C'est avec une certaine tendresse que je referme cette bd jeunesse.
Le fils de l'Ursari est l' adaptation du roman éponyme de
Xavier-Laurent Petit, fabuleux auteur- jeunesse qui possède à son actif quelques titres publiés chez L'École des Loisirs.
Je dois dire que c'est une histoire très touchante qui est ici adaptée dans un roman graphique au style original.
Nous suivons le périple brutal et injuste d'une famille de roms qui arrive sur Paris suite aux manipulations de divers passeurs . Bien évidemment, la famille tente de survivre comme elle peut entre mendicité et pickpocket. Parmi ses membres, nous suivons plus précisément la vie de Ciprian, un jeune garçon qui va découvrir une lueur d'espoir pour lui et sa famille à travers les "Lézéchek".
C'est avec bienveillance et réalisme que
Xavier-Laurent Petit nous parle des roms, fait tomber le voile des apparences pour mieux nous faire appréhender l'intimité d'une famille rom qui a du quitter son pays suite à des menaces de morts de la part des locaux.
Le regard de Petit est juste. Il ne se montre ni condescendant, ni maquilleur. L'auteur tient à capter la vie de cette famille en toute sincérité entre les injustices subies, les menaces, les actes de vols, tout cela dans un semblant de vie ultra-précaire.
Mais
le Fils de l'Ursari est également une oeuvre bienveillante, pleine d'amour pour ses personnages. En tant que titre -jeunesse, l'auteur tient à montrer cet élan de solidarité qui entoure le jeune Ciprian et sa famille.
Le style graphique de Pomès et les couleurs d'
Isabelle Merlet sont impeccables. Au départ, j'ai trouver les couleurs presques étouffantes comme si le ciel était un couvercle posé sur la tête des personnages. Nous sommes souvent dans une gamme de tons allant du toxique verdâtre en couleur de fond au paisible ocre sans compter une délicate ambiance nocturne. C'est un univers graphique très riche avec diverses ambiances et tons pour chaque scène.
Le fait est que les auteurs n'ont pas voulu enjoliver à outrance le quotidien des roms, les bidonvilles ne sont bien évidemment pas sublimés. Cependant, les auteurs proposent également une ambiance parfois cordiale, apaisante à travers notamment les scènes de famille où les jeux d'échecs.
Enfin notons certains planches qui s'avèrent juste magistrale, notamment une pleine page avec la figure de l'ours juste magnifique.
Le graphisme est à la hauteur de l'intrigue. Il sublime sans être factice et impose suffisamment de style et d'âme pour relever l'empathie autour du Fils de l'Ursari.
Le dessin est vivant , dynamique et mouvementé en accord avec le personnage principal de Ciprian, petite boule d'énergie qui va allez à l'encontre de son quotidien.
Le Fils d'Ursari est sans doute une oeuvre essentielle parmi celles qui prônent la tolérance et l'espoir. C'est un titre que je ne conseillerais pas seulement à la jeunesse mais à un plus large public. Nous y retrouvons une certaine bienveillance toujours rafraîchissante sans naïveté. La fin ouverte reflète bien le ton de ce titre qui ne vaut pas tomber dans les clichés faciles et un ton conventionnel. En tant qu'adaptation graphique, ce titre est juste une petite merveille en harmonie avec l'intrigue original du roman de
Xavier-Laurent Petit.
À lire sans regret.