La mer ne connaît ni son bleu ni son vert.
Encore moins le gris blanc de ses fureurs d’automne.
Naviguant sur la fleur des marées
l’écho tresse sa voix
dans le labyrinthe de la vague
mais défiant la brume
pourquoi donc est si triste la sirène des bateaux
pourquoi fleuves et rivières
doivent-ils couler tels des serpents.
Vénus gardienne
L’aube insidieuse
amorce un croc-en-jambe
à la nuit qui s’attarde.
Les mots
le sel de ma demeure
s’évaporent
se dissipent.
Sans drap ni nasse
au plus bas de la lune
la montagne se dévoile.
À travers les persiennes voyeuses
l’éternité nous tient à l’œil.
Vénus est là.
Gardienne.
Papier-poème
Papier
mémoire d’écorce
souvenir d’aubier
réminiscence du bruissement des feuilles.
Papier
peau de nos mots.
Quand tu deviens bateau
confetti
cerf-volant
le silence fait l’école buissonnière.
Lorsque tu te changes en poème
un visage en toi se reflète
révèle tous mes secrets.
Un jour de gai soleil un jour de clair matin
aux premières tendresses
d’une bouche qui se décline
tes souvenirs se raccorderont
au pas à pas du texte
à la fragilité du dire.
Bruno Doucey lit des poèmes extraits du recueil "Je veille incorrigible féticheur" d'Anthony Phelps, paru aux Éditions Bruno Doucey en 2016.