, Amy et Reese formaient un couple de femmes trans. Puis Amy a détransitionné pour devenir Ames et a rencontré Katrina. Il reste abasourdi quand elle lui annonce sa grossesse, p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
La première fois que cette couverture a rencontré mon regard, le titre m'a laissée perplexe. Je ne savais pas à quoi m'attendre, l'ordre de détransitionner était-il une position transphobe ? Rassurez-vous, il n'en est rien. L'autrice est concernée par les sujets qu'elle aborde dans son livre et elle met notamment en scène un personnage qui a fait le choix de détransitionner, d'où le titre.

Cette identité complexe est l'un des nombreux thèmes abordés dans ce roman profondément queer. le pitch de départ ? Quand Ames entame une relation avec sa boss, Katrina, il est persuadé d'être devenu stérile suite à sa prise d'hormones pendant son existence de femme trans. Quand Katrina lui annonce qu'elle est enceinte, il accepte de devenir père à une condition : impliquer son ex Reese, qui a toujours rêvé d'avoir un enfant mais n'a jamais pu en tant que femme trans.

Les personnes qui détransitionnent sont souvent dans l'imaginaire collectif des statistiques récupérées par des personnes aux idéologies douteuses. Je n'avais jamais fait l'effort de me mettre à leur place et de réfléchir à ce qui peut se cacher derrière une telle décision, jamais réfléchi à la situation délicate dans laquelle se trouvent ces personnes à cheval entre deux communautés.

Dans "Detransition, Baby" il est donc question de détransition, oui, mais aussi de transition, d'identité trans, de transphobie, de queerness, de discriminations, d'épanouissement, de relations romantiques et sexuelles, de genre, de sexe, du monde du travail, de la famille. En somme, un roman sur l'âge adulte. Version queer.

"Detransition, Baby" est tour à tour drôle et bouleversant, souvent surprenant, et terriblement humain. Torrey Peters dépeint avec acuité les sentiments de ses personnages plein de failles, et fait souvent mouche dans ses descriptions cyniques de notre société. Elle réussit à nous faire croire à un postulat de départ qui semblait farfelu mais se déroule à la perfection. À lire ! J'ai hâte que le livre soit traduit en français (je ne doute pas qu'il le soit).

Note : l'autrice utilise le terme "transsexual" à la place de "transgender". J'ai été très perturbée par ce choix lorsque j'ai démarré ma lecture. Il s'agirait en fait d'un choix politique, ce qui semble confirmé par un passage à la fin du livre, mais je n'ai pas trouvé plus d'information à ce sujet.
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Un excellent roman au coeur des cultures queer, avec des enjeux politiques, une forte dose d'ironie qui fait grincer des dents et n'épargne personne. le ton est cynique, la construction narrative pleine de suspense et de tensions. le roman détaille les imperfections, les vulnérabilités et les forces de chaque personnages, avec un regard à la fois cru et tendre.
Il est question de fonder une famille queer, de cultures trans et hétéro, de combats politiques (ou égocentriques)... Ce "soap opera" autoproclamé est tissé de références aux sciences sociales, aux séries et films, et à la littérature. le mélange des styles détonne et ravit. La problématique du genre y est abordée avec une profondeur et une acuité que je n'avais jamais lue auparavant.
Le titre met le focus sur l'un des personnages, Ames/Amy, une personne amab ayant transitionné puis detransitionné, et donc connu tout un nuancier de situations et d'émotions détaillées dans le livre. Mais c'est aussi l'histoire de Reese, une femme trans précaire à l'humour cynique, intelligente, parfois égoïste et dure. Et de Katrina, femme cis métisse qui est enceinte de Ames.
L'autrice, une femme trans, aborde les oppressions tout en ironisant sur les compétitions que cela génère parfois (par exemple une femme cis métisse et juive, Katrina, renvoie dans ses buts Reese, une femme trans blanche). Elle se moque des hétéros qui veulent en être, et trouvent subitement le queer intéressant. L'humour provocateur est présent pour embrasser la complexité des luttes et des identités, tout en montrant les travers égocentrés dans lesquelles elles peuvent tomber. C'est frontal et dérangeant. Je n'avais jamais rien lu abordant avec autant de complexité et d'humour à la fois les questions de genre, de sexualité et de parentalité.
Ce livre aborde la question de la détransition frontalement, sans la laisser aux mains de ses détracteur•rices qui remettraient en cause ce choix. La complexité du parcours d'Ames/Amy est très bien présentée, jamais mise en cause. Cet ouvrage est merveilleusement libre dans sa forme et ses idées.
C'est bouleversant, drôle et sans tabou. Immense.
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Detransition, Baby est un livre furieusement queer, qui approche les questions des identités trans, du genre en général, du sexe (y compris du travail du sexe), des relations et de la maternité. Et peut-être même encore d'autres choses que j'oublie tellement ce récit fourmille de questions à poser, et surtout de réflexions à avoir.

