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EAN : 9782213686141
1152 pages
Fayard (21/02/2018)
4.08/5   37 notes
Résumé :
De la scène inaugurale du partage de l'empire de Charlemagne jusqu'à nos jours, Jean-Christian Petitfils livre une fresque vivante et colorée de l'Histoire de la France.Au-delà des récits légendaires, ce vrai «  roman national  » se lit dans l'action des gouvernants, les transformations sociales ou économiques, le mouvement des idées, l'histoire des mentalités, le dévouement des grandes figures héroïques ou celui, plus obscur, des petites gens transportées par l'amo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
L'Histoire de la France de Jean-Christian Petitfils comporte 1 151 pages, une bibliographie, des cartes, des arbres généalogiques et un index des noms de personne.

Je crois intéressant de commencer ma chronique en parlant du parcours de l'auteur. Comme je vais avoir l'occasion de l'expliquer tout au long de mon commentaire, écrire une Histoire de la France n'a rien d'anodin. Comprendre qui est l'auteur peut aussi permettre d'expliquer la lecture qu'il a de certains événements, notamment très récents.

1. Petitfils, un héritier de la droite catholique et conservatrice.

Petitfils est né à la fin de l'année 1944. C'est clairement un héritier. Il est fils et petit-fils d'universitaires. Son grand-père, Edmond Petitfils (1878-1950) était aussi un homme politique, catholique rallié à la République. Ce conservateur était anti-dreyfusard et antisémite (mais c'était malheureusement dans l'air du temps à l'époque).

Jean-Christian Petitfils a donc clairement hérité d'une famille bourgeoise et conservatrice, très certainement catholique pratiquante et prônant à la fois une culture traditionnelle et l'amour du beau style et de la langue française. Or, il a écrit plusieurs biographies sur des rois et des grands personnages, ainsi que sur Jésus. Dans ses biographies, il a souvent été dans une démarche de réhabilitation des personnages évoqués, rarement neutre et objective (il aborde très peu les aspects sombres de Louis XIV, si ce n'est pour en faire finalement un moindre mal).

Petitfils a suivi des études à l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris et il est diplômé de Sciences-Po en 1971. A l'époque, entrer dans cette dernière institution est quasiment impossible pour un fils d'ouvrier (ce qu'il est loin d'être). Il a donc pu suivre un cursus scolaire élitiste. Il a aussi une licence d'histoire. Il fera sa vie professionnelle comme cadre dans la banque. de facto, c'est donc un partisan du libéralisme économique.

Nous verrons que ces éléments vont permettre de comprendre un peu plus les partis-pris de Petitfils. Mais maintenant, voyons déjà ce que révèlent le sous-titre et l'Introduction sur la « méthode Petitfils ».

2. le sous-titre et l'Introduction, déjà tout un programme.

Je dois être honnête, je n'ai pas lu ce livre en entier, mais de très larges extraits, surtout concernant les périodes sur lesquelles j'ai un peu plus de bagages (le Moyen-Âge, mais surtout la Révolution française et le XIXe siècle)... et j'ai pas mal de reproches à faire à Petitfils ici. D'ailleurs, j'ai eu très vite une indigestion en lisant ce livre. J'en ai donc lu environ 70 ou 75%.

Bref...

Déjà, le sous-titre, le vrai roman national, est effectivement curieux pour un livre qui se veut historique. Est-ce à dire qu'il y a un faux roman national ? de plus, un roman, même historique, est une fiction. Par définition, le roman national est une fiction, certes basée sur des faits historiques, mais avec une part romancée. Ce n'est pas, comme l'expression souvent usitée, un simple récit qui raconterait les moments positifs et négatifs de notre histoire nationale.

Écrire une Histoire de France n'a effectivement rien de neutre. C'est même souvent un réel parti-pris politique, ou à minima idéologique, qui en dicte la rédaction. C'est surtout vrai pour l'historien solitaire, moins pour les entreprises collectives à grande échelle, comme la récente Histoire de France parue chez Belin et dirigée par le moderniste Joël Cornette.
Tome 8 de l'Histoire de France dirigée par Joël Cornette, publiée en 2011 chez Belin.

