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EAN : SIE91935_1552
Grasset (30/11/-1)
3.58/5   12 notes
Résumé :
1947 : Le plus haut sommet de la Terre demeure invaincu, mais semble palpiter de toutes les tentatives antérieures et des drames qui les ont traversées, à commencer par la disparition de Mallory et Irvine en 1924.
Une petite expédition décide de s'y attaquer : dirigée par l'énigmatique Indien Jewar Singh, elle comprend le vieux Macpherson et le meilleur guide de Zermatt, Jos-Mari Tannenwalder, déjà héros du précédent roman de l'auteur, Matterhorn. Une sourde... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Dans une précédente lecture, Joseph Peyré m'a emmenée sur le Cervin, le fameux "Matterhorn" des Suisses alémaniques.
La promenade m'a plu, et m'a donné envie de suivre l'auteur qui me propose cette fois l'Everest.
Le toit du monde. Rien que ça !
Dans ce livre écrit en 1942, trois ans après Matterhorn, Joseph Peyré utilise la même recette : imbriquer son intrigue dans la véritable histoire de la montagne.
Cela fonctionne encore parfaitement bien, avec une différence notable qui change le ton du récit : tandis que le Matterhorn a déjà été conquis lorsque l'auteur écrit son ouvrage, il faudra attendre un peu plus de dix ans après la sortie de Mont Everest pour qu'un homme pose le pied sur le plus haut sommet de la terre.
L'Everest est ainsi paré d'une aura différente, il inspire des craintes légitimes renforcées par la peur de l'inconnu.
S'y attaquer est une affaire tout autant mystique que physique. Pour le faire ressentir, Joseph Peyré utilise un vocabulaire religieux (la croyance, la foi, l'esprit...) et évoque même la réincarnation, en laquelle croient les sherpas.
Le lecteur se trouve donc immergé à la fois dans un récit d'alpinisme prenant et dans un contexte culturel totalement dépaysant.
Quelques descriptions de festivités traditionnelles m'ont beaucoup intéressée, même si certaines coutumes peuvent sembler bien étranges : cela vous dirait-il de vous retrouver "coiffé d'une peau de mouton saignante, un collier d'intestins de yak autour du cou" ? J'avoue que cela ne me tente pas trop !
J'ai survécu aux colliers de pâtes de mes enfants, mais les intestins de yak... non merci !
Dans l'histoire, j'ai été ravie de retrouver Jos-Mari, le héros de Matterhorn.
Mais si le guide suisse était à l'aise chez lui, l'Everest par son altitude bien plus élevée que les sommets européens, lui donne du fil à retordre. Certains membres de l'expédition vont même jusqu'à mettre en doute sa légitimité à être sur cette montagne, dont la difficulté n'est pas comparable à ce que l'on trouve dans les Alpes : "Entre les Alpes et l'Himalaya, il y a la différence de l'homme à Dieu." La marche à franchir est grande !
Jos-Mari se montrera-t-il à la hauteur ? Saura-t-il saisir ce "si furtif moment où l'ascension peut réussir" ?
J'avais apprécié Matterhorn, j'ai encore plus aimé Mont Everest dans lequel l'auteur fait revivre l'atmosphère des temps anciens, de l'époque où la volonté de conquête de l'Everest faisait naître à la fois un grand enthousiasme, de grandes passions mais aussi des peurs bien réelles.
Dans un style certes vieillot mais toujours appréciable, Joseph Peyré nous offre un très beau récit de montagne, mêlant habilement l'aspect performance sportive pure, le côté humain de l'aventure et une certaine spiritualité.
Un auteur tombé dans l'oubli, et c'est bien dommage. Je le recommande à ceux que le sujet intéresse.
Et si mon modeste avis ne suffit pas, voici ce que Roger Frison-Roche a dit : "Un "grand merci", Joseph Peyré, pour m'avoir fortifié par ces récits prémonitoires de la montagne et des déserts, qui m'ont dicté ma propre aventure."
Belle référence, non ?
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Joseph Peyré nous livre dans ce beau roman le récit d'une ascension vers le mythique Everest, symbole de l'inaccessible, Graal des alpinistes, quête des grimpeurs prêts à risquer leur vie pour assouvir leur soif d'absolu.

