L'auberge rouge : L'Enigme de Peyrebeille, 1833

Si vous aimez les classiques du cinéma français, vous connaissez certainement le film de Claude Autant-Lara avec Fernandel et Françoise Rosay "L'auberge rouge".
Et bien, c'est l'affaire criminelle de l'auberge de Peyrebeille qui inspira le célèbre film.
Mais aucune drôlerie dans cette ténébreuse affaire, qui suivant la formule consacrée, défraya la chronique dans le premier tiers du 19 ème siècle.
Michel Peyramaure, nous présente les faits en relatant le procès des principaux accusés ; les époux Martin et leur domestique accusés d'avoir détroussés et assassinés moult voyageurs dans leur auberge isolée en Ardèche.
En 1833, année du procès, on s'en doute, pas d'identité judicaire, d'ADN, ni même d'empreintes digitales.
Ce sont donc les témoignages qui vont décider du sort des criminels.
Car criminels, les Martin et leur complice le sont assurément , on ne prête qu'aux riches, et si on leur attribue tant d'actes monstrueux, c'est qu'ils ne sont guère recommandables.
Mais, les témoignages, n'ont que la valeur qu'on veut bien leur donner.
Ici, ce sont des gens peu fiables, ayant pour la plupart des griefs personnels, qui vont envoyer trois personnes à l'échafaud...
Car l'issue du procès est connue, trois condamnations à mort.
Il subsiste cependant un doute, une question qui restera sans doute sans réponse : les trois accusés, n'ont ils pas été eux même victimes de la jalousie et de la médisance ?

Vous n'en avez jamais entendu parler ? Cette affaire est pourtant parmi les plus célèbres de France, sanglante à souhait et toujours aussi mystérieuse à l'heure qu'il est. L'auberge et les condamnés à mort ont gardé leurs secrets, et c'est Michel Peyramaure qui tente de les disséquer avec L'Auberge rouge, ouvrage qui retrace la chronologie d'une sordide histoire grâce à un minutieux travail de recherche synthétisé en moins de trois cent pages.

Novice et peu informée sur cette affaire criminelle, c'est avec plaisir que je découvre les bases avec un ouvrage court mais bien fourni, divisé en plusieurs parties et approfondi par des chapitres dédiés spécifiquement aux faits, ou aux transcriptions de certaines parties du dossier. L'affaire qui passionne autant qu'elle interroge est fouillée, retournée, creusée avec soin, avec une question qui revient régulièrement : la famille Martin, que l'on a accusée des nombreux meurtres, était-elle réellement coupable ? Trois des quatre accusés ont été condamnés à mort, se peut-il que la Justice ait été biaisée ? Si l'auteur ne répond pas à la question, il donne des champs de réflexion et des moyens de se faire son propre avis.

L'Auberge rouge trace son chemin entre des chapitres racontés comme une histoire, offrant quelques dialogues pour permettre au lecteur se s'immerger dans le climat sombre des événements ; celui qui n'y connait rien ou peu sur l'auberge sanglante sera ainsi happé dans l'enchaînement de la chronologie. Il manquera certes des précisions pour les plus connaisseurs, mais les autres arriveront à se repérer dans cet amas de témoignages, quelques uns fouillis, d'autres plausibles et véridiques.

Pas seulement un moyen de découvrir une affaire criminelle classique dans l'Histoire française, mais aussi une porte d'entrée sur la Justice de l'époque, et de maintenant. le lecteur est invité à se poser des questions sur la fiabilité des témoignages, et leur importance, notamment. Au fond, un témoignage n'est qu'une suite de mots à qui l'on donne la valeur qu'on veut, alors qu'est-ce qui permet d'affirmer qu'il faut s'appuyer sur ce témoignage ? Car le destin de la famille Martin s'est trouvé entre les mains d'anonymes venus raconter leur version de l'histoire, et encore aujourd'hui, on ignore si la Justice a bien été rendue, ou si trois des quatre accusés ne sont pas morts innocents. Avec des passages qui se contredisent, Michel Peyramaure nous invite à contempler un système qui avait ses failles à l'époque, et qui en contient toujours maintenant, même s'il a dû s'adapter.

Pour ceux qui souhaitaient se renseigner sur cette affaire qui a fait couler bien de l'encre et a même vu naître des adaptations sur divers supports, ils seront peut-être également ravis de savoir qu'en plus de traiter avec précision et profondeur le sujet, l'auteur leur parle aussi d'une époque troublée par le crime et les larcins craupuleux, un coin de France où personne n'est à l'abri, perdu dans la pauvreté et les endroits dangereux. Une plongée dans une histoire, une plongée dans la grande Histoire également, mine de rien !

Le tout avec une écriture sans fioriture, agréable et instructive, un bon moment à passer, bien que pas particulièrement mémorable. L'Auberge rouge est à lire au moins une fois, pour en savoir plus sur cette fameuse auberge de la mort, où fantômes et draps de sang se partagent l'hébergement. Vous vous endormirez avec cette question en tête : erreur judiciaire ou pas ?
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Un peu fastidieux à lire avec l'énumération des crimes ou des faux crimes. Le côté arrestation/procès, est bien plus intéressant surtout qu'il permet de mieux imaginer l'Ardèche ancienne qui garde encore aujourd'hui ce côté paumé, vieille famille, vieille querelle. J'ai été aussi amusée de voir des noms que je connaissais, des descendants ?
Mais au final je ne regrette pas cette lecture qui ne penche ni d'un côté ni de l'autre et soulève à la fin des bonnes questions. A lire pour voir ce qui se cache derrière la légende ardéchoise. Et moi qui pensait qu'en Ardèche il ne se passait jamais rien...

Finalement Peyramaure arrive à nous faire douter. L'époque est remplie d'histoire de brigands alors quand en plus on est dans le Haut-Vivarais, réalité et rumeur se mélangent, sans qu'i soit facile de démêler le vrai du faux.

Voilà un livre que j'ai trouvé par hasard qui relate des faits divers qui se sont passés en Ardèche dans une auberge particulière. Des voyageurs qui y sont passés et que l'on n'a jamais revus, des aubergistes au comportement douteux et qui donnent des cauchemars pour ceux qui y ont dormis !!!! un livre plein de suspense et qui oscille entre peur et espoir de s'en sortir vivant. Les légendes populaires sont aussi présentes et la vérité n'est pas assurée. Ces faits ont servis à la réalisation d'un film en 1951 puis en 2007.