AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,16

sur 2069 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce qu'il faut de nuit
Au-dessus des arbres,
Ce qu'il faut de fruits
Aux tables de marbre,
Ce qu'il faut d'obscur
Pour que le sang batte ,
Ce qu'il faut de pur
Au coeur écarlate ,
Ce qu'il faut de jour
Sur la page blanche,
Ce qu'il faut d'amour
Au fond du silence(...)


Jules Supervielle

Après toutes ces belles et nombreuses critiques, je serai brève : un roman fulgurant, qui capture le coeur du lecteur dès le début . Pourtant, le ressenti du père nous est livré avec une grande sobriété, en phrases simples, comme s'il voulait tenir à distance les émotions qui le submergent et qu'il n'arrive pas à exprimer. le drame familial, on le sent monter crescendo. le deuil qui déséquilibre tout, le quotidien fragile et gris , les difficultés de communication entre père et fils, l'aveuglement d'une jeunesse embarquée dans l'extrémisme, sont au coeur de cette histoire poignante, à la fin bouleversante.
Commenter  J’apprécie          577
J'aimais déjà beaucoup l'image de couverture choisie par La Manufacture de livres, celle du Livre de Poche est quant à elle absolument sublime. Elle aurait suffi à elle seule à m'attirer vers le roman de Laurent Petitmangin mais pour tout vous dire c'est le titre qui, dès le mois d'août 2020, lors de sa sortie, m'a fait dire que ce roman ferait partie de mes lectures. J'ai entendu, comme beaucoup d'entre vous, le premier vers du magnifique « Vivre encore » de Jules Supervielle et l'affaire était pliée. Plusieurs mois ont passé , je me suis sagement tenue éloignée des critiques et, si j'en ai parfois croisé certaines, je ne les ai lues qu'en diagonale pour me réserver le plaisir de la découverte. Bien m'en a pris. J'ai accueilli ce texte comme il venait, sans a priori, presque sans attentes, ouverte à tous les possibles, à tel point que je n'avais pas envisagé que l'histoire partirait dans la direction choisie par l'auteur. Je supposais néanmoins qu'il s'agissait d'un roman très ancré dans notre société, et c'est le cas. Incontestablement bien écrit, Ce qu'il faut de nuit montre qu'il n'est pas nécessaire de faire dans la longueur pour marquer les esprits. Alors, certes, en à peine 140 pages, je ne peux pas dire que je me suis réellement attachée aux personnages mais j'ai senti leur détresse et leur colère, j'ai trouvé intelligents les blancs laissés par l'auteur, car ils disent la difficile communication intrafamiliale, et j'ai apprécié l'originalité du thème. Si j'étais « presque sans attentes », c'est qu'en réalité, j'en avais une : un style plus poétique, en accord avec le titre si délicat…
Je remercie chaleureusement Babelio et les Éditions du Livre de Poche pour cette lecture !

Lien : http://aperto-libro.over-blo..
Commenter  J’apprécie          552
Justesse des mots. Poids des actes. Phrases très courtes entre deux points. Virgule unique pour déglutir, pour cogiter, pas juger.
C'est arrivé dans la vraie vie. A qui ? A lui, à toi, à moi. On ne sait jamais.
Ces pages comme des pastilles digestives. Il suffit de les avaler pour comprendre ce qui s'est passé, ce qui fait de la peine, qui fauche, qui anéantit tout ce que tu croyais être bien.
Mais comprendre « pourquoi », c'est plus compliqué.
Ou t'as merdé ? C'est pas de ta faute si ta femme a eu un cancer. T'as assuré, après avec tes deux gosses. T'es allé au foot et tout…
« On est bien rendus, hein, avec leurs conneries ».
Derrière la colère la culpabilité est mal cachée. C'était nos conneries à nous. de ce qu'on avait fait et surtout pas fait.
Un max de taule pour son ainé quand tout a déraillé.

Roman touchant par l'authenticité des sentiments sans grandiloquence, je fais un parallèle avec le roman : « Leurs enfants après eux » de Nicolas Mathieu, non pas par la taille du livre mais par la force des auteurs à « faire passer » des émotions que j'ai vécues, des impressions qui me ressemblent.

Heureusement que chaque jour procure davantage de bonheur à « Ce qu'il faut de nuit ». Interrupteur.

