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EAN : 9791034818761
228 pages
Evidence Editions (21/05/2021)
4.63/5   100 notes
Résumé :
Un roman noir glaçant, pour ne jamais oublier.
L'histoire d'un homme qui a vu la construction et la libération du plus grand camp d'extermination de femmes du IIIème Reich, un homme qui a vécu des deux côtés des barbelés et qui a eu la vie sauve grâce à son art.
Gunther, jeune allemand opposé au régime nazi, excelle dans l'art du dessin.
Il se retrouve promu illustrateur officiel du camp de Ravensbrück, son œil d'artiste interprète la vie et s... >Voir plus
Que lire après Ils étaient vingt et cent...Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (69) Voir plus Ajouter une critique
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J'avais quitté Stanislas Petrosky avec le réjouissant prêtre déjanté, Requiem, et une écriture truculente à la Frédéric Dard.
Changement d'écriture, de style, de braquet. Fini de rire avec ce roman «  devoir de mémoire » dont on sent à quel point il tient à coeur à l'auteur.

Ce dernier s'est plongé dans l'histoire du camp nazi de Ravensbrück, 80 km au Nord de Berlin, fonctionnant de 1939 à 1945, un camp de concentration réservé aux femmes : 132.000 déportées ( dont les Françaises résistances du Panthéon, Geneviève Anthonioz - De Gaulle et l'ethnologue Germaine Tillion, entre autres ) surtout Polonaises, 90.000 y meurent.

L'ultra documentation est judicieusement utilisée, sans lourdeur ou sans effet plaqué. Cela permet à l'auteur d'apporter de la profondeur contextuelle à son propos en décrivant toute l'horreur du camp : les sévices ordinaires, les expériences médicales sur l'efficacité des sulfamides dans le traitement des blessures de guerre, les mutilations qui en découlent, le camp d'enfants, les fours crématoires, la chambre à gaz à partir d'automne 1944. Les personnages «  secondaires » du roman ont tous existé : l'intendant du centre industriel Gustav Binder, la gardienne sadique Maria Mandl ou l'effrayant médecin Karl Gebhardt.

Rien n'est édulcoré dans ce roman, ni dans l'écriture qui donne à voir, à sentir, à trembler, à vomir, ni dans le choix des anecdotes, terribles. Au contraire, Stanislas Petrosky y va à fond en faisant le choix d'un personnage qui lui permet d'explorer le mal en face, sans oeillère, les yeux dans les yeux : son narrateur, Gunther, jeune Allemand enrôlé de force par son père comme travailleur pour l'armée allemande. Même s'il ne partage pas les idées nazies, il se retrouve contraint à construire le camp puis à traverser son histoire en tant qu'illustrateur «  officiel » une fois que ses talents de dessinateurs sont repérés par les administrateurs du camp. 

Il est L Oeil, celui à qui les SS demandent un dessin « souvenir » ou «  trophée » de leur crime dans un orgueil de bourreau délirant. Celui qui est subi, qui est lâche, celui qui se pose des questions en permanence : pourquoi tombe-t-il amoureux dans ce lieu maudit ? Est-il en train de s'habituer à cet enfer ? Perd-il tout sens moral se laissant contaminer par le système concentrationnaire ? Ce personnage est d'autant plus passionnant qu'il entreprend le projet d'être le témoin de toute cette barbarie lorsque la guerre sera finie.

«  Je pris conscience qu'ici, je dessinerais beaucoup plus de cadavres que de femmes vivantes. J'étais hanté par l'idée que ces femmes qui mouraient par centaines dans l'anonymat avaient eu une vie, une famille, des amis qui les avaient aimées. C'était comme si elles s'évanouissaient dans la nature. Plus aucune trace d'elles sue terre. Je décidai de rendre mes dessins les plus réalistes possible, autant pour garder un souvenir de ces personnes qui tombaient dans l'oubli, que dans le but de mettre mal à l'aise ceux qui seraient appelés à regarder ces visages et ces corps torturés. A partir de ce moment, j'ajoutai de la couleur à mes croquis, afin de les rendre plus vrais encore, j'avais l'impression de leur donner de la vie. (...) je voulais que l'on soit aussitôt frappé en regardant mes dessins, que l'horreur des scènes saute aux yeux, alors je ne donnai couleurs qu'au sang, à la maladie, aux coups et à la pourriture. »

