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Jean-Paul Gratias (Traducteur)
EAN : 9782844120298
384 pages
Joëlle Losfeld (13/04/2000)
3.07/5   61 notes
Résumé :
En relisant ses romans « traditionnels », Philip K. Dick notait ceci : « Dans le lot, j'ai découvert un petit bijou : mon dernier roman "non SF", le numéro onze de cette série dont Les confessions d'un barjo sont le dixième titre. Intitulé L'homme dont toutes les dents étaient exactement semblables, c'est un livre écrit sans effets inutiles, empreint d'une certaine tendresse et pourtant drôle par moments... Cela se lit comme un mélange de Nathaniel West et F. Scott ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Philip K. Dick, outre son nom provoquant, est surtout connu pour ses romans de SF. On ignore en revanche qu'entre deux repas constitués d'aliments humides pour chats, il a également composé des romans avec de vrais êtres humains. C'est qu'il faudrait rappeler, encore une fois, que la SF et la réalité sont proches de la distance d'un trou de ver. L'inconnu, dans la vie quotidienne, ce sont les relations intersubjectives et les comportements qu'ils imposent. L'inexplicable, dans le prurit de notre quotidien, ce sont tous ces actes absurdes que nous effectuons parce que nous vivons au milieu de tas de gens à jamais inaccessibles.


J'ai acheté ce bouquin parce que je kiffe PKD et aussi parce que le titre était bandant. Imaginez, dans votre vie de tous les jours, découvrir un type dont toutes les dents seraient exactement semblables : ça vaudrait tous les voyages intergalactiques de l'univers. Mais en fait, ce n'est pas aussi simple. Ledit type est un homme de Neandertal (mort depuis longtemps) dont le crâne a été retrouvé dans le jardin d'un honnête citoyen américain, Runcible. Ce crâne attire l'attention de quelques universitaires et la question se pose : s'agit-il d'un crâne authentique ou d'une vulgaire reconstitution d'atelier de charpente ? Si la deuxième hypothèse est la bonne, quel est donc l'esprit machiavélique à l'origine de cette saloperie ? Les conflits dans le voisinage, les vulgaires querelles de jalousie, les désaccords de moeurs et l'exaspération qui surgit simplement de la promiscuité non désirée peuvent être à l'origine de drames dont l'intensité se répartit sur une échelle partant de la simple plaisanterie à la malédiction divine. Oui, vous le savez aussi bien que moi : voilà où se dissimule la SF dans notre vie quotidienne, dans cette inégalité de proportion entre la cause et la conséquence apparentes. de quoi vous foutre des sueurs froides lors de vos nuits d'insomnie bien méritées.


Lovecraft a écrit des trucs semblables dans son oeuvre de SF mais, alors qu'il ne comprenait absolument pas le concept de « l'humour », PKD se montre légèrement plus perspicace. Son humour nous renvoie ainsi à nos opinions stupides concernant des événements plus ou moins mythiques de notre histoire d'humains, et à tous les comportements stéréotypés qu'engendre cette croyance en une histoire de l'humanité. Ça ne fera pas rire tout le monde, c'est certain, mais c'est à cela qu'on distingue le bon humour des courbettes sournoises de la bonne société.


Au croisement du sommet de l'absurde et du réel, goûtez donc cette offrande faite par PKD à notre inutilité notoire :


