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Critique de Nastie92


Matterhorn. C'est ainsi que les Suisses alémaniques nomment le Cervin.
Matterhorn ou Cervin, cette montagne mythique et magnifique à la frontière entre la Suisse et l'Italie. Gaston Rébuffat l'appelait la "cime exemplaire" ; il l'a décrite dans La montagne est mon domaine d'une façon extrêmement poétique, imaginant un sculpteur à l'oeuvre, travaillant tel un artiste, faisant des choix à chaque étape de sa création pour aboutir à la perfection que l'on peut contempler.
Matterhorn.
Sommet géant et effrayant que quelques hommes fous ou ambitieux ou inconscients ou tout cela à la fois, viennent défier au péril de leur existence.
Montagne légendaire et maudite, elle a fait rêver bien des alpinistes et coûté la vie à beaucoup d'entre eux avant de céder finalement, conquise en 1865 par une expédition dirigée par Edward Whymper.
Mais la victoire se paie au prix fort.
Une glissade lors de la redescente entraîne la chute de quatre hommes ; les trois autres ne doivent leur survie qu'à la rupture de la corde qui les liait.
S'appuyant sur l'histoire du Matterhorn, Joseph Peyré invente des personnages et imagine une intrigue qui se glisse entre les faits réels et s'y insère parfaitement.

On retrouve dans ce roman le souffle épique des épopées anciennes.
Le ton et le contenu ont beaucoup vieilli, mais cela donne un certain charme à la lecture et correspond bien à l'époque décrite : celle où les aventuriers s'élançaient à l'assaut des sommets dans des vêtements et avec un matériel avec lesquels plus personne n'irait faire trois pas dans la neige. Le genre d'objets que j'aime voir dans les différents "musées de la montagne" que l'on peut visiter dans les Alpes.
Le genre d'objets qui font froid dans le dos lorsque l'on pense aux altitudes et aux difficultés affrontées avec un si maigre équipement. Lorsque l'on pense que certains ont attaqué avec si peu le Matterhorn dont la partie la plus haute est baptisée par l'auteur le "royaume des démons invisibles" !

On retrouve dans ce livre des aspects classiques de la littérature de montagne.
Le Matterhorn est personnifié. Autant craint qu'admiré, il se met en colère, il gronde, il attend son heure, il se venge, etc. Il est même par moments parfaitement vivant : "Le Matterhorn lui-même respirait doucement."
Pour le combattre, il faut un homme à la hauteur : Jos-Mari, dont le prénom révèle la foi catholique familiale. Le guide suisse est paré de toutes les qualités. Il est fort, honnête, généreux. Physiquement imposant, il semble indestructible. Guide hors-pair, il veille avec un professionnalisme constant sur sa cliente inexpérimentée. Jospeh Peyré utilise de jolies formules pour le décrire, telles que : Jos-Mari a la "patience des arbres".
Si vous êtes sensible au charme de l'ancien, Matterhorn pourra vous plaire : très bien écrit, un peu désuet, c'est un joli témoignage d'une époque révolue, tant pour ce qui concerne la vie quotidienne que l'alpinisme.
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