Commenter  J’apprécie          542
Après le décès de sa femme, « la moman », un père se retrouve seul avec ses deux fils, Fus (Frédéric, qui doit son surnom au mot allemand désignant le foot), l'aîné, et Gillou, dans une petite ville de Lorraine. le père, cheminot, est un des piliers de la section locale du Parti socialiste et va être complètement désarçonné par les choix politiques de son aîné, qui vont provoquer des malheurs à la chaîne. ● Pour moi, le roman avait très mal démarré avec la thématique du football, qui ne m'intéresse absolument pas. Heureusement, le monologue du père se poursuit sur des considérations tout autres. ● le coup de génie du roman est l'ellipse qui intervient à peu près au deux tiers du livre et qui m'a laissé stupéfait. Une telle construction coupe radicalement la linéarité du monologue et est très ingénieuse, faisant se poser beaucoup de questions au lecteur. ● L'autre caractéristique de l'oeuvre est sa grande sensibilité, qui repose non sur des phrases grandiloquentes mais au contraire sur une petite musique douce qui se fait entendre peu à peu et sur le personnage de taiseux du père dont la voix est paradoxalement la seule qui nous parle. ● L'amour paternel n'est pas un thème si fréquent dans la littérature et ici il est superbement mis en scène, dans un récit subtil dénué de tout pathos.
Commenter  J’apprécie          514
C'est la signature de la Manufacture : des romans qui percutent. L'admirable premier roman de Laurent Petitmangin ne déroge pas à la règle.
Ça se passe en Moselle mais, particularismes du langage mis à part, ce serait pareil à Brest ou à Marseille. On a beau faire notre possible, nos enfants nous échappent. C'est toute l'ingratitude de la condition de parent : préparez-vous à sourire mais aussi à souffrir.
À partir de quel moment cet enfant, qu'on a élevé et chéri, devient une créature autonome ? Qu'est-ce qui concourt à en faire un ange ou un démon ? Quelle est la part de responsabilité de celui qui héberge, n'ayant aucune prise sur l'environnement ? L'amour du père peut-il excuser les faux pas du fils ? À toutes ces questions, le roman de Laurent Petitmangin tente d'apporter des éléments de réponse.
Des éléments, seulement, parce qu'on est ici dans la vraie vie. le drame n'est pas repassé au vernis du spectaculaire. La mère, morte d'un cancer, ne s'est pas battue, elle n'a pas dit « je ne vais rien lâcher » comme une abrutie de la téléréalité. le fils traîne avec des connards du FN et son père se demande en vertu de quoi il devrait être indulgent avec lui. Car il arrive aux cow-boys de douter de leur bon droit et aux indiens, d'être plus cruel qu'on ne l'imagine. Et réciproquement.
Dans un style qui se peaufine au fil de son récit, Laurent Petitmangin a fait d'une vie ordinaire, suite de petits riens, un destin extraordinaire qui renseigne sur notre humanité.
Bilan : 🌹🌹
Commenter  J’apprécie          501
Lecture en apnée, le coeur au bord des lèvres de ce beau et brut roman social d'une sincérité bouleversante.
On entre immédiatement en empathie avec ce père, ouvrier lorrain militant socialiste de la première heure, qui raconte son drame, son veuvage, son amour inconditionnel pour ces deux garçons, sa gestion malhabile et taiseuse de celui qui s'éloigne. Sa colère, sa culpabilité, sa douleur.
C'est magnifiquement sensible, et cela dit beaucoup de la France d'aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          460
Un père se retrouve à élever seul ses deux fils suite au décès de sa femme. le père va essayer de faire de son mieux pour les éduquer, il va leur inculquer des valeurs,… mais en grandissant les enfants commencent à faire leurs propres choix sur leurs fréquentations, prendre un chemin qui ne va toujours être celui que leur père aurait souhaité et imaginé. Des distances, des incompréhensions quand ce père socialiste voit un de ses fils se rapprocher de personnes d'extrême droite. Un évènement va se passer mettant encore plus à l'épreuve cette relation.
Un premier roman impressionnant et marquant. Dès les premières pages, l'auteur arrive à nous bouleverser. Il arrive à nous faire ressentir le tiraillement de se père entre la vie et les faits commis par son fils qui sont totalement éloignés de ses convictions et l'amour qu'il lui porte car il reste quoi qu'il arrive son fils. La fin (les 2 dernières pages) est juste poignante, on termine cette lecture la gorge nouée. On ne peut pas rester insensible à cette histoire.
Commenter  J’apprécie          440
Ce qu'il faut de nuit
Ce qu'il faut de vie
Ce qu'il faut de contrariétés
Ce qu'il faut d'amitié
Ce qu'il faut de doutes
Ce qu'il faut de foot
Ce qu'il faut de peine
Ce qu'il faut de Lorraine
Ce qu'il faut d'erreurs
Ce qu'il faut de profondeur
Ce qu'il faut de perte de vitesse
Ce qu'il faut de tendresse
Ce qu'il faut de mots
Ce qu'il faut de silences
Ce qu'il faut d'amour
Toujours.
L'amour d'un père envers ses deux fils.
Un contexte social délabré. Un trio diminué.
Déjà amputé de la douceur d'une mère, d'une épouse.
Le populisme s'est invité ; la spirale infernale s'est armée.
Elle emporte avec elle toutes les repères d'un père.

