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Terje Sinding (Traducteur)
EAN : 9782842421342
240 pages
Éd. Circé (28/05/2002)
3.78/5   9 notes
Résumé :
Frederikshavn, un port du Danemark dans les plaines sableuses du Jutland. Les vaches dorment dans l'étable, dehors la lune promène sur le paysage enneigé un oeil unique. Sur une carriole, une petite fille grelotte à côté de son grand-père. Bien sûr, elle porte des tresses. L'écrivain Martin Andersen Nexø flotte, ombre tutélaire, au-dessus de ce roman, et l'impression de s'être égaré dans une vieille carte postale est d'abord tenace. Comme si on s'était lancé à l'ave... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La première partie de ce roman nous entraîne dans un petit port du Danemark de l'entre deux guerres où vit la famille Mogensen. Magnus, le père est un homme effacé devenu malgré lui menuisier à la ville alors qu'il se rêvait paysan comme ses parents. Marié à Inge, une bigote qui compose des cantiques sur son piano, ils ont deux enfants, Jasper et sa petite soeur, la narratrice, dont nous ne connaîtrons jamais le prénom.

Trois ans les séparent et une tendre complicité unit depuis toujours les deux enfants . Pendant que Jasper a pour seule ambition de devenir un prolétaire socialiste rêvant de rejoindre les Républicains espagnols qui luttent contre Franco, sa soeur, très bonne élève, n'a qu'un souhait, celui de partir loin de leur univers étriqué jusqu'en Sibérie.

L'adolescence ne fait que renforcer ce lien. Pendant que l'un rêve de partir au Maroc, l'autre s'imagine voyageant dans le Transsibérien. L'invasion allemande va précipiter les choses. Résistant, Jesper passera les deux dernières années de la guerre en Suède avant de concrétiser son rêve et de partir pour le Maroc. Copenhague, Stockholm, Oslo seront les étapes qui attendent sa soeur à la sortie de la guerre. Elle y vivra de différents petits boulots, toujours tenaillée par l'espoir de revoir son frère. Après ces temps confus, ils auraient dû enfin se retrouver au domicile familial. de cette cruelle absence au rendez-vous découle sans doute ce prénom jamais cité, la soeur reste à jamais amputée d'une immense partie d'elle-même.

Voilà un joli roman d'apprentissage, celui d'une petite fille marquée à jamais par la personnalité intrépide de son frère et par le trouble attachement qui la lie à lui. La narratrice se rémémore par petites touches les moments clefs de leur enfance jusqu'à leur séparation. Loin d'être une histoire fouillée, ce qu'on pourrait regretter, le tableau s'apparente plus à une séries de fondus enchaînés qui se jouent de la chronicité pour ne retenir que les émotions et les sensations qui ont accompagné les principaux événements des enfants Mogensen.
On passe de la naîveté enfantine à l'audace adolescente, de l'insouciance à l'émancipation politique ou amoureuse, du futile au drame, sans pesanteur ni sentimentalisme, grâce à un subtil mélange d'humour et de nostalgie. Et çà et là, on croise au détour des pages quelques beaux noms de la littérature, Andersen, Ibsen, Stig Dagerman, Hemingway, Malraux.

Une pudique déclinaison du lien frère-soeur et un sobre et un beau portrait de femme. Une fille qui aime les livres et rêve de Sibérie et de Transsibérien ne pouvait me laisser indifférente !
Jusqu'en Sibérie est un des premiers romans de l'auteur et préfigure le thème de prédilection qui semble marqué l'oeuvre de Per Petterson. J'avais déjà beaucoup apprécié l'atmosphère de "Pas facile de voler des chevaux".
Le titre du dernier roman de l'auteur parle de lui-même - Maudit soit le fleuve du temps - et vient de sortir en poche. Il attend sagement dans ma pile.

Lien : http://moustafette.canalblog..
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De cet auteur norvégien, j'avais lu "Je refuse"un magnifique roman sur une amitié masculine tout en mélancolie et en émotion. Et quand j'ai repéré ce livre dans un rayon d'un magasin de seconde main, je l'ai directement pris, il faut dire que le résumé me parlait beaucoup: une figure féminine forte et une histoire se situant au Danemark. (Et puis, cette couverture avec un si beau tableau de Vilhelm Hammershøi, peintre danois.)

Je ne vous cacherais pas que le début de cette lecture a été laborieux. Une écriture exclusivement au présent, une héroïne sans prénom, une atmosphère assez pesante, tous ces éléments ont hélas freiné ma lecture. Mais je me suis accrochée et je vous livre mes impressions.