D'ailleurs, en parlant de parti-pris et de neutralité, dès le début de l'introduction, l'auteur assume le fait d'utiliser l'expression « roman national ». Il va même plus loin, en regrettant que l'heure soit à la déconstruction de l'Histoire de France. Justement, écrire une Histoire de France n'ayant rien de neutre, beaucoup d'historiens deviennent prudent avec l'objet (à juste titre selon moi).

Dès la page 10 (en fait la 2e de l'Introduction), Petitfils reprend un discours très présent dans la droite politique. Il critique les programmes d'histoire du collège qui seraient dans la repentance continuelle en évoquant uniquement les pages sombres de l'histoire.

Dès l'Introduction nous pouvons dire que Petitfils s'inscrit dans une ligne idéologique. du coup, j'ai commencé son Histoire de la France avec la sensation qu'elle est « orientée » en plus d'être « romancée ».

Un autre signe qui ne trompe pas concernant le parti-pris idéologique de Petitfils, c'est qu'il ne manque pas de tacler au passage (p. 11) l'ouvrage collectif dirigé par Patrick Boucheron, la volumineuse Histoire mondiale de la France (Seuil, 2017). Comme le sous-entend Petitfils, Boucheron et son équipe seraient des « enfants égarés de Clio ». Ah bon ?

Boucheron, professeur au Collège de France, est un universitaire très bien installé dans les institutions. L'objet de l'Histoire mondiale de la France - la France vu au travers de l'intégration des étrangers - est effectivement aussi un parti-pris idéologique (mais de gauche cette fois). Toutefois, par contre, le découpage purement chronologique - en mettant en avant des grandes dates - tout en prétendant proposer une sorte de « contre-histoire de France » rate son coup.

Le livre dirigé par Boucheron n'est pas exempt de reproches, mais la critique est un peu trop facile venant d'un Jean-Christian Petitfils qui n'a jamais caché son penchant pour l'histoire royale et religieuse. du moins, il semble voir l'Histoire de la France comme un feuilleton fait de grandes figures et de grandes dates.

Il fait le choix de commencer avec les Capétiens (soit), sans doute parce que cela entre dans les 5 éléments qu'il met en avant dans son Introduction. Éléments qu'il nomme « piliers » de notre histoire et que l'on pourrait assimiler à des « lois fondamentales » écrit-il (ah bon , rien que ça ?).

1) Un état-nation souverain et centralisé.
2) Un état de justice au service du bien commun.
3) Un état laïque aux racines chrétiennes.
4) Un état marqué par des valeurs universelles.
5) Un état multiethnique mais assimilateur.

Petitfils ose même affirmer, en détaillant son troisième pilier, que la laïcité fut à la fois un combat de l'État pour se libérer de la tutelle de l'Église, mais aussi un combat de l'Église pour se libérer du contrôle des consciences par l'État (p. 17). La laïcité voulu par l'Église ? Lorsque l'on connaît le rapport de l'Église avec la République et les tensions survenues en 1905, lors de l'application de la loi de séparation, comment Petitfils peut-il affirmer que l'Église a aussi voulu la laïcité ? Elle a plus tard rallié la République, mais après la Première Guerre mondiale.

Je laisse donc les lecteurs se faire une opinion sur ces cinq « piliers ». Ne sont-ils pas plus « politique » que « historique » ? N'importe quel historien censé ne peut pas accepter tous les aspects de cette Histoire de la France qui est ici présentée... Tout cela sent mauvais le déterminisme.

Petit détail pour finir. Dans les remerciements, il cite, outre sa femme et des amis, quelques historiens, comme Jean-Pierre Rioux (biographe de Jean Jaurès) ou Thierry Lentz. La plupart des noms cités sont des historiens politiquement au centre ou à droite. Rioux est même publiquement connu pour son adhésion au MoDem. Dès lors, ce sont des gens de sensibilité conservatrice sur le plan social et culturel, et libérale sur le plan économique, qui lui ont apportés un éclairage sur certains points de son Histoire de la France. Il y a même une grossière erreur sur l'orthographe du nom de Claude Gauvard, écrit avec un « t » au lieu d'un « d ».

Bref, Petitfils se veut le défenseur d'une histoire glorifiée, très vieille école finalement. Voyons maintenant quelques passages de son livre qui m'ont dérangés.

