Ce numéro 53 de la défunte revue de l'imaginaire belge "Phénix" avait tout du numéro casse-gueule. Comme il est daté de décembre 1999-février 2000, il est à cheval sur le passage à l'an 2000 et a donc pour thème... "la fin du monde".
Il faut se souvenir que pendant toute l'année 1999, nous avons été abreuvés de conneries en tout genre : les millénaristes nous prédisaient la fin du monde au 31 décembre, les journalistes qui voulaient se faire passer pour des informaticiens top niveau s'inquiétaient du bug de l'an 2000, et surtout, tous les imbéciles qui ne savaient pas compter (et ils étaient extrêmement nombreux) pensaient que nous allions changer de siècle et de millénaire alors qu'en réalité cela s'est produit un an plus tard, le 1er janvier 2001.
Donc, Phénix a décidé de surfer sur la psychose générale en proposant un gros dossier (138 pages) sur la fin du monde. Dossier bâtard car il pose comme principe passage à l'an 2000 = changement de siècle et de millénaire = fin du monde. Or, certains articles dont le premier qui sert d'introduction expliquent le contraire : d'une part, le changement de siècle ne se fera qu'un an plus tard, d'autre part, la survenue d'une date ronde ne signifie évidemment pas un bouleversement mondial, et enfin ce n'est que le problème d'un calendrier (celui utilisé par le monde occidental) sur une multitude d'autres.
On se retrouve donc avec un dossier composé d'articles sensés, cartésiens et explicatifs au milieu d'autres qui partent dans tous les sens (ceux dans lesquels des écrivains de SF ou de fantastique sont interrogés) et enfin d'autres qui ne sont que des listes (de romans, de films, de série TV, de BD) ayant pour thème la fin du monde.
En-dehors du dossier, nous retrouvons les habituelles rubriques de la revue. Les deux interviews d'auteurs de fantastique belges (
Alain le Bussy et
Anne Duguël, pseudonyme d'Anne Liger-Belair plus connue sous le pseudonyme de
Gudule) ne m'ont pas passionné plus que cela.
Il en va de même pour les quatre nouvelles. Celle, inédite, de
Graham Masterton, annoncée en couverture, est très courte (à peine 2 pages) et totalement banale, limite escroquerie littéraire. Tandis que celle de
Serena Gentilhomme, "Racine de 2h sur g", part d'une bonne idée (un prof de physique se jette du haut de son immeuble et raconte ce qu'il voit par les fenêtres de chaque étage ; il a tout calculé pour qu'il s'écrase pile le 1er janvier 2000 à 00h00 pour être le premier fait divers du 3e millénaire) sauf qu'elle est fausse puisque le 3e millénaire débutera un an plus tard. Bâtir toute une nouvelle dont la chute est erronée parce que l'autrice est inculte au point de se tromper d'un an ce n'est quand même pas glorieux !
Les rubriques critiques ciné, série TV et romans font comme d'habitude la part belle au gore, à l'horreur et au fantastique au détriment des autres genres de l'imaginaire (la fantasy par exemple). A lire la revue "Phénix" on pourrait croire que
Stephen King,
Dean Koontz,
Graham Masterton ou
Poppy Z. Brite sont les écrivains ultimes de l'époque.
Et je baisse ma note d'une demi-étoile à cause de cette hideuse couverture. Na !