On est rapidement conquis par la narration de cette expédition, menée par trois hommes aux caractères entiers, qui dévoilent au fil des pages la flamme intérieure qui les anime et les fait se diriger vers un même but, mais avec des aspirations bien distinctes.

Si Jewar Singh, l'hindou, chef de l'expédition, vit celle-ci comme une quête spirituelle, en se mettant dans la trace de Mallory (ce héros de l'inutile qui a laissé son empreinte à jamais pour les conquérants de l'Everest, en y disparaissant), Mac Pherson, l'irrascible Ecossais, lui, affronte la montagne comme un boxeur monte sur le ring, en avançant toujours, fort d'un corps qui semble être un rempart imprenable, à même de briser les assauts des vents glacés de l'Himalaya. le troisième héros de cette Guilde, Jos-Mari,« l'homme suisse », l'homme-montagne, le géant au coeur d'or et au regard bleu, est quant à lui armé de ses conquêtes alpines, mais reste un novice de l'Himalaya, et partant, victime de ses pièges.

Le guide suisse, affrontant les tourments que la montagne sacrée lui inflige, témoigne d'une humanité si profonde, d'une grandeur d'âme si perceptible, qu'il va conquérir, avant d'affronter la Déesse des Neiges, les autres membres de l'expédition, tous ces héros anonymes que sont les porteurs, les fabuleux Sherpas, aux corps décharnés mais solides comme le roc qu'ils gravissent, en dignes héritiers des tribus dédiées aux altitudes inhumaines, vrais Tigres de la montagne .

Joseph Peyré nous conte dans ce beau roman une quête magnifique, une superbe aventure de montagne, aux accents arthuriens.

Pour clore, je rappellerai les mots qui résument peut-être le mieux la beauté de l'effort « inutile », ceux que Mallory figea dans l'âme des passionnés de la montagne.