3. Des « oublis » et des jugements « orientés ».

Nous allons voir la méthode Petitfils : des « oublis », des jugements «orientés » et une dose de nuance pour endormir les lecteurs non-spécialistes.

Certains de ses « oublis » ne font pas honneur à l'auteur. Il ne parle pas de la répression des Juifs sous les Capétiens, où alors tellement peu que le passage m'a échappé. Récemment, l'historienne Juliette Sibon a pourtant consacré un ouvrage très intéressant sur le sujet, Chasser les Juifs pour régner (Perrin, 2016).

Une des dernières biographies de Saint Louis, pourtant relativement synthétique, celle de Sophie Delmas (Ellipses, 2017), aborde la question des Juifs (p. 33-36) et cite l'étude de Sibon dans la bibliographie. C'est donc un fait admis par les spécialistes de la période.

Mais voilà, Petitfils préfère insister sur le Saint Louis (Louis IX) « roi de justice » (p. 116) et sur son admirable personnalité. Les aspects positifs donc.

Autre exemple illustratif des positionnements « orientés » de l'auteur : François Ier (roi de 1515 à 1547). La première partie du chapitre 12 (page 219) est intitulée « François le Magnifique ». Pas beaucoup de nuances donc... Or, l'historiographie récente juge François Ier avec plus de sévérité que par le passé. Il n'était pas aussi réfléchit politiquement et bon stratège que l'enjolive la légende dorée, même si la période est faste pour les arts et les lettres. En atteste, le magnifique livre d'heures de ce roi entré au Musée du Louvre grâce à une collecte de fonds.

Concernant la Révolution, période que je connais bien, Petitfils reprend les statistiques des victimes de la Terreur dans une étude que l'historien américain Donald Greer a publiée en 1935 (et qui ne fut pas révisée depuis, comme le mentionne Sophie Wahnich dans une étude de 2003). Pour la guerre de Vendée, Petitfils cite à la fois la thèse de Sécher, qui prône un « génocide » et celle de Martin, qui parle d'un massacre, mais donne des arguments contre le qualificatif de génocide.

En quelques lignes, Petitfils montre les aspects positifs de la personnalité de Robespierre (car il lui consacre évidemment une partie). Mais, juste après, il sous-entend que c'est un chef de bande qui agit dans l'ombre et se cache derrière des décisions collectives (p. 452). Or, les décisions collectives rendent responsables l'ensemble des signataires et pas un seul, quand bien même il agirait dans l'ombre pour jouer de son influence (une loi, même dans notre Ve république, est souvent pensée par une personne plus particulièrement, mais elle sera signée parfois par plusieurs députés afin de lui donner plus de poids). Petitfils semble méconnaître les dernières biographies sur le personnage, notamment celle d'Hervé Leuwers (Fayard, 2014) et celle de Jean-Clément Martin (Perrin, 2016), car elles n'apparaissent pas dans sa bibliographie.

Encore plus surprenant (p. 453), Petitfils écrit clairement que c'est Robespierre qui envoie au Tribunal révolutionnaire les Hébertistes, ajoutant (sans que je comprenne pourquoi il fait cette remarque) que « de xénophile, la République était devenue xénophobe ». Est-ce parce qu'un révolutionnaire, originaire des Pays-Bas, a été condamné dans le lot, comme il le note ?

Plus proche de nous, Petitfils arrive à trouver des excuses au mauvais bilan de Nicolas Sarkozy, affirmant qu'il a su limiter la casse lors de la crise de 2008 (p. 1 053). Une crise dont, très concrètement, les riches sont sortis plus riches et les inégalités se sont encore davantage creusées. le chômage a doublé avant de redescendre un peu et la casse du service public a commencé. Par ailleurs, toujours sans nuances, si Petitfils dit de François Hollande qu'il est intelligent, il va ensuite faire un récit à charge de son mandat. Parmi les lois qu'il semble regretter d'avoir vu passer, celle sur le mariage pour tous (page 1 056). Il note que, malgré les centaines de milliers de personnes descendues dans la rue, la loi fut votée et inscrite au Journal Officiel.

