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EAN : 9782738103253
557 pages
Odile Jacob (11/10/1995)
4.57/5   7 notes
Résumé :
Qu'est-ce que le développement ? Qu'est-ce qui permet la modernité, le progrès, la croissance ? Depuis Adam Smith et Karl Marx, jusqu'à Max Weber et Fernand Braudel, on n'a cessé de s'interroger sur les causes de la "richesse des nations" ou de leur pauvreté. La plupart des penseurs ont privilégié les explications matérielles : capital, travail, ressources naturelles, climat. Et si les mentalités et les comportements constituaient le principal facteur du développeme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Cet ouvrage est la synthèse par Alain Peyrefitte, homme politique, académicien et ministre dans plusieurs gouvernements, de ses réflexions sur le rôle de la confiance dans le développement économique.
Alain Peyrefitte, libéral catholique, après avoir beaucoup lu et voyagé, réfute une à une, en en citant de nombreux extraits, les théses de ceux qui, au fil des siècles, ont avancé des explications au développement économique qui s'est amorcé en Europe au 16ème siècle au nord de l'Europe : influence de la Réforme, des institutions, du climat, de la géographie, des ressources naturelles, du peuplement,... Il conclut en soulignant le rôle majeur, à son avis, de facteurs culturels qu'il réunit sous le terme de confiance : confiance en soi, confiance en autrui, confiance en l'Etat.
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Ce texte précis synthétise les travaux de toute une vie. Au premier abord, Alain Peyrefitte était le stéréotype même de l'homme politique de la cinquième république : étudiant en lettres, énarque, haut fonctionnaire, puis ministre à de nombreuses reprises. Mais ceux qui ont lu ses essais savent que derrière cette façade se cachait un véritable chercheur, un observateur passionné et un intellectuel d'une remarquable exigeance.

Le concept de société de confiance est une avancée majeure dans la compréhension des trajectoires de développement de l'époque moderne, dans la mesure où il apporte une dimension intersubjective décisive à la question de la croissance. Il permet ainsi de comprendre pourquoi certains pays décollent, alors que d'autres font du surplace (comme la France), voire régressent. Une théorie encore insuffisament relayée, malgré les travaux récents de Cahuc et Algan, et qui fait de Peyrefitte un véritable visionnaire au sein d'un monde encore chamboulé par les ruptures à l'oeuvre depuis le siècle des lumières.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
L'homme se dépasse, notamment en dépassant les autres. Il peut également rester très en deçà de ses limites. A cet égard, l'existence sociale est ambigüe. Elle multiplie la capacité de chacun, mais elle suppose une organisation. Elle autorise la spécialisation des tâches, prend en charge la sécurité collective, protège les longues enfances qui sont la matrice (ou le tombeau) de la liberté ; elle assure la transmission, donc le caractère cumulatif et critique, des expériences vécues par les individus et le groupe. En même temps, cette organisation comporte aussi des contraintes. Elle fait naître le pouvoir, l'interdit, l'obéissance. Elle aime la sécurité du mimétisme, le confort de la répétition.
L'histoire des sociétés humaines est l'histoire de cette ambivalence, où se mêlent plus ou moins d'autonomie et plus ou moins de soumission.
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La société de défiance est une société frileuse, « gagnant-perdant » : une société où la vie commune est un jeu à somme nulle, voire à somme négative (« si tu gagnes, je perds ») ; société propice à la lutte des classes, au mal-vivre national et international, à la jalousie sociale, à l'enfermement, à l'agressivité de la surveillance mutuelle.
La société de confiance est une société en expansion, « gagnant-gagnant » (« si tu gagnes, je gagne ») ; société de solidarité, de projet commun, d'ouverture, d'échange, de communication.
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En quarante ans d'observations, l'attitude de confiance - ou de défiance - en la personne nous est apparue, sous des formes très diverses, comme la quintessence des conduites culturelles, religieuses, sociales et politiques qui exerce une influence décisive sur le développement.
Notre hypothèse est que le ressort du développement réside en définitive dans la confiance accordée à l'initiative personnelle, à la liberté exploratrice et inventive -- à une liberté qui connaît ses contreparties, ses devoirs, ses limites, bref sa responsabilité, c'est-à-dire sa capacité à répondre d'elle-même. Mais comme une telle liberté reste encore fort peu pratiquée dans le monde, on peut craindre que la disette, la maladie et la violence ne rôdent encore longtemps sur notre planète.
Elles peuvent même revenir en force dans des zones qu'elles ont évacuées voici quelques dizaines de lustres. Le progrès perpétuel n'existe pas ; les agents dynamiques de nos sociétés peuvent se trouver étouffés ou épuisés - ne fût-ce que par les pesanteurs d'un Etat envahissant, d'un égalitarisme excessif, d'une revendication du "toujours plus" comme un droit acquis ; par l'oubli des devoirs qui sont l'indispensable envers des droits ; ou par la concurrence insoutenable de peuples retardés qui pour échapper à la misère, déploient leur capacité toute neuve de produire beaucoup moins cher, beaucoup plus et aussi bien.
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Pour avoir trop cru que le développement était le produit du capital et du travail, on a investi, on a embauché ; et on s'est étonné que le développement ne fût pas au rendez-vous.
Pour avoir cru aussi que le développement était le résultat de certains dispositifs économiques et sociaux, on les a imités, on les a importés - mais faute de s'être appuyés sur une assise culturelle, ils se sont effondrés sous leur propre poids.
Pourquoi le développement, après quatre siècles, est-il encore resté aussi limité dans son aire géographique ? Pourquoi est-il si souvent mal assuré, là où il s'est implanté ? C'est qu'on a cru pouvoir faire faire l'éconmie du facteur immatériel, et fabriquer du développement sans ethos de confiance : répéter l'histoire apparente des plus favorisés, sans procéder à la révolution anthropologique qui les avait favorisés.
Ou même, en faisant des révolutions anthropologiques à l'envers - et ce fut l'erreur du communisme : emprunter les objectifs matériels et nombre de mécanismes du développement, en s'évertuant à faire fonctionner ceux-ci, et à atteindre ceux-là, sur le principe d'une société de défiance méthodiquement bâtie.
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Pour les Portugais et les Espagnols - qui restent dominés par une mentalité agraire, selon laquelle la puissance se confond avec la propriété de la terre -, c'est l'extension territoriale qui importe à la gloire de la Couronne. La prospérité se mesure à l'aune de la seule conquête, ou de la prédation de ressources déjà existantes - et les seules qui vaillent, après quelques illusions perdues, sont celles de l'or et de l'argent.
Pour les Anglais et les Hollandais - qui ont complètement adopté la mentalité marchande -, ce qu'il faut chercher dans les colonies, c'est une extension commerciale. On essaie de nouvelles cultures. On organise des entreprises agricoles intensives. Par exemple, la canne à sucre : dans les Caraïbes, les Anglais ; et au nord-est du Brésil, les Hollandais, qui y réorganisent cette culture, importée de Madère par les Portugais au XVIe siècle. Le tout favorisant un fructueux négoce.
Ces deux modèles s'opposent point par point : l'extension impérialiste et la colonisation économique.
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