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Critique de tiptop92


Joseph Peyré - L'escadron blanc - 1934 : Joseph Peyré fut parait-il le douanier Rousseau du désert. A priori il n'avait jamais vu ces régions ravagées par la sècheresse et la chaleur comme l'autre n'avait jamais connu les paysages représentées dans ses tableaux. Pourtant il écrivit dans les années 30 quelques romans sur le sujet d'une incroyable authenticité. Comme dans «Le Chef à l'étoile d'Argent» un autre grand roman saharien écrit de sa main, Joseph Peyré mettait en avant la figure de l'officier français. Mais loin des salons cossus des villes de garnison, ces hommes donnaient l'exemple de l'honneur en s'imposant dans l'exercice de leur mission les mêmes privations que leurs hommes. le Lieutenant Marcay la figure centrale de ce roman exerçait le commandement d'un poste fortifié sur la ligne de démarcation entre l'Algérie et le Maroc. Quand un groupe armé franchissait la frontière afin de rançonner les caravanes commerciales qui sillonnaient le désert, le chef rassemblait une colonne de Touaregs pour les poursuivre et les anéantir. Secondé par le lieutenant Kelmer tout juste débarqué de métropole et peu habitué à cette vie d'ascète, l'homme lançait son escouade sur la piste des ennemis. Rarement un écrivain su décrire avec autant de force le drame que vivait ces soldats et leurs supplétifs dans les longues courses à l'aveugle pour retrouver les éléments subversifs infiltrés dans ce vaste territoire inhospitalier. On avait là un roman d'hommes, les personnages féminins apparaissant dans un lointain contre-jour comme de simples instruments dédiés au repos du guerrier. Peut-être n'étaient-elles que de simples illusions ou comme les hallucinations passagères rencontrées en pleine chaleur par ces navigateurs sans mer un réconfort espéré mais jamais vraiment touché du doigt. Accablé lui-même par l'implacable soleil qui frappait les pages de cet ouvrage le lecteur ressentait les affres de la poursuite et les invraisemblables souffrances de ce voyage à dos de méharis. Pendant des jours les quatre-vingt militaires martyrisaient leur force pour atteindre la colonne maudite, insaisissable comme les futiles tourbillons de vent sec qui assoiffait les chameliers et leurs montures. À bout de force le lieutenant Kelmer rendait l'âme avec une bravoure qui forçait l'admiration des plus endurcis des berbères. Les fusils eux finissaient par parler dans ce silence accablant qui étreignait le Sahara transformé en brasier la journée et en banquise la nuit. Malgré l'épuisement l'instinct de la guerre donnait sa pleine mesure et le courage suppléant la fatigue permettait de mettre en déroute la troupe de pilleurs. Il ne faudra pas chercher dans ce roman la démonstration lyrique que beaucoup d'écrivains donnaient à certains faits d'armes car c'est dans sa sobriété et dans sa description sans fard d'un monde violent et quasiment monacale que se trouvait le plaisir du lecteur… d'une redoutable aridité
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