Le titre peut inquiéter; mais il n'en est nul besoin car il raconte le choix de vie d'un des personnages, qui représente une facette de la vie trans, sans la rejeter. le résumé peut également faire peur - pour une toute autre raison - à cause de la complexité de l'histoire, et je dois admettre qu'il faut embrasser cette complexité, surtout dans les réflexions abordées plus que dans l'histoire elle-même, dans laquelle on se laisse entraîner facilement, pour profiter pleinement de ce livre. Jusqu'à la fin, l'histoire est faite de montagnes russes et d'apprentissages pour chacun des personnages, que l'on accompagne volontiers dans cette vie queer à la fois joyeuse et injuste.

Le récit peut apparaître parfois un peu chaotique certes, mais c'est une lecture dont on ne sort pas indifférent et qui a le mérite de bouleverser nos idées, où que nous en soyons de nos réflexions sur le genre.
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"Detransition, Baby" c'est un titre qui faut peur parce que le mot "détransition" est pour la plupart du temps utilisé pour discréditer les personnes transgenres. Mais la détransition existe, et c'est aux personnes concernées d'en parler. Cette personne dans ce livre c'est Ames, qui a détransitionné parce que la vie d'une femme trans c'est pas tous les jours facile. Ames apprend un jour que la femme qu'il fréquente, Katrina, est enceinte de lui. Il ne veut pas être désigné en tant que "père", mais est pour le fait d'élever un enfant dans une relation queer. Il propose donc que son exe, Reese, une femme trans, s'occupe également de l'enfant en tant que troisième parent.
On plonge ici dans le quotidien queer de New-York avec ses histoires d'amour, de cul, de dramas et de trentenaires posés. Ce livre sort de l'ordinaire et ça fait du bien!
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critiques presse (1)
MadmoizellePresse
20 décembre 2022
Un récit furieusement drôle, caustique, qui interroge, parfois sans prendre de gants nos conceptions du couple, de la parentalité, nos vies de trentenaire.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Pourquoi tu veux être mère ?
(Reese) ce n’est pas la question qu’on pose à des femmes cis. Les mamans autour de moi quand j’étais petite n’avaient pas à prouver qu’elles avaient le droit de vouloir un enfant. Alors bien sûr, beaucoup de femmes que je connais se demandent si elles veulent avoir un enfant, mais elles ne se demandent pas pourquoi elles le veulent. On sait déjà pourquoi. La question qu’on pose aux femmes cis, c’est plutôt pourquoi tu ne veux pas avoir d’enfants. Et là, elles doivent se justifier. Si j’étais née cis, je n’aurais jamais eu à répondre à aucune de ces questions. Je n’aurais pas eu à montrer que je méritais ces modèles de féminité. Mais je ne suis pas cis. Je suis trans. Et donc jusqu’au jour où je serai mère, il me faudra constamment prouver que je mérite d’en être une.
(...)
(Katrina) Mais si tu veux parler de tout ça en termes de droits reproductifs, alors sache que toi et moi venons d’endroits très différents. Toutes mes copines blanches considèrent ­automatiquement que leurs droits reproductifs concernent le droit de ne pas avoir d’enfants, comme si le droit naturel d’être mère était entendu d’avance. Mais pour beaucoup de femmes dans ce pays, c’est exactement l’inverse. Pense aux femmes noires, aux femmes pauvres ou aux femmes immigrées. Pense à la stérilisation forcée, aux expressions welfare queens, quand on accuse ces femmes de faire des bébés pour toucher les allocs, ou anchor babies, pour parler des femmes migrantes qui accoucheraient aux États-Unis juste pour avoir la nationalité. Tout ça, ça appuie l’idée que toutes les façons d’être mère ne sont pas légitimes.
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"Mais ma question n’était pas de savoir pourquoi c’est compliqué. Ma question est : dis-moi pourquoi toi, toi particulièrement, Reese, tu veux avoir un bébé. Ames m’a fait son exposé. Maintenant je te demande de me faire entendre le tien."

