Livre qui ne veut pas appeler un chat un chat, alors on trouve un autre mot plus plaisant et qui conviendra à tout le monde. On ne parle pas d'autisme, on parle de surefficience. On parle pas de surdoué, pour éviter la connotation trop intelligent. le suffixe sur- de surefficience ne fait pourtant pas grande différence. Rien que dans le sujet du livre, il y a confusion. On parle de qui, en vérité ? Est ce un choix délibéré pour offrir un discours entendable par tous ? Est ce par honte des vrais mots (autisme, tdah) ?
L'autrice dévoile être elle même surefficiente et, face au constat affligeant que les normopensants ne font pas l'effort de comprendre les surefficients, elle va écrire un livre d'explication des codes de la sociétés à l'usage des surefficients qui devront encore faire l'effort.
Le contenu me laisse perplexe par sa confusion. Pendant le 3/4 du livre, l'autrice nous explique les codes sociaux en nous martelant qu'on doit s'y conformer, alors que vers la fin elle dénonce l'injonction à la suradaptation, dénonce les burn-out et les maladies mentales qui en découlent, causées par la société et non par la surefficience. Elle ne cite qu'à 2 reprises dans des exemple l'autisme, donc c'est qu'on parle bien en partie d'autisme. Si j'avais suivi à la lettre ces propos, je me retrouverai le bec dans le sable à ne pas savoir bien quoi faire. M'adapter pour être acceptée ? Ou pas ?
En réalité, à la lecture, je me suis sentie mal. Voilà pourquoi :
Au lieu de chercher à faire en sorte que la société accepte les neuro-atypiques pour ce qu'ils sont, on fait un livre pour dire aux neuro-atypiques de se conformer aux règles « parce que ».
A propos des entretiens d'embauches critiqués par les surefficients : « ils sont très bien conçus pour tester la principale compétence qu'on attend de vous : votre instinct de soumission qui permettra de vous intégrer à une équipe elle meme soumise au système » (…) « s'il est techniquement compétent mais humainement imbuvable, ce sera contre productif pour l'entreprise. Bref, la règle, c'est la règle ! Pourquoi à quelques millimètres près on est hors-jeu ? Parce que. »
La NORME est définitivement érigée comme la seule manière acceptable et acceptée de vivre, au lieu justement de questionner ces critères de normes exigées à tout le monde et qui amènent un accroissement considérable des maladies mentales, autant chez les typiques que les atypiques. Pire, l'autrice déclare que son voyage dans le monde des normopensants était génial et tellement reposant qu'elle voulait plus en partir. J'invite tout autiste à avoir expériencer cela à me le faire savoir, ou à expliquer en quoi c'est totalement impossible.
Les explications parsemées de propos maladroits voire violents et insultants envers les neuro-atypiques qui s'en mangent déjà bien assez toute leur vie :
«c'est pourtant simple ! »
« Voyez comme vous êtes crispé ! »
À propos du harcèlement, l'autrice pense : « une grande majorité des normopensants estiment que le surefficient harcelé l'a bien cherché et ne l'a pas volé ! Après tout, n'est pas une juste punition pour ceux qui troublent l'ordre et ne standardisent pas leurs comportements ? »
Les handicaps des neuro-typiques sont niés par des propos validistes, leurs incapacités relèvent de leur fonctionnement neurologique, notamment leur incapacité à comprendre les implicites, lire les intentions des autres y compris dans le cadre de la drague et les jeux de pouvoirs. Un autiste NE PEUT PAS le faire, c'est structurel. C'est comme dire à une personne tétraplégique « c'est facile de marcher ! Il suffit de se lever et de mettre un pied devant l'autre ! »
Les normopensants sont victimisés par des mots qui m'ont fait l'effet de coups de poignards. Pov bichons. le loup qui se fait passer pour le mouton ! « Cette exigence qu'ont les surefficients que les autres viennent avec eux se pencher sur le gouffre des angoisses existentielles est une véritable violence qu'ils leur font subir. ; « Je comprends à quel point nous pouvons être pénibles à supporter pour les neurotypiques » ; « En étudiant le probleme de plus près, j'ai compris à quel point un surefficient peut être crispant. »
On glorifie le masking social sur tout le livre alors que c'est un véritable fléau chez les autistes, à l'origine de faible estime d'eux, de dépression et de suicides.
À propos d'un client qui comprend pas les codes vestimentaires : « je m'en étonne : il suffit d'observer et de copier »
« Mais retenez la leçon, gardez vos commentaires pour vous et allez poser vos questions ailleurs. On trouve quasiment toutes les réponses sur internet maintenant »
« Faut il toucher aux mythes ? Vous l'avez bien compris : il vaudrait mieux éviter puisqu'ils sont le ciment de la cohésion du groupe (…) mais on peut toujours garder ses réflexions pour soi. »
« Rappelez vous : ne pas pleurer, c'est faire preuve de tact » (faudrait pas trop déranger les normopensants)
« Peu de surefficients réalisent à quel point ils se discréditent et se compliquent la vie en n'adoptant pas l'habillement adéquat »
« Ne pas se démarquer, ne pas se faire repérer, jouer le jeu et lubrifier les rapports avec ceux qui l'ont instauré, voilà l'essentiel des implicites »
Compare la vie en société comme à un formulaire administratif qu'on doit compléter avec des cases obligatoires. « Si vous ne remplissez pas les bonnes cases, vous ne serez pas intégrés ».