A ceux qui lui demandaient pourquoi il voulait escalader l'Everest, Mallory répondit : « Parce qu'il est là » (Because it is here).
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Amusant d'enchaîner ce livre après avoir vu le film d'animation « Le sommet des Dieux » adapté du manga de Taniguchi d'après le roman de Yumemakura. Bien sûr il y est aussi question de l'Everest et de Mallory qui a dit les quatre mots les plus célèbres de l'alpinisme en réponse à un journaliste qui lui demandait pourquoi il voulait escalader l'Everest : « Parce qu'il est là ». le jour où son appareil photo sera retrouvé, on saura s'il est le premier conquérant du monde.
Jos-Mari part sur ses traces, accompagné de coéquipiers et porteurs. Il y décrit l'adaptation en montagne himalayenne loin de ses Alpes suisses. J'attendais beaucoup de ce récit et au final je m'y suis ennuyée. J'ai eu du mal à adhérer au style d'écriture.
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Joseph Peyré, on le sait, n'était pas un grand montagnard, pourtant il a écrit deux des plus grands livres sur la montagne : « Matterhorn » (1939) et « Mont-Everest » (1942). Au point que Roger Frison-Roche (qui sur ce point est un peu une référence) a dit de lui : « Un grand merci, Joseph Peyré, pour m'avoir fortifié par ces récits prémonitoires de la montagne et des déserts, qui m'ont dicté ma propre aventure ».
Il y a une certaine continuité entre ces deux romans : le thème, d'abord : l'ascension d'une montagne mythique, avec tout ce que cela implique au niveau personnel, relationnel, et même spirituel, et ensuite, le fait que ce soit le même héros apporte une cohérence à l'oeuvre, semblant dire que chaque ascension est différente, et en même temps, ressemble à la précédente, parce que toute ascension est une remise en question.
L'Everest ne sera vaincu qu'en 1953 (le 29 mai exactement, je m'en souviens comme si c'était hier), par un anglais Sir Edmund Hillary, et le sherpa Tensing Norgay. le roman, écrit en 1942, est donc pour le moins un roman d'anticipation.
L'expédition de 1953, était la neuvième. Celle (imaginaire) de 1942, se place après deux expéditions tout aussi mythiques en 1922 et 1924. Celle de 1922, conduite par Charles Bruce et Edward Lisle Strutt, avec parmi ses membres un enseignant, George Mallory, intéressa particulièrement Joseph Peyré qui consacra son à ce dernier son troisième roman de montagne « Mallory et son Dieu ».
Il y a deux différences essentielles entre le Matterhorn et l'Everest : la taille, bien entendu (4478 m pour le premier, 8849 m pour le second, ce n'est pas tout à fait la même catégorie), et puis le fait que le Matterhorn a déjà était vaincu alors que l'Everest était encore d'une blancheur… virginale. Il y a donc d'un roman à l'autre un élément nouveau : l'attrait (et la crainte en même temps) de l'inconnu, auquel il faut peut-être ajouter « l'exploit », l'occasion d'inscrire son nom dans l'histoire de l'alpinisme.
La cordée comprend trois hommes : le chef de l'expédition, un Hindou appelé Jewar Singh, en quête mystique autant que sportive, Macpherson, un vieil écossais irascible et à la tête de bois, et enfin Jos-Mari, notre guide suisse, hercule au grand coeur, aussi attentif aux porteurs sherpas, admirables de dévouement, qu'à ses compagnons de cordée. Les différences de caractères se font vite sentir. Et la montagne n'a pas dit son dernier mot…
« Mont-Everest » est bien plus qu'un roman de montagne. Il s'agit ici d'une quête initiatique. (C'était déjà le cas sur le Matterhorn, où les personnages, en quelque sorte, se cherchaient eux-mêmes, mais ici c'est à une autre échelle). La montagne est allégorique, sa conquête symbolise à elle seule tout ce à quoi l'Homme rêve d'aboutir : l'absolu, le bonheur, la sérénité, la communion universelle entre l'Homme et l'Univers, la pureté des neiges éternelles… En même temps, on n'a rien sans rien, il faut souffrir pour y arriver, parfois tomber et repartir (quand on peut), et ne voir le sommet que dans le brouillard, sans être tout à fait sûr du bon chemin…
Joseph Peyré manie à la perfection ces deux outils : le documentaire technique, reportage « sportif » digne des « Coulisses de l'exploit » (ça rappellera des souvenirs à quelques-uns), et la réflexion personnelle sur le sens de la vie, l'engagement, la relation avec les autres… Et en prime de jolies descriptions qui, sans faire « couleur locale », nous plongent d'autant plus dans l'action du roman
Un grand roman de Joseph Peyré à placer dans votre bibliothèque à côté de « Matterhorn » et de « Mallory et son Dieu » (si vous le trouvez), des grands romans de Roger Frison-Roche, ainsi que du très beau livre de Pierre Moustiers « La Paroi ».


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Quatre hommes, suivis de porteurs et de bêtes de somme, se lancent à l'assaut du « sommet du monde » : Jewar Singh, le prince hindou, qui va chercher dans ce haut lieu une initiation spirituelle ; l'Écossais Mac Pherson, préoccupé de victoire sportive et de gloire nationale ; Jos-Mari, le guide suisse aux muscles de géant, qui, grâce à sa pureté, prend bientôt figure de jeune dieu aux yeux du quatrième équipier, le Tibétain Nima.