Tout en finesse, avec beaucoup de pudeur, Laurent Petitmangin écrit un premier roman bouleversant.

Merci à La manufacture des livres pour les plumes talentueuses dénichées. Pour celle-ci entre autres.
Merci Laurent Petitmangin pour ce déchirant sublime premier roman. Permettez-moi cette petite aparté anecdotique ; nous travaillons pour la même entreprise, alors je me dis que nous aurons peut-être l'occasion de nous rencontrer.

Ce qu'il faut de nuit a reçu le Prix Stanislas 2020. Un prix qui récompense le meilleur premier roman de la rentrée littéraire. Chapeau bas.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          424
C'est un court roman, presqu'une novella, sur ce que certains appellent la destinée et d'autres tout simplement la vie, comme elle vient et comme elle s'impose. Une histoire de famille lorraine, modeste mais unie, où rien ne s'est finalement passé comme prévu.

C'est un court roman, presqu'une novella, où l'usine est le salut, la section locale le lieu de lien social, le terrain de foot la sortie du dimanche, la bibine une tentation récurrente, l'ascension sociale de ses descendants un rêve paternel.

C'est un court roman, presqu'une novella, sur l'histoire de Fus, fils d'ouvrier et orphelin de mère, appelé à marcher dans les traces de son père mais s'en éloignant peu à peu, personnalisant parfaitement la théorie des extrêmes politiques pas si opposés que cela, délaissant le rose pour se rapprocher du brun, quittant la routine pour basculer dans le drame.

C'est un court roman, presqu'une novella, portrait réaliste et douloureux d'un père peu préparé à son destin, qui fait ce qu'il peut jusqu'à ce qu'il ne puisse plus, dont les enfants deviennent des hommes, dont les enfants deviennent des étrangers, et qui n'y peut rien.

C'est un court roman, presqu'une novella, dont l'atmosphère sociale te rappelle forcément Brunet et Adam, Mathieu ou Chalandon. Mais pourquoi toujours chercher des références ? C'est juste un court roman, presqu'une novella, qui révèle un auteur déjà largement et justement récompensé, dont il nous tarde de lire le prochain opus, en l'espérant un peu plus long.
Commenter  J’apprécie          410
On s'invite au début dans la petite vie d'une famille dont la résilience fait chaud au coeur. En dépit de la mort prématurée de sa femme, le père à l'air d'assumer plutôt bien son nouveau rôle malgré sa condition sociale qu'on rangerait volontiers dans la case des « défavorisés ». Et puis, le récit prend un virage; le père sent bien que les relations familiales se détériorent mais il se sent complètement impuissant à redresser la situation… La suite, je vous la laisse lire mais j'avoue avoir été assez déstabilisée par les événements qui s'enchaînent sans crier gare.
J'ai trouvé dans ce roman beaucoup de bonnes choses qui justifient sans doute le prix que l'auteur a reçu. Par contre, j'ai tiqué un peu sur le déséquilibre des échelles de temps: alors que la première moitié du roman nous fait entrer petit à petit dans l'univers des protagonistes , la deuxième moitié télescope les événements dans le temps; sans parler de la finale qui m'a paru très invraisemblable et bâclée mais a l'avantage clore le roman en laissant la porte ouverte à toutes les imaginations… Ça m'a donné l'impression que l'auteur avait perdu la foi en ses personnages, ou plutôt qu'ils lui échappaient (comme le fils aîné du roman a échappé à son père), qu'ils étaient devenus trop encombrants et qu'il fallait en finir au plus vite.
Commenter  J’apprécie          400




Lecteurs (3712) Voir plus




{* *}