« Dans le monde normopensants, on ne pas dire ce qu'on pense, on dit ce qui doit être dit en de telles circonstances. Tout est codifié. Si on vous invite à dîner, vous devez trouver le repas délicieux. Point (…) c'est pourtant simple ! »
Bref, un énorme NON pour ce livre qui me met vraiment très en colère. Quand les atypiques/autistes arrêteront d'être invisibilisés par des nouveaux mots sortis de nul part et qui ne veulent rien dire ? Quand questionnera t on le validisme de cette société ? Quand cessera t on les injonctions à la normalité pour s'intégrer ? Quand la différence sera t elle acceptée ? Quand les atypiques / autistes cesseront-ils de payer le prix de leur vie pour le confort des neurotypiques ?
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Les jeux de pouvoir sont une des principales pierres d’achoppement entre surefficients et normopensants. Outre que les surefficients n’ont aucun sens de la hiérarchie, la plupart d’entre eux ont une énorme blessure d’injustice. De ce fait, ils endosseraient vite l’armure du chevalier blanc et partiraient volontiers en campagne pour combattre le mal et sauver l’innocent. Ils ont un besoin quasi compulsif d’aider et de solutionner les problèmes des autres, mais aussi de dénoncer les injustices, les malversations, les abus, de montrer du doigt les collusions, copinages et autres petites combines. En général, bien mal leur en prend. L’Histoire et les récits sont jalonnés de scandales en tout genre. À ma connaissance, aucun lanceur d’alerte n’a jamais été ni remercié ni récompensé pour le service rendu à sa communauté. Bien au contraire ! De Jeanne d’Arc à Edward Snowden, en passant par Don Quichotte ou Julian Assange, tous ont payé bien cher leur outrecuidance. En revanche, ceux qui ont été mis en cause s’en tirent en général beaucoup mieux. Tout au plus, comme la marquise de Montespan éclaboussée par « l’affaire des poisons1 », sont-ils discrètement écartés et mutés ailleurs. Et le plus décevant reste l’indifférence du peuple à l’égard des révélations. Pire : une véritable léthargie semble s’emparer du public au moment où il faudrait s’indigner. Le lanceur d’alerte, croyant son message vital, espérait réveiller les foules et se retrouve à hurler dans le désert, face aux fameux trois singes : sourd, aveugle et muet. Car il existe dans le monde normopensant une règle implicite, sacrée, immuable et inviolable : « On ne dérange pas les puissants dans leurs magouilles.
« La bombe atomique est le résultat inéluctable des travaux des hommes les plus intelligents, les plus désintéressés et les plus paisibles. » Jacques Neirynck.
En deux ou trois décennies, l'humanité s'est dotée du moyen de commettre un suicide collectif. On ne peut pas imaginer usage plus aberrant de la science et meilleur moyen de la déconsidérer.
Pour ceux qui douteraient encore de l'aspect illusoire
du monde des humains, la force de dissuasion que représentent les politiques de surarmement se situe bien dans une dimension imaginaire. Le leurre de la dissuasion nucléaire qui prétend assurer la paix par le surarmement repose sur l'illogisme que plus il y a de bombes, moins elles risquent d'exploser ; c'est-à-dire que pour maintenir la vie, il faut la menacer, donc se montrer déterminé à déclencher une catastrophe pour l'éviter. Ce cercle vicieux aberrant montre que Sapiens est un singe qui a évolué trop vite : alors qu'il est censé être à la pointe de la technologie, il est encore occupé à bomber le torse, à se frapper la poitrine en poussant des cris pour intimider l'autre.
«A Hiroshima, tous les physiciens perdirent leur innocence comme Adam lorsqu'il eut mangé la pomme. Ils découvrirent qu'ils étaient nus, qu'ils n'étaient pas innocents, que la recherche la plus pure pouvait être souillée par le mal absolu sans qu'on le sache, sans qu'on le veuille, sans qu'on puisse s'y opposer... La bombe atomique est le résultat inéluctable des travaux des hommes les plus intelligents, les plus désintéressés et les plus paisibles.» Jacques Neirynck
En deux ou trois décennies, l'humanité s'est dotée du moyen de commettre un suicide collectif. On ne peut pas imaginer usage plus aberrant de la science et meilleur moyen de la déconsidérer.
Sapiens s'est enfermé dans une logique de rareté, donc paradoxalement dans une logique de gaspillage. Sans doute l'agriculture et la nécessité de prévoir du grain à semer I'y ont encouragé. Mais l'accumulation et le stockage sont des réflexes de peur. Ceci est valide pour tout ce qu'il y a à stocker : des denrées alimentaires à l'argent, en passant par les bûches pour la cheminée. C'est le fait de stocker qui crée les pénuries et aussi les catastrophes, quand le précieux stock est malencontreusement détruit. Mais nous avons l'occasion de le voir régulièrement : Sapiens ne l'a pas encore compris. Récemment, la menace d'un confinement a provoqué en France une rupture de stock de papier toilette.
La solitude-ressource
A l'opposé de la solitude panique existe la solitude-ressource, celle qui permet de recharger ses batteries, de sentir son unicité, de savoir qui on est et ce que l'on veut. Comme il doit être agréable de ne pouvoir expérimenter que celle-là ! A mon avis, seul un tout petit nombre d'humains en est réellement capable, mais cela peut s'apprendre. L'objectif est de transformer le vide intérieur sidérant, dévastateur, en un vide reposant, de restaurer une aire de solitude bienfaisante.
Épisode 45 : Christel Petitcollin
Spécialiste de la PNL, Christel Petitcollin exerce depuis une trentaine d'années et donne des conférences à travers le monde. Grâce à ses différentes formations, dont l'hypnose, elle conseille ses lecteurs sur la communication, le développement personnel et la compréhension des mécanismes de la manipulation.
Découvrez son interview feel good, en vidéo !
Pour découvrir leur ouvrage "J'ai pas les codes" aux éditions Albin Michel, c'est par ici : https://bit.ly/3OJXieO
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