« -A propos, commença Dombrosio, je me demande si vous avez vu l'emballage que Quinn et moi avons préparé pour cette entreprise qui fabrique des bacs à chat.
-Ah oui, Chatinette. Mais vous devez faire attention à ne pas plagier le produit de la Compagnie Ex-M.
Pendant un moment, Dombrosio chercha en vain ce dont il s'agissait. Puis la mémoire lui revint : c'était la firme qui commercialisait Chat WC, une litière absorbante utilisée dans les plats à chat. […] Comme l'avait dit Bob Fox, la première fois qu'ils avaient étudié le produit : « Ce chat qu'ils ont représenté, là, il est trop bien pour avoir un trou du cul. » […]
-Evidemment, expliqua Dombrosio, Chatinette ne fabrique que le plat à chat lui-même, pas la litière. Donc les deux produits ne sont pas en concurrence directe. En fait, le consommateur utilisera sans doute du Chat WC pour remplir sa Chatinette.
-Ou du Chat Propre, dit Lausch. C'est ce que ma femme achète.
-Ah bon ? Vous savez pourquoi ?
-Elle trouve le nom « Chat WC » trop commun. Elle n'aime pas l'usage qui est fait de ces deux initiales.
-C'est peut-être commun, mais ça n'a rien de choquant.
-Elle a un frère qui s'appelle Walter Charles. Elle a toujours été très sensible aux plaisanteries douteuses sur ce sujet. […] Il y a une chose intéressante au sujet de la litière absorbante, dit Lausch. Elle peut avoir d'autres usages, en plus du remplissage des bacs à chat. Chat WC exploite cette idée à fond sur son emballage. On peut s'en servir pour éponger les flaques d'huile dans un garage. Quoi d'autre ? Pour recouvrir le pied des plantes. Pour garnir le fond des poubelles. Et le plat à chat ? A quoi d'autre peut-il servir ? Notre emballage devrait jouer là-dessus.»

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Philip Dick est connu pour sa grande contribution à la science-fiction, mais n'a pas écrit que ça. Dans ce livre, pas de pouvoirs psychiques, pas d'espace-temps qui se comporte de manière capricieuse. L'action se déroule dans un coin perdu de l'Amérique, dans les années 1950.

On y suit principalement deux familles : Leo Runcible, agent immobilier qui s'est installé récemment dans la région. Malgré toute sa bonne volonté et les efforts qu'il déploie pour se faire accepter, il est toujours considéré par les habitants du village comme un étranger, et les portes des diverses associations lui restent désespérément closes. Sa femme ne supporte pas la moindre pression et est alcoolique depuis plusieurs années déjà.

Son voisin, Walt Dombrosio, est installé depuis longtemps dans la région, mais son couple est une vraie catastrophe. Ses idées bien arrêtées sur le rôle de l'homme (qui travaille et nourrit la famille) et de la femme (qui s'occupe du ménage et des enfants) se heurtent à l'éducation de sa femme, issue d'un milieu riche, qui a appris à décider de tout sans se soucier des souhaits des autres. Leur relation est un mélange instable d'amour et de haine.

La situation dans le quartier s'envenime quand Walt prend la décision d'inviter un ami noir chez lui. Cet événement ne passe pas inaperçu et est très mal perçu, au point de faire perdre une vente à Runcible. Ce dernier se venge en dénonçant un soir Walt, ivre au volant, à qui on retire son permis, qui lui était pourtant indispensable pour travailler. Une série de vengeances mesquines se met doucement en place.

Dick n'était visiblement pas optimiste sur la capacité des hommes à vivre ensemble : les couples qu'il met en scène sont souvent des échecs retentissant et qui pourrissent la vie des intéressés, les voisins se saisissent de la moindre parole anodine pour en tirer des tas de sous-entendus malsains.

Ce livre permet de voir l'auteur dans un genre différent, mais ne m'a pas particulièrement convaincu : l'intrigue est un peu vide, et si la psychologie des personnages est bien développée, ils ne se révèlent pas vraiment attachants.
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Déception à la lecture de ce roman. Philip K. Dick, en dehors des chemins de la science-fiction, a écrit des romans acides sur le quotidien américain : par exemple l'excellent « confessions d'un barjo », ou encore « les voix de l'asphalte », qui nous entraînent dans un monde où règnent folie et marginalité. Ici, rien de tel. On pourra trouver entre les pages une certaine analyse de la société américaine des années 60, de son racisme et son antisémitisme latents, des travers de la middle class embourgeoisée de la côte Ouest. On pourra également s'intéresser à la description du scientisme régnant dans certaines provinces, à travers le fil rouge du roman traitant de fouilles anthropologiques et de chasse à l'homme de Neandertal.
Hélas, tout cela est noyé dans un salmigondis littéraire, chaque personnage évoluant au rythme d'une certaine forme d'auto-thérapie. Tout cela alourdit le style et donne des pages entières d'ennui profond. Aucun personnage n'est vraiment sympathique, ni vraiment antipathique. La vision du couple de Philip K. Dick est plus que sombre, mettant en exergue les archétypes des relations névrotiques pouvant s'installer dans la vie à deux. Quelques pétages de plomb parviennent quand même parfois à faire rire et nous sortir de notre torpeur.
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Nous sommes dans la Californie au début des années 60, et Martin Luther King n'avait pas encore fait parler de lui....