Ce défi froisse Reese. Elle en a tellement, des raisons, mais la plupart sont si simples, si corporelles, qu’elles lui semblent inadaptées à la question : elle aime tenir des enfants dans ses bras. Elle aime sentir les cheveux d’un bébé. Elle aime calmer un nourrisson qui pleure et sentir son petit corps se débarrasser de sa peur rigide puis s’installer dans ses bras, ce petit paquet se relâcher et se calmer si bien que pendant quelques instants, elle donne autant qu’elle reçoit une précieuse sérénité. Elle aime bercer un bébé et lui communiquer avec son corps : Tu es en sécurité. Quand elle travaillait à la garderie, elle adorait cette manière qu’avait un enfant de tendre le bras pour prendre sa main sans y penser. Elle aimait regarder les enfants ébahis devant quelque chose de nouveau pour eux ; leur émerveillement, leur admiration mêlée d’excitation qui était contagieuse, pour peu qu’elle s’y laisse aller. Elle aimait leurs gestes soudain d’altruisme. Elle se rappelle de ce bambin à la garderie, peut-être quatre ans, qui venait de construire une tour en cubes et tira sur sa manche en proposant : « Tu veux la faire tomber ? » Il avait compris que le moment où on cassait la tour était le meilleur dans toute la construction et il voulait le lui offrir. Qui d’autre qu’un enfant pouvait vous donner des choses aussi pures ? (P. 152)
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Reese pensait que c’était très freudien, cette anxiété concentrée sur son nez : le nez protubérant comme phallus, le phallus comme l’ancien moi d’Amy. Reese ne le lui avait jamais dit, car en réalité, les excentricités de la dysphorie ne suivent pas un modèle freudien. Non, elles se découpent, suivant un mélange digne d’un alchimiste : standards de beauté, consumérisme et grosses doses de haine de soi. En cherchant sur n’importe quel forum de personnes trans, on voit par exemple qu’un bon pourcentage de femmes trans a tendance à concentrer sa dysphorie sur l’arcade sourcilière (qui s’épaissit lors de la puberté avec la testostérone), que certains chirurgiens plasticiens, avides, dénoncent en exagérant comme preuve immédiate d’un visage masculin. Pour le dire plus précisément, Reese maintenait que les femmes trans devenaient obsédées par leur front précisément parce qu’il existe une opération chirurgicale pour le changer. La chirurgie crée la dysphorie en même temps que la dysphorie crée un besoin de chirurgie. Savoir qu’il y a une opération chirurgicale qui t’attend quelque part mais que tu ne peux pas encore te la faire, même si t’es là devant ce miroir à vouloir crever, ça signifie que la tentation te narguera pour toujours. (P. 165)
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Amy ne savait pas jusqu’où le croire. Cette tendance des queers non initiés à assigner aux gens toute sorte de pathologie mentale était à la fois fatigante et tautologique : Machin agit comme tel parce qu’iel est le genre de personne qui fait toujours des choses comme ça. Ce qui laissait peu de marge de manœuvre en termes de changement, enlevait toute responsabilité individuelle et empêchait de se demander pourquoi, dans le fond, tel individu agissait de la sorte. Pourquoi les chats torturent-ils les souris blessées ? Parce qu’un chat est un chat, et que les chats seront toujours comme ça. Par ailleurs, la rumeur disait que Ricky, connu pour son stoïcisme à toute épreuve, s’était théâtralement bourré la gueule à une soirée Hey Queen! et avait pleuré toutes les larmes de son corps, aussi inconsolable que bruyant, quand il avait appris que Reese l’avait quitté pour un mec de la finance. Peut-être qu’il avait besoin de se dire que Reese était une sociopathe, un génie maléfique qui manipulait les émotions de ses victimes, pour se justifier d’avoir été si faible quand elle lui avait brisé le cœur. (P
98)
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D’après ses lectures, il y avait deux types de transgenres male-to-female. Celles qui ont toujours été des filles, qui jouaient avec des poupées, qui étaient attirées par les hommes et détestaient leur pénis. La deuxième espèce, les autogynéphiles, étaient des hommes excités à s’imaginer en femme. Eux, c’était les cross-dressers fétichistes, à qui s’appliquaient tous les stéréotypes sur les hommes, qui adoraient leur bite et étaient excités quand ils s’habillaient en femme. Eux ne devraient pas faire de transition, d’après ces psychologues. Ils n’étaient pas vraiment des femmes, ils étaient des fétichistes qui prenaient leur petit plaisir trop au sérieux. Amy entendit le côté moralisateur dans ces déclarations et comprit ce que cela signifiait. L’autogynéphilie, c’était mal et immoral. Dans les commentaires sous les articles de psychologie, un certain nombre de femmes trans étaient furieuses de lire les sempiternelles réfutations des psychologues ; elles disaient que le concept d’autogynéphilie était transphobe. Elles traitaient les psychologues qui avaient inventé ça de pervers. (P. 121)
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