Quel fumier avait pu faire une chose pareille ? Il imaginait la panique et l’horreur que la petite avait ressenties juste avant que les mains la saisissent à la gorge ou que la lame lui déchire la peau. Il alluma une Rothmans et s’efforça de ravaler l’empathie qu’il éprouvait pour elle. Autrement, il le savait bien, une souffrance aiguë l’envahirait, suivie d’un sentiment d’impuissance et de frustration.
Il était pour sa part un limier, il avait commis un tas d’erreurs stupides et en avait payé les conséquences en essayant de tenir la vie à une distance de sécurité. Mais son chef avait la morale d’un bouledogue, une morale qui ne correspondait pas nécessairement à celle des tribunaux. Il l’appliquait froidement sans se soucier des répercussions.
Le meurtre n’avait probablement pas été commis sur place : il n’y avait ni empreintes ni traces d’aucune sorte par terre. L’examen des vêtements de la victime n’avait rien livré non plus, à l’exception d’un papier de bonbon glissé dans la poche du jean. Il fallait passer le ravin au crible et interroger tout le monde sur un rayon de cinq cents mètres. Difficile de ne pas remarquer un fumier s’acharnant sur une fillette.
La vision d’une portion de mer, au loin, lui causa un fourmillement au creux de l’estomac. Ces maudits comprimés n’avaient aucun effet. Le technicien écarta le pan de tissu qui recouvrait le cadavre afin que Denis puisse voir le visage.