Mais Léo Runcible, juif de son état, s'en fout, un peu, vu que lui est blanc...
Il est agent immobilier et essaie de vendre des terrains en souhaitant que l'essor économique soit un tremplin pour la surenchère immobilière, qui ferait son délice....

Il est à part des autres ? il s'en fout aussi... Après tout, il avance et les autres suivent ou non...
Mais les Dombrosio, ses voisins l'agacent avec leurs idées "progressistes" : ce Walt, un ringard qui aime faire des farces grosses comme lui, et cette Sherry, cette beauté qui veut sa liberté et s'extraire de l'autorité maritale.... Quelle bande de cons ces Dombrosio.... ils doivent voter Democrate sans aucun doute....

Mais le pire, pour Runclibe est quand les Dombrosio invitent chez eux leur garagiste noir....
Une erreur fatale dans ce beau quartier va faire chuter le prix de l'immobilier...

Runclibe déclenche la guerre....
Dombrosio embraye...
On déterre, dans un terrain vague un crâne néerdanthalien.... un crâne dont toutes les dents sont toutes exactement semblables..
Ca va faire grimper les prix ?

Ce livre est bien plus intéressant que son titre, un peu incongru, le laisse supposer...

Il est intéressant de voir comment les personnages évoluent au gré de l'histoire, et comment on peu sortir du bon de ce qui était mauvais à la base...
Comme si une source aux eaux amères devenait une source d'eau pure....
Et Runclibe n'est pas Moïse, loin de là...
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Vraiment, je n'ai pas aimé ce livre. Loin de ses chefs d'oeuvre de SF, K. Dick nous propose ici une sorte de Desperate Housewives au milieu des années 60. Les membres d'une communauté rurale et bourgeoise se déchirent sur fond de racisme et de mysoginie (les années 60 aux Etats-Unis ne vendent pas du rêve...).
L'intrigue présentée dans la 4ème de couverture (histoire de crâne) n'arrive qu'à la moitié du roman et n'est en fait qu'effleurée. On peut donc dire qu'il n'y a pas d'intrigue dans ce roman, juste les problèmes des uns et des autres...
Les Runcible et les Dombrosio sont tous aussi insupportables les uns que les autres.
La seule raison pour laquelle j'ai lu ce livre en entier, c'est que c'est le seul que j'avais emporté pour mon weekend. Sinon je l'aurai abandonné à la moitié.
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Si j'avais un peu de bon sens, se dit Sherry, j'installerais mon chevalet au bord de cette route ; je peindrais cette station d'essence, la colline derrière elle, le bord de la lagune. Mais si je faisais ça... J'obtiendrais un paysage sans intérêt, comme tous ceux des peintres du dimanche. Un Winston Churchill, et même pas original.
Ce n'est pas parce qu'on est ému par la nature, pensa-t-elle, qu'on est forcément un artiste. Cela prouve seulement qu'on est sentimental.
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-A propos, commença Dombrosio, je me demande si vous avez vu l’emballage que Quinn et moi avons préparé pour cette entreprise qui fabrique des bacs à chat.
-Ah oui, Chatinette. Mais vous devez faire attention à ne pas plagier le produit de la Compagnie Ex-M.
Pendant un moment, Dombrosio chercha en vain ce dont il s’agissait. Puis la mémoire lui revint : c’était la firme qui commercialisait Chat WC, une litière absorbante utilisée dans les plats à chat. […] Comme l’avait dit Bob Fox, la première fois qu’ils avaient étudié le produit : « Ce chat qu’ils ont représenté, là, il est trop bien pour avoir un trou du cul. » […]
