Le réfugié est un malvenu et sa vie est comme une abréviation. Le réfugié est comme un poulet dans un abattoir, sans avocat. C’est un « facile à disparaître ». Je viens d’un pays où le simple fait de réclamer de l’eau potable peut être considéré comme une opposition politique. C’est pour ça que je me suis mis à faire de la radio, qui est pour moi une arme. Même en étant invisible, j’ai une voix. Ici, au Canada, où je devrais être protégé, on ne m’accorde même pas le statut de personne : je ne suis ni Cabindais ni Angolais. Ici, je ne croyais pas qu’on allait me torturer.
On pourra être surpris que ces visages – et ces corps – soient exposés aussi crûment et ne restent pas cloîtrés dans l’ombre à laquelle plusieurs d’entre eux sont condamnés. Or, chacun des humains qui a accepté de paraître ici sait qu’il pose un geste important pour la collectivité : il parle et la fait accéder à une autre scène.