De nombreuses scènes sont terrifiantes et insoutenables, il y en a beaucoup, ça secouent. Je me suis posée la question de la nécessité d'en mettre autant, sans avoir de réponse immédiate. C'est rare un tel réalisme, même sur un sujet aussi difficile ( et j'ai lu énormément sur la Shoah ). J'ai donc décidé sagement de laisser reposer cette lecture et un mois après, je me dis que l'auteur est parvenu à trouver un équilibre de funambule, toujours sur le fil du pathos et du gore mais sans s'y goberger, avec sincérité. Au final, les images de ce roman resteront imprimées en moi. Devoir de mémoire.

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L'auteur de Requiem, ce prêtre exorciste que nous sommes nombreux à suivre, dont l'écriture légère, dynamique et drôle me ravit, est un être multiple, comme tout un chacun il a sa part d'ombre.

Voici donc «Ils étaient vingt et cent», un roman-témoignage poignant sur le tristement célèbre camp de Ravensbrück.

Je ressors de ce livre bouleversé et en colère, comme à chaque fois que je lis un «grand» livre traitant de ce sujet. Car c'est un grand livre, l'horreur des camps y est retranscrite «formidablement», merci M.petrosky il pleut sur mes lunettes quand je vous lis...

Quand on pense que prés d'un quart des jeunes Français ans ne savent pas ce qu'est la Shoah, je suis en colère surtout que la bête n'est pas morte elle est là tapis prête à ressurgir, souvenirs, attention, danger.
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Un livre qui porte bien son titre, aussi troublant que la chanson de Ferrat. Magnifique, le journal ou le bilan d'un vieil homme, qui se fait un devoir de raconter son parcours en camp comme illustrateur, un allemand qui par sa bonté et son amour de la vie portera le pyjama rayé. on vit avec lui son impuissance face à la barbarie, sa peur, son amour et enfin sa tristesse et son impossibilité à vivre l' "après". On en oublie que c'est une fiction, l'auteur a vraiment su se glisser dans la peau de Gunter avec brio!!
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Je suis ressortie complètement vidée par cette lecture et révoltée.

Un livre troublant, comme la chanson de Ferrat, qui malgré les années qui passent, demeure un hymne à la mémoire.

L'horreur des camps y est criante de vérité au point que je n'ai pu retenir mes larmes. Un livre à mettre entre toutes les mains, pour ne jamais oublier, surtout en ces périodes où il suffit de peu pour que l'être humain rebascule dans l'horreur.

Gunther a 99 ans et partage ce qu'il a vécu il y a 80 ans. Il ne doit sa vie sauve qu'a la pointe de son fusain, en dessinant les horreurs qu'il côtoie. Il a connu la construction et la libération, du camps de Ravensbrück, le plus grand camps d'extermination de femmes du IIIème Reich.

A aucun moment on ne pense que c'est une fiction, tellement l'auteur a donné vie à l'horreur.C'est poignant, dur, horrible, mais nécessaire.