-Evidemment, expliqua Dombrosio, Chatinette ne fabrique que le plat à chat lui-même, pas la litière. Donc les deux produits ne sont pas en concurrence directe. En fait, le consommateur utilisera sans doute du Chat WC pour remplir sa Chatinette.
-Ou du Chat Propre, dit Lausch. C’est ce que ma femme achète.
-Ah bon ? Vous savez pourquoi ?
-Elle trouve le nom « Chat WC » trop commun. Elle n’aime pas l’usage qui est fait de ces deux initiales.
-C’est peut-être commun, mais ça n’a rien de choquant.
-Elle a un frère qui s’appelle Walter Charles. Elle a toujours été très sensible aux plaisanteries douteuses sur ce sujet. […] Il y a une chose intéressante au sujet de la litière absorbante, dit Lausch. Elle peut avoir d’autres usages, en plus du remplissage des bacs à chat. Chat WC exploite cette idée à fond sur son emballage. On peut s’en servir pour éponger les flaques d’huile dans un garage. Quoi d’autre ? Pour recouvrir le pied des plantes. Pour garnir le fond des poubelles. Et le plat à chat ? A quoi d’autre peut-il servir ? Notre emballage devrait jouer là-dessus.
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Lamentable, pensa Runcible. Pour elle, les inepties pornographiques que lui envoie son club, ce sont de "bons livres". C'est vraiment le comble de la déchéance, de se vautrer au lit pour manger un artichaut en lisant des histoires de vieillards lubriques qui sautent des petites filles. Et c'est grâce à des femmes comme elles que ces clubs de livres font fortune. En leur donnant le moyen de prendre leur pied par procuration, grâce à la lecture.
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Dès que Janet avait bu deux ou trois verres, son jugement devenait flou. Elle pouvait ressentir comme une « pression » à peu près tout et n’importe quoi. Elle risquait de mal comprendre les mots qui lui étaient destinés, ou de leur attribuer un sens qu’on n’avait absolument pas voulu leur donner. Même à ce moment précis, le simple fait qu’il se trouve dans la cuisine… S’il fermait tel brûleur ou qu’il allumait tel autre ? Il avait pris sur lui d‘arrêter la cuisson de la sauce ; ce simple détail pouvait suffire à tout déclencher.
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Aujourd’hui, nous avons l’un comme l’autre retrouvé la place que la nature nous a destinée. J’ai un emploi ; tu as ta grossesse. Je quitte la maison à six heures du matin et je rentre à sept heures du soir ; tu restes ici toute la journée à éplucher des pommes de terre et à faire le ménage. Si ça ne te plaît pas, tant pis, parce que c’est comme ça. Ce n’est pas à moi qu’il faut le reprocher.
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Depuis Jules Verne, de Philip K. Dick au groupe Limite, la science-fiction n'a cessé d'évoluer jusque dans ses propres définitions. Ainsi, ses différentes déclinaisons se démarquent d'abord entre elles pour mieux se mêler ensuite. Quand le genre mille fois déclaré mort sort du cadre et rebat les cartes pour mieux se réinventer…
Avec : Serge Lehman, Olivier Paquet, Hervé de la Haye, Guilhem Modération : Caroline de Benedetti
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Un collègue de travail vous apprend qu'il a malencontreusement écrasé un petit insecte. Quelle est votre réaction ?

Vous êtes infiniment triste
Bof,ce n'était qu'un insecte
Vous compatissez, mais au fond, vous vous en fichez un peu
Tant mieux ! Vous detestez ces petites bêtes

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Thème : Blade Runner (Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?) de Philip K. DickCréer un quiz sur ce livre

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