D'ailleurs, la façon dont Petitfils parle des manifestations est très curieuse. Lorsqu'il s'agit du « peuple catholique », il donne un ordre de grandeur et il parle de « personnes ». Quant il s'agit de manifestations d'opposition aux réformes libérales, que ce soit sous Sarkozy ou Hollande, Petitfils ne donne pas réellement d'ordre de grandeur et parle de « nombreuse manifestations syndicales » (pages 1 053 et 1 057). Or, une manifestation qui regroupe 100 personnes ou 10 000 ce n'est pas la même chose. de plus, les citoyens opposés à la réforme des retraites en 2010 ou à la loi El Khomri en 2016 sont forcément rattachés aux syndicats (ce qui est un gros raccourci).

Parallèlement, Petitfils ne cache pas son approbation des réformes menées par Sarkozy, allant même jusqu'à trouvé timide sa réforme des retraites en 2010. de même, il affirme que la réforme de la Constitution en 2008 est passée inaperçue car trop technique. Or, elle fut pourtant médiatisée et je me souviens qu'elle a abouti à limiter à deux le nombre des mandats successifs d'un Président de la République, qu'elle a créé la fonction de défenseur des droits (que l'on a vu intervenir ces dernières semaines au sujet des migrants) et surtout qu'elle a permis au Président de s'exprimer devant le Parlement.

Façon habile pour Petitfils d'éviter le sujet de cette réforme, tout sauf anodine...

En résumé, il faudrait faire une analyse poussée et complète de cet ouvrage. Car le problème c'est que Petitfils est un bon écrivain, qui maîtrise les subtilités de la langue française et les méthodes des historiens. Il est capable d'enrober son récit d'un semblant de nuance pour faire passer un message idéologique.

Certes, il peut m'être objecté que Petitfils rédige une histoire sur plus d'un millénaire et que je dois le prendre en compte. Il ne peut pas tout savoir et une erreur est toujours possible. Il y a pourtant des éléments historiographiques que Petitfils ne peut pas ignorer (comme la répression des Juifs sous les Capétiens par exemple). Il semble vouloir mettre en avant principalement les aspects positifs de l'histoire de France, en nuançant parfois lorsqu'il ne peut pas prendre parti sans se révéler au grand jour (comme sur les guerres de Vendée ou le régime de Vichy).

Sur le régime de Vichy justement, le bilan qu'il en dresse (pages 846 à 849), n'est pas trop mal, et j'aurais aimé lire ce type de choses tout au long de son Histoire de la France. Petitfils cite l'ouvrage de référence de Paxton, mais s'appuie aussi sur les travaux d'historiennes comme Michèle Cointet et Bénédicte Vergez-Chaignon. Il aborde les côtés les plus sombres du régime, notamment la collaboration volontaire et zélée, mais aussi les aspects moins négatifs (comme la politique sociale).

Avec les quelques passages que j'ai présenté, vous aurez sans doute déjà compris un peu le fond de ma critique : un livre bien écrit, parfois nuancé et capable de belles analyses historiques, mais il y a - selon moi - trop d'approximations, des oublis impardonnables, et des nuances qui n'en sont finalement pas. Par exemple, Petitfils fait la louange d'un personnage en deux lignes puis en fait un portrait à charge sur deux pages, sans hésiter parfois à tordre la réalité (il fait ça notamment avec Robespierre et Hollande).

4. Mon analyse globale.

Petitfils est un indéniable conteur, doublé d'un très bon biographe (son Louis XVI a reçu un bon accueil critique parmi les historiens de profession). Seulement, dans une biographie, il est moins choquant que l'auteur exprime son attachement pour son personnage. C'est le propre du biographe que de s'investir dans son histoire.

Petitfils est donc capable du pire comme du meilleur. Bon écrivain, il a parfois su présenter des personnages en tenant compte de l'historiographie récente. Les oublis qu'il fait dans son Histoire de la France sont d'autant plus surprenants.

Pour Petitfils, méconnaître la répression des Juifs sous les Capétiens, et particulièrement sous Louis IX, c'est soit une méconnaissance de l'historiographie récente (ce que je ne crois donc pas), soit un parti-pris idéologique (ce que je crois, et ça pose un peu plus question). le problème c'est justement que Petitfils passe pour être un bon historien, dont les travaux ont été déjà salués par des universitaires.

