Avec «
Histoire de l'Algérie depuis 1988 », Jean -Pierre Peyroulou présente une synthèse du passé tourmenté de l'Algérie de 1988 à 2019. le défi est ardu, les archives ne sont pas accessibles .Les sources d'information proviennent des journaux, des revues, des associations, des écrivains… le parcours est chronologique. Les émeutes de 1988, durement réprimées, permettent une tentative de démocratie vite refermée en 1991. le Front islamique du salut exploite les mécontentements de la jeunesse et contourne les blocages politiques : c'est « la sacralisation du politique et la politisation du religieux ». La victoire électorale du FIS, en 1991, menace trop d'intérêts. Elle est confisquée par l'armée. Une guerre civile commence en 1992 avec un attentat à l'aéroport d'Alger. Les groupes armés islamiques (MIA, GIA, AIS…) se réfugient dans les montagnes et multiplient les attentats, les meurtres d'intellectuels, de journalistes, d'artistes.. . Une grande confusion règne, les services secrets noyautent et manipulent les groupes. L'auteur parle d'une guerre « contre la population » et avance une explication dans l'idéologie officielle marquée par les mythes, la glorification des martyrs et l'unité d'un peuple autour du FLN ....La guerre civile fait éclater cette unité. En 1999, l'armée organise l'arrivée au pouvoir d'Abdelaziz Bouteflika. Il est l'homme du retour à la paix, de la « concorde civile » et de l'amnistie. Abdelaziz Bouteflika se maintient au pouvoir pendant quatre mandats. le niveau de vie des algériens s'améliore, mais l'économie dépend de l'exportation des hydrocarbures et de l'importation de produits alimentaires, de biens d'équipement….L'Algérie échappe au printemps arabe qui renverse les pouvoirs en place en Tunisie, Egypte…Le président subit un AVC en 2013. le pouvoir tombe aux mains d'un « cartel » et le système repose sur le clientélisme. En 2019, la tentative d'une cinquième candidature du président provoque une vague de manifestation pacifique, le « hirak ». L'armée se désolidarise du clan Bouteflika, un ancien chef de gouvernement, Abdelmadjid Tebboune est élu président (avec un faible taux de participation). En 2020, les maux de l'Algérie demeurent la corruption, le clientélisme, un fort chômage. et une rente pétrolière qui bloque les changements économiques. Cependant, le niveau de vie augmente, la natalité baisse et la pacification ouvre des perspectives positives.
Les aspects politiques, économiques, sociaux, artistiques… se répondent pour dresser le tableau d'une histoire complexe. le livre est dense, les 125 pages du format de la collection imposent des raccourcis parfois très synthétiques. le défi est relevé, l'ouvrage présente une actualisation intéressante. Reste au lecteur à approfondir en puisant dans les « Repères bibliographiques ».