Citations sur Lire le monde. Expériences de transmission culturelle a.. (6)
Les livres sont comme des feux de camp qui repoussent la nuit de la forêt. (Jean-marc Besse)
Ils ont compris un jour que ce qu'il s'agit de lire, par le détour des pages, c'est soi-même et ce monde.
Tout au long de la route, et quelle que soit la culture qui les a vus naître, les humains ont soif de beauté, de sens, de pensée, d'appartenance. Ils ont besoin de figurations symboliques pour sortir du chaos. Et l'on se demande par quel tour de passe-passe on a pu réduire la littérature et l'art à des coquetteries de nantis ou les bibliothèques à de simples lieux d'«accès à l'information». Ce sont aussi des conservatoires de sens où l'on trouve des métaphores scientifiques qui mettent en ordre le monde qui nous entoure, et des métaphores littéraires, artistiques, issues du travail lent, en retrait, d'écrivains ou d'artistes ayant accompli un travail de transfiguration de leurs propres épreuves. Leurs oeuvres nourrissent les rêves, les pensées, les désirs, les conversations sur la vie, tout en amadouant les «bêtes énormes et inconnues» qui passent quelquefois mystérieusement près de nous, même si nous n'avons pas fait naufrage dans la mer des Caraïbes.
Lire et se souvenir de ses lectures ou de ses escapades culturelles, cela sert à projeter sur le quotidien un peu de beauté, à donner un arrière-plan poétique à sa vie, à ébaucher des histoires qui peut-être ne se réaliseront jamais, mais qui sont une part de soi-même.
Ce que l’on constitue en lisant semble très proche de ce qu’on élabore au fil des voyages : une réserve sauvage et poétique que l’on pourra revisiter, quelquefois bien longtemps après.
Je te donne des chansons et des récits pour que tu te les redises pour traverser la nuit, pour que tu n’aies pas trop peur du noir et des ombres. Pour que tu puisses peu à peu te passer de moi, te penser comme un petit sujet distinct, puis élaborer les multiples séparations qu’il te faudra affronter. Je te livre des bribes de savoir et des fictions pour que tu sois à même de symboliser l’absence et d’affronter, autant que faire se peut, les grandes questions humaines, les mystères de la vie et de la mort, de la différence des sexe ; la peur de l’abandon, de l’inconnu, l’amour, la rivalité. Pour que tu écrives ta propre histoire entre les lignes lues