Le « roman national » c'est une forme de propagande et de déterminisme en lui-même. C'est le choix de ne montrer que le positif, en amenant le lecteur à penser que cette histoire nationale est une suite linéaire allant toujours dans le même sens. Comme si les événements étaient inéluctables en quelque sorte. Or, la part de hasard dans l'Histoire n'est pas négligeable, et c'est un fait établit depuis l'école des Annales. Tel héritier d'un roi médiéval meurt renversé par un cochon dans une rue de Paris : hasard ou déterminisme ?

Petitfils - je n'ai pas trouvé en tout cas - ne parle pas de cet épisode, qui concerne le prince Philippe, le fils aîné de Louis VI (règne de 1108 à 1137), mort en 1131, renversé de son cheval par un cochon. Or, il a une importance, comme l'explique Pastoureau dans un livre que Petitfils pouvait connaître (Le roi tué par cochon, Seuil, 2015). Déjà, le prince Philippe était associé à son père depuis 1129 et était donc préparé à la succession. Son frère, le futur Louis VII, a plutôt été destiné à une carrière ecclésiastique. C'est ce que montre Michel Pastoureau pour expliquer que Louis VII n'était pas préparé et qu'il a fait un roi médiocre. Il pense aussi que c'est cet incident peu glorieux pour la famille royale qui a encouragé les rois suivants à adopter la Vierge et ses attributs (le bleue et la fleur de lys) comme emblèmes. Même si l'hypothèse de Pastoureau ne fait pas l'unanimité, elle a le mérite d'exister.

Petitfils est d'autant plus fallacieux qu'il maîtrise très bien la méthode historique, ainsi que la rhétorique et la langue française. Il est capable d'enrober son récit de vraisemblance, en nuançant parfois subtilement certains points, voire en critiquant la politique de certains rois (notamment Louis VII), trompant d'autant mieux la vigilance d'un lecteur non-connaisseur de l'historiographie récente en Histoire (et le lectorat de Petitfils, s'il est cultivé, est sans doute assez vieillissant et n'est certainement pas au fait des dernières hypothèses historiques).

Le livre de Petitfils s'est malheureusement déjà très bien vendu (la preuve, puisque je l'ai moi-même acheté et lu en très grande partie). D'après Édistat, les ventes cumulées en librairies et grandes surfaces, de la parution (le 21 février) au 10 juin 2018, concernent déjà 16 714 exemplaires (et le livre se vend encore très bien). Ne sont pas comptabilisées les ventes sur Internet.
Lien : http://le-cours-du-temps.ove..
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Je collectionne les livres d'histoire de France et je les lis de A à Z. Je sais, c'est parfois répétitif, mais j'apprends de nouvelles notions à chaque lecture. Celui-ci, sous-titré « le vrai roman national », fort de ses 1080 pages (sans les annexes donnant la généalogie des dynasties royales, les cartes de notre pays et une extraordinairement riche bibliographie), je l'ai dévoré en moins d'une semaine, non pas comme un roman, mais comme une série américaine à multiples rebondissements …
Cela tient sans doute à la personnalité de l'auteur, Jean-Christian Petitfils, jusqu'ici connu surtout pour ses recherches sur le XVIIème siècle et qui nous livre là une somme de référence claire, actuelle, superbement écrite, bourrée de références aux auteurs qui font autorité. Et avant tout, parce que cet auteur n'est pas un universitaire qui aurait enseigné du haut d'une chaire en suivant une doctrine ou une école de pensée. Sa carrière professionnelle, il l'a menée dans une grande banque d'affaires. J'aurais pu le rencontrer à Sciences Pô puisque nous sommes de la même promotion (mais pas de la même section), mais c'est sa soeur Marie-Annick T., qui fut une collègue de bureau dans les années 70, qui me parlait de son frère passant ses vacances de cadre supérieur à faire de la documentation à la Bibliothèque nationale …
Jean-Christian Petitfils nous aide à revisiter les gloires nationales et à redresser quelques « fake news » véhiculées par des générations de manuels scolaires et traînant encore dans certaines biographies modernes. Des portraits à l'emporte-pièce de certains personnages de notre saga nationale. C'est parfois édifiant, tout comme le survol des événements politiques des soixante dernières années, celles dont je me souviens, et de cette histoire mouvementée de deux républiques avec ses constantes, ses terribles mauvaises habitudes, ses incessants déchirements partisans.
La structure de l'ouvrage met en lumière les cinq piliers de l'identité de la France, et de leur évolution – progrès ou régression – à travers les siècles et les différents régimes politiques : le pilier de l‘Etat-Nation, souverain et centralisé, autour d'une langue unique, le pilier social d'un Etat au service du bien commun, le pilier laïque d'un pays aux racines chrétiennes, celui d'un Etat attaché aux valeurs universelles, et enfin d'un Etat assimilateur, multiethnique malgré la tentation du repli populiste.
La description des phénomènes économiques et des relations internationales, bien appréhendées par un homme de terrain, permet de comprendre notre histoire dans son contexte géopolitique.
« Quand on veut tuer un peuple, il faut d'abord détruire ses racines. » déclarait Alexandre Soljenitsine … et il s'y connaissait. Face au « déclinisme » et à la poussée des individualismes, l'auteur proclame sa confiance dans la capacité de résilience de la France, qui a su déjà, par le passé, se sortir de cataclysmes terribles avec une rapidité stupéfiante (les guerres de religion, le petit âge glaciaire, la Terreur, la fin des guerres napoléoniennes, 1870 et la Commune, la Grande Guerre, l'anéantissement de 1940, la guerre d'Algérie …). Pour Jean-Christian Petitfils, le sursaut passera pour les Français, par la réappropriation de leur propre destin, la fierté retrouvée de leur histoire. Son livre est une pierre apportée à la réédification du roman national.

Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Jean-Christian Petitfils voyage à travers le temps pour raconter les grandes lignes de l'Histoire de France. C'est très bien fait mais malheureusement oublie les débuts : les francs, Clovis, etc... pour ne commencer qu'après Charlemagne.
L'auteur raconte l'histoire positive de la France, celle qui rassemble, et non l'histoire "négative" toute en repentance, celle qui divise, qui est à la mode actuellement chez certains auteurs.
Les aspects négatifs ne sont pas oubliés (Albigeois, juifs, noirs, arabes, bretons, vendéens,...) toute médaille ayant son revers, mais l'avers (le côté des bienfaits de l'Histoire de France) est beaucoup plus garni, et de loin...
Il rappelle tous les apports de l'Histoire de France à l'humanité à tous les niveaux : sociétal, scientifique, culturel, économique...
La balance penche nettement du côté positif.
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Un livre remarquable d'érudition et une prouesse de faire tenir cette histoire de France dans un volume aussi modeste. le langage utilisé est choisi et précis, les descriptions d'ambiance surprenantes et vivantes. Et pour les long commentaires sur l'idéologie de l'historien je me demande si on trouverait les memes pour BOUCHERON pour évoquer les modernes. Car il suffit de lire BAINVILLE ou MICHELET pour savoir que l'idéologie des historiens transpire toujours de leurs écrits.
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Voilà un livre que je ne recommanderait certainement pas, car Jean-Christian Petitfils, nous livre sa version très idéologisée de l'histoire de France. A ne pas lire !!!
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critiques presse (2)
LaCroix
11 avril 2018
L’historien Jean-Christian Petitfils livre une fresque vivante de l’Histoire de la France, montrant comment son identité s’est façonnée autour de piliers, constituant au fil des siècles un « vrai roman national ».
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeFigaro
23 février 2018
Le débat sur l'histoire nationale a pour enjeu majeur de définir une certaine idée de la France. La polémique se poursuit avec le nouvel ouvrage de Jean-Christian Petitfils.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Quand elle apprit la terrible nouvelle, avec l'arrivée à vive allure dans la cour du Louvre du carrosse qui contenait le corps inerte et ensanglanté de son mari, la reine eut une crise de nerfs, répétant au milieu des cris de désespoir : "Le roi est mort, le roi est mort !" Digne et solennel, le chancelier Brulart de Sillery lui répondit, en désignant son fils aîné âgé de huit ans et demi : "Votre Majesté m'excusera, mais le roi ne meurt point en France. Voilà le roi vivant, Madame !"
Cette phrase montre à elle seule la différence entre le drame de la rue de la Ferronnerie, qui ne remettrait pas en cause l'avenir de la dynastie, et celui du château de Saint-Cloud, vingt et un ans plus tôt, qui avait frappé la légitimité royale, renversé l'Etat et placé le pays en situation de péril absolu. Le crime de Ravaillac, qui, certes, bouleversa la France jusqu'aux plus lointaines chaumières, n'eut donc pas de conséquences aussi graves que celui de Jacques Clément, même si, dans les deux cas, porter atteinte à la personne sacrée du souverain revenait à ôter la pierre d'angle de la cathédrale sociale, au risque de menacer l'édifice entier.
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Roman national ! Vous avez dit roman national ! Pour un peu il faudrait s’excuser ! À l’heure de l’Europe et de la « mondialisation heureuse », ne serait-ce pas renouer avec le nationalisme désuet et outrancier, le chauvinisme frileux et « ringard » des manuels de la IIIe République ? Pareille entreprise ne recueille aujourd’hui que mépris de la part de certains journalistes et universitaires ...