En présence de difficultés matérielles inouïes, c'est un drame humain qui se noue, car ces hommes, bien que tendus vers un but commun, sont des êtres si différents qu'ils ne peuvent que se heurter. le dénouement de ce drame grandiose se joue lors de l'ascension des 400 derniers mètres, épreuve de force dont tous ne sortiront pas vivants...
Lien : http://www.lechatbleu-librai..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Il montait doigts crispés, corps tendu, dans le seul effort de ne pas buter, de ne pas s'abattre, soutenu aux aisselles par une inertie monstrueuse. Léthargie. Le sommet de l'Everest ? ... L'Everest ? ... des nuages, quel froid ! des doigts qui tombent, un vertige, un pied qui s'arrache, un pied porté en avant, un poids énorme arraché lui aussi, vide de pierre délogée avec une douleur, là où était le cœur. C'est le secret de l'Everest que de savoir s'il ne réalise pas dès ce monde le seuil matériel de la mort. S'il n'offre pas dès cette terre le passage où l'homme mi-évanoui meurt en marchant en perdant connaissance. En passant réellement, d'une pierre à l'autre, de notre monde à l'au-delà.
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La perturbation de l'ouest annoncée par les nuages n'amena pourtant qu'un commencement de blizzard, une chute de neige de quelques heures. Le temps pour Jos-Mari de voir par l'ouverture de sa tente un étrange paysage de tempête en mer. Car l'aiguille de glace qui dominait le camp, dressée en pleine tourmente, et frappée par les vagues de neige comme un phare perdu, s'enveloppait de brumes blanches et d'embruns où semblaient se briser, s'abattre avec des cris des vols de migrateurs arctiques, et où chaque rafale réveillait la plainte de la bouée-sirène de détresse. Mais les gros temps n'étaient pas encore venus. Dans la nuit, des traînées d'étoiles s'allumèrent, bientôt éteintes par l'apparition d'une lune dilatée, dont l'éclat blanc, illuminant par l'intérieur les transparences de stalagmites des séracs, et embrasant de son scintillement les cristaux de la neige fraîche, éclaira quelques instants pour l'exilé une crèche de Noël féerique.
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Sans doute fallait-il avoir connu les expéditions et leurs campagnes de Russie, la peine lente des approches, la lassitude des séracs, les pièges d'un Mur de Glace toujours prêt à fondre en débâcle et à briser en avalanches, l'épuisement du soleil et la tourmente du blizzard, l'épreuve des replis sur les camps d'en bas, le sursaut des retours, des attaques tardives et menacées par la mousson; sans doute fallait-il avoir déjà touché le seuil de la victoire, être monté jusqu'à la limite de la vie et avoir été, comme tous les autres, paralysé par l'asphyxie, l'indifférence, les fantômes, le délire du vent acharné, être arrivé à ce point de rupture où le cœur peut céder; sans doute fallait-il avoir désespéré comme un jour Mallory, l'archange en personne, jurant de ne pas prendre part à la suprême tentative où la mort l'attendait; sans doute fallait-il avoir souffert pareil désastre pour goûter comme le faisait le vieux Mac, fumant sa pipe dans le vent avec des étincelles, cet espoir de victoire et cette matinée de conquérant.
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Un jour enfin, comme s'il eut senti qu'il était temps, l'Everest finit par déchirer ses bancs de nuages et par apparaître au fond du couchant. Peut-être s'était-il caché jusque-là -"mauvais temps pour l'Everest"- et entouré de nuées, pour surgir d'un seul coup dans toute sa puissance, au lieu de rester en vue, et de se dégager lentement, jour après jour, des chaînes himalayennes qui en mesurent la monstrueuse hauteur. Peut-être avait-il voulu laisser à ses nouveaux fidèles le soin de le mériter, dans l'épreuve et la méditation des étapes, en leur refusant jusque-là le secours d'une apparition qui les eut dispensés de la foi.
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Il acceptait la règle de la montagne ingrate, défendue par ses déserts, ses dieux, ses proportions démesurées, et par la puissance des éléments plus encore que par ses formes et ses abîmes.
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