Un témoignage-fiction d'une grande intensité, bouleversant, révoltant…

Lien : https://julitlesmots.com/201..
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Autre roman dévoré grâce à French Pulp Éditions : Ils étaient vingt et cent... de Stanislas Petrosky.
Gunther, jeune allemand opposé au régime nazi, excelle dans l'art du dessin.
Il se retrouve promu illustrateur officiel du camp de Ravensbrück, son oeil d'artiste interprète la vie et surtout la mort....
Ils étaient vingt et cent... est un roman noir glaçant, pour ne jamais oublier ce qui s'est déroulé dans les camps de concentration, il n'y a pas si longtemps que ça.
J'ai découvert Stanislas Petrosky avec sa série Requiem, où il excelle dans l'humour noir. Quelle surprise de le retrouver avec un roman certes noir mais surtout chargé en émotion et en histoire.
Nous découvrons un jeune allemand qui va faire son service militaire dans le camp de Ravensbrück. Il participe à la construction du camp, sans savoir à quoi serviront les bâtiments. Il a un bon coup de crayon et grâce à cela, il va devenir l'illustrateur officiel du camp. Il ne participe pas aux horreurs mais il les voit et c'est déjà beaucoup.
Il veut en montrer le plus possible alors il dessine beaucoup de choses et les cache avec pour idée de les montrer au monde entier.
J'ai été très touchée par ce roman. J'ai lu énormément d'ouvrages (romans et témoignages) se déroulant lors de la seconde guerre mondiale, y compris dans le camp de Ravensbrück.
Ce qui original ici c'est qu'on découvre le point de vue d'un jeune allemand, là sans avoir rien demandé. Nous avons tendance à penser que tous les allemands étaient des SS dans l'âme et ont souhaités la guerre. Il est facile de faire un tel raccourci. Or, beaucoup d'allemands n'ont rien demandé et n'étaient pas plus d'accord que nous français pour la vivre, cette guerre !
Il est donc intéressant de lire le point de vue d'un jeune homme qui est du mauvais coté de l'histoire.
Dès le départ, nous savons que Gunther aura la vie sauve car il fête son anniversaire au début du roman.. et il a atteint un grand age. Cela n'est pas choquant car quelque part c'est lui aussi une victime, il a certes vu mais il n'a pas participé. Et il aura du vivre toute sa vie avec le souvenir des horreurs qu'il a vu.
C'est un roman extrêmement bien ficelé et très réaliste, qui m'a beaucoup touché. Il est de toute façon difficile de rester indifférent face à ce genre de lecture.
Pour moi, Ils étaient vingt et cent... de Stanislas Petrosky est vraiment à lire, en espérant que de telles horreurs ne se reproduisent jamais.
Ma note : 5 étoiles.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Mes larmes coulaient et je les laissais tomber sur mon esquisse. Elles m'aidaient, je m'en servais pour estomper, diluer les gris. Du doigt j'étalais mon dégoût des hommes.
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C'est pour ça que j'ai voulu tout raconter, que vous sachiez. J'ai lu, dans "Le Monde", que 51 % des lycéens ignorent la signification du mot "Shoah", maintenant, vous pouvez leur expliquer, il reste encore quelques survivants...
N'oubliez jamais que la bête n'est pas morte, elle dort, son sommeil n'est pas si profond... Prenez garde à ce que personne ne la réveille...
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Contrairement aux autres camps de concentration et d'extermination, le commandement de Ravensbrück "cachait" la plupart des assassinats. Dans les autres KZ, c'était sans aucune discrétion que les détenus étaient abattus. A Ravensbrück de l'extérieur, on ne se doutait de rien. Il fallait pénétrer dans cet enfer pour comprendre ce qui s'y passait réellement. Le but de cette mascarade était simplement de ne pas créer la panique chez les groupes industriels présents dans le camp. Certains, très appréciés dans l"économie du pays, n'auraient pas apprécié de savoir comment on traitait les prisonnières qui travaillaient pour eux. Même en temps de guerre, on pensait à son image de marque. Et il ne fallait surtout pas paralyser l'Allemagne en ces temps de conflit. Alors on masquait la vérité, on essayait de faire croire qu'ici ce n'était pas un camp d'extermination, mais un camp de travail.
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Mes larmes coulaient et je les laissais tomber sur mon esquisse. Elles m'aidaient, je m'en servais pour estomper, diluer les gris. Du doigt, j'étalais mon dégoût des hommes.
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Hugo Boss,cela vous dit quelque chose?
Cette grande marque à la mode que vous portez aujourd'hui...son fondateur était un Förderndes Mitglied der SS,c'est à dire qu'il était membre de la SS,il ne prenait pas part au service actif,il l'a soutenait financièrement, cet homme était un nazi ,il a fait travailler des prisonniers, bien sûr il n'était pas le seul et c'est de l'histoire ancienne vous allez me dire.....
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Videos de Stanislas Petrosky (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stanislas Petrosky
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