Quelques enfants égarés de Clio, sans doute intoxiqués par les récupérations politiciennes et l’instrumentalisation du « devoir de mémoire » par la morale, voudraient, dans une bonne conscience absolue, réduire notre destin à un affrontement manichéen des forces du Bien et du Mal et faire de son enseignement un cours de repentance permanent, invitant les collégiens à n’en retenir que les pages les plus sombres : l’esclavage, les traites négrières, les ravages de la colonisation, le régime de Vichy…, toujours dans le registre convenu de l’indignation, de la compassion et du dolorisme communautaire. Tant de postures partisanes mènent à la confusion.
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Contrairement au cérémonieux maréchal de Mac Mahon, duc de Magenta, il n'aimait ni le faste ni les réceptions. Il voulut être un président ordinaire, et il le fut en effet, non sans une certaine dose de médiocre indolence et d'inconvenante absence de savoir-vivre. (...) La seule prérogative à laquelle il tenait était la possibilité de choisir les ministres en fonction de ses préférences, et, disons-le, de ses mesquineries.
Note du contributeur Babelio : L'auteur parle de Jules Grévy, président de la République (1878-1887) et non de celui auquel vous pensiez...
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"Quoi d'étonnant, disait-il (G. Pompidou Note du babéliste) le 14 mai devant l'Assemblée nationale, si le besoin de l'homme de croire à quelque chose, d'avoir solidement ancrés en soi quelques principes fondamentaux se trouve contrarié par la remise en cause constante de tout sur quoi l'humanité s'et appuyée pendant des siècles : la famille est souvent dissoute, en tout cas relâchée, la patrie discutée, souvent niée. Dieu est mort pour beaucoup et l'Église elle-même s'interroge sur les voies à suivre et bouleverse les traditions."
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L'amour de notre patrie, disait-il encore (Jean Jaurès, Note du contributeur), est sans doute celui qui s'accorde le mieux avec le respect de la personne et le culte de l'humanité.
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Videos de Jean-Christian Petitfils (38) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Christian Petitfils
https://www.laprocure.com/product/1412535/petitfils-jean-christian-jesus
Jésus Jean-Christian Petitfils, Vincent Ravalec (illustrateur) Éditions Fayard
« J'en ai profité pour actualiser le livre [Jésus, 2011] avec les derniers travaux, notamment dans tout ce qui a été fait à Nazareth par l'archéologue Ken Dark – on a retrouvé, on en est à peu près certains, la maison de Marie et Joseph, là où Jésus a vécu, donc à Nazareth – et puis, donc, de l'ouvrir à un public différent, peut-être plus vaste, par ces illustrations. Alors ces illustrations, en effet, elles sont nombreuses. Elles accompagnent le texte et elles ont pour but d'immerger le lecteur dans le texte, et ça a été conçu de cette façon-là par Vincent Ravalec [Illustrateur] et son équipe, qui travaille avec une équipe et qui a utilisé les mécanismes de l'intelligence artificielle. Mais je dirais que c'est une intelligence artificielle contrôlée, très contrôlée… »
©Jean-Christian Petitfils, pour la librairie La Procure Animation, Guillaume Vanier, libraire à La Procure
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