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Ce livre est plus et mieux qu'une biographie supplémentaire du dernier roi de France de l'Ancien Régime. Un Roi, au sens plein du terme, n'est pas une personne privée : tous ses actes, même les plus intimes, appartiennent au public auquel il est comme livré par son sacre. C'était bien ce que refusaient Louis XVI et Marie-Antoinette, qui inventa d'après l'auteur la "princesse moderne", revendiquant pour elle-même le droit d'avoir une vie privée que le système de Versailles ne lui accordait pas plus qu'à son mari. Ce système, mis au point par Louis XIV, consistait à faire miroiter à la noblesse du royaume la promesse de grâces, de pensions, de promotions, données au meilleur courtisan. Or Louis XVI et Marie-Antoinette rechignaient à se montrer à leur Cour, se retiraient trop souvent avec les mêmes amis intimes, comme des personnes privées, décourageant cette noblesse française toujours prête à se rebeller contre le pouvoir central. Dans le duel que se livraient depuis un siècle la Cour et la Ville, la Ville l'avait emporté haut la main. le récit des années qui conduisent à la révolution aristocratique et parlementaire éclaire et reprend les textes magnifiques de François Furet, dans le premier volume de son histoire. Il revenait cependant au biographe de faire pénétrer le lecteur dans l'univers mental, personnel, intellectuel et spirituel du Roi, et de lui faire voir par ses yeux, en détail, la décadence et la destruction de la monarchie qu'il incarnait. On rencontre grâce à l'auteur un Roi homme des Lumières, qui communie par bien des côtés avec ses contemporains (loin d'être le fossile absolutiste égaré dans une époque de progrès, comme on l'a cru) ; on voit aussi vivre et mourir un chrétien fervent, qui configure sa mort à celle du Christ. Cette mort, longuement préparée par cet homme profondément spirituel et religieux, donne à réfléchir sur le véritable état de la piété chrétienne au XVIII°s en France, peut-être masqué par un libertinage tapageur auquel l'histoire a pu faire trop de place. Louis XVI mourant atteint par là, semble-t-il, sa vraie grandeur, qui contraste avec la bassesse de ses ennemis politicards, précurseurs d'une engeance de massacreurs à justes causes et à bonne conscience. Ce livre donne une excellente leçon d'histoire, d'humanité, et de méditation sur les rôles respectifs des bourreaux et des victimes.
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