On rencontre la narratrice enfant, sur une carriole avec son frère aîné, Jesper. Et dès les premières lignes, le lien qui les unit est instauré.
Le père, Magnus, menuisier par défaut, la mère, Inge, bigote et chanteuse de cantiques et leurs deux enfants vivent près d'un port au Danemark entre les deux guerres. Jesper a de grandes aspirations, il rêve de partir combattre Franco quant à sa soeur, elle songe à la Sibérie et se laisser bercer par le Transsibérien. C'est une élève brillante, presque la meilleure de la classe, cependant, pour aider ses parents, elle devra renoncer à l'école. Et puis, c'est la guerre qui commence. D'abord de loin et ensuite de plus en plus proche. Les soldats arpentent les rues, les couvre-feux sont instaurés, la vie commence à changer. Les années passent et Jesper, devenu résistant, peut enfin partir et rejoint le Maroc. La narratrice, elle, reste. Les moyens de communications ne lui permettent pas de garder le contact et elle aspire toujours à le revoir. Elle essaie de penser à sa vie et voyage à Stockholm, en Norvège, survit grâce à de petits boulots. Et enfin, elle revient au Danemark. On sent que la narratrice n'a qu'une envie, partir de cette atmosphère pesante et ses voyages seront pour elle un moyen de se trouver, de retrouver des émotions pures qui ont été enfouies par des parents dépressifs prisonniers d'histoires familiales tragiques.
Ces épisodes sont racontés comme des souvenirs, des instants de vie qui alternent entre une banalité des moments (les baignades avec les amies), de la violence (les menaces des soldats), de l'amour (la découverte des baisers et du corps). On découvre la narratrice et son frère, jeunes enfants, insouciants, et peu à peu, au fil des événements, on les surprend à être moins rêveurs, plus terre-à-terre et révolutionnaires à leur manière. le roman atteint alors une certaine intensité que j'ai appréciée. Pour être totalement conquise, il aurait fallu qu'elle soit instaurée depuis le début...

C'est un roman d'apprentissage que nous offre Per Petterson. L'histoire d'une jeune fille soudée à son frère et qui par l'absence de celui-ci doit pouvoir se construire. Il faut se laisser porter par tous leurs instants, se balader avec cette fille et son frère dans leurs vies et leurs réflexions.

Si vous aimez les romans lents, basés sur des descriptions, des introspections des personnages, "Jusqu'en Sibérie" pourrait vous plaire.
Lien : https://pagesversicolores.wo..
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Per Petterson, un écrivain dont j'aime tant l'écriture, sa manière de décrire les relations humaines et familiales, son art des silences, ses évocations de la perte, son ton nostalgique...
Là, je l'ai trouvé plutôt moyen. Ni mauvais, ni bon, juste moyen, avec quelques bons passages, quelques phrases qui m'ont semblé particulièrement bien tournées, particulièrement touchantes.
Mais le tout, beaucoup trop classique : un personnage féminin au fort caractère, une mère austère et bigote, un père manuel et silencieux, un frère facétieux et courageux, la seconde guerre mondiale, la campagne paysanne...
Il a vraiment fallu que ce soit cet auteur pour que je termine le livre.

Même la couverture choisie par les éditions Circé renvoie à quelque chose d'affreusement classique.

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Et puis je serai dans le train, et je regarderai par la fenêtre, et je parlerai avec des gens que je ne connais pas, et ils me raconteront comment ils vivent et ce qu'ils pensent, et ils me demanderont pourquoi j'ai fait ce long voyage depuis le Danemark. Et alors je répondrai :
- J'ai lu un livre qui parlait de vous.
Puis nous nous servirons du thé chaud au samovar et nous nous tairons et nous contemplerons le paysage.
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Quand j’étais petite, sept ans ou même avant, j’avais toujours peur quand on passait devant les lions en sortant de la ville. J’étais sûre que Lucifer ressentait la même chose que moi, car à cet endroit précis il se mettait à trotter plus vite, mais bien plus tard j’ai compris que c’était parce que mon grand-père lui donnait un bon coup de fouet au moment où nous entamions le bout de chemin qui descendait en pente douce devant l’allée des lions, et ça c’était parce que grand-père était un homme impatient. Ça tout le monde le savait.
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J'exécute une danse si secrète que personne d'autre ne peut la comprendre, j'exécute une danse pour me souvenir de mon corps à ce moment précis. J'ai dix-sept ans, et j'exécute une danse lente pour que demeure en moi l'image de celle que je suis.

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Je finissais toujours par prendre le parti de mon frère, car sans lui je ne pouvais pas vivre.
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Video de Per Petterson (2) Voir plusAjouter une vidéo

[Per Petterson : Dans le sillage]
A la Fondation Cartier pour l'Art Contemporain, Olivier BARROT présente l'ouvrage de Per PETTERSON : "Dans le sillage".
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