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EAN : 9782080703033
Flammarion (04/01/1999)
3.38/5   24 notes
Résumé :

Le " milieu ", ses filles et ses souteneurs, la violence nue, les prisons et les boulevards au début du siècle. Dans ce monde où la misère écrase, où l'argent tue, Charles-Louis Philippe nous fait vivre une histoire d'amour fou entre un jeune homme et une prostituée. Berthe croira échapper à sa condition avec Pierre, mais Bubu le souteneur viendra la reprendre.

C'est dans un bal de quartier, un soir de 14 Juillet, que Berthe Méténier fait ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Bubu de Montparnasse, c'est un peu un ménage à trois. Il y a d'abord Berthe Méténier, 20 ans, fleuriste devenue fille publique après s'être mis à la colle avec Maurice Bélu, dit Bubu. Maurice « la choisit belle et vierge, puis il en fait son plaisir, puis il en fait son métier ». Maurice le souteneur, celui qui « prend les femmes dans sa main et les façonne ». le dernier personnage du trio, c'est Pierre Hardy, jeune provincial monté à Paris. Un micheton qui s'amourache de Berthe, cette « trotteuse » rencontré sur le boulevard Sébastopol.

Quand Berthe attrape la vérole, elle finit à l'hôpital. Avec sa protégée sur la touche, les temps sont durs pour Maurice. Il monte un braquage mais les choses tournent mal et il est arrêté. Après l'hôpital, Berthe repart sur le trottoir, à son compte. Dans les moments difficiles, elle se tourne vers Pierre, ce bon ami toujours prêt à l'aider. Avec lui, elle peut envisager un semblant d'avenir. Mais la mise en liberté conditionnelle de Bubu va mettre à bas ses derniers espoirs. Son « homme », bien décidé à la reprendre, va se rendre chez Pierre et elle n'aura pas d'autre choix que de le suivre.

Charles-Louis Philippe fait partie de ces grands écrivains français tombés dans l'oubli. Très modeste employé à la ville de Paris, de faible constitution, il mourra de la typhoïde à 35 ans. Admiré durant sa courte carrière par les plus grands noms de son époque, il fonda avec son ami André Gide la NRF en 1908. Bubu de Montparnasse date de 1901. le style est très naïf et les répétitions nombreuses. Charles-Louis Philippe est un enfant du peuple. Il décrit comme personne la gueuserie des faubourgs, ces petites gens que le grand monde exècre. Il montre un respect absolu pour ses personnages. Beaucoup de tendresse aussi, sans pour autant chercher à les idéaliser. Bubu est vaniteux et grande gueule. Berthe, dont le double jeu permanent est avant tout une question de survie, a tout de la figure tragique. Et pierre, lui, « n'a pas assez de courage pour mériter le bonheur ».

Le Paris du début du XXième siècle est restitué sans fard. La violence, la pauvreté, les ravages de la syphilis, la condition des femmes publiques, rien n'est occulté. Berthe est un personnage féminin qui vous poursuivra longtemps. Cette oie blanche devenue prostituée par amour pour Maurice, va très vite comprendre que plus jamais elle ne pourra échapper à sa condition. Son homme la bat ? Elle l'accepte car « un homme est un gouvernement qui nous bat pour nous montrer qu'il est le maître, mais qui saurait nous défendre au moment du danger. » Et quand Maurice vient la rechercher en sortant de prison, c'est une sorte de lucidité qui prend le pas sur l'amertume : « Elle partait dans un monde ou la bienfaisance individuelle est sans force parce qu'il y a l'amour et l'argent, parce que ceux qui font mal sont implacables et parce que les filles publiques en sont marquées dès l'origine comme des bêtes passives que l'on mène au pré communal ».

Ni populaire ni populiste, Bubu de Montparnasse est un roman du peuple, tout simplement. Et c'est déjà beaucoup.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Charles-Louis Philippe, né à Cérilly (Allier) le 4 août 1874 et mort à Paris le 21 décembre 1909, est un poète et romancier français. Après son baccalauréat, Charles-Louis Philippe prépare sans succès les concours d'entrée à l'École Polytechnique et à l'École Centrale, puis monte à Paris et entre dans l'administration. Désormais à l'abri du besoin il mène une vie modeste dans son petit appartement de l'île Saint-Louis. Il publiera à compte d'auteur Quatre histoires de pauvre amour (1897), puis La Bonne Madeleine et La Pauvre Marie (1898) et La Mère et l'enfant (1900). Une aventure avec une jeune prostituée lui donne l'idée de ce roman, Bubu de Montparnasse (1901), qui est très bien reçu par la critique. Avec Marie Donadieu en 1904 et Croquignole en 1906 il manque de peu le Goncourt et c'est de cette époque que date le début de la querelle autour des prix littéraires, à propos de l'influence des maisons d'édition dans les jurys.

Berthe, apprentie fleuriste va au bal avec ses soeurs. Elle y rencontre Maurice, ébéniste, qui se montre le plus galant des cavaliers et de rendez-vous en rendez-vous, devient son amant, puis son « homme », car Maurice dit « Bubu de Montparnasse » est un marlou qui va faire travailler sa femme pour lui. « Il avait compris que les travailleurs qui peinent et qui souffrent sont des dupes ». Bubu et ses amis passent leurs soirées avec des filles publiques, un univers nouveau et joyeux semble-t-il que Berthe adopte et pour lequel elle accepte presque naturellement, par amour pour Bubu de devenir tapin.
Le boulevard Sébastopol est son territoire, elle l'arpente pour gagner l'argent du ménage, payer la chambre d'hôtel et les loisirs de Bubu. Elle rentre rapporter ses sous, se coucher près de son homme, et, comme celui-ci sait qu'il faut tenir sa femme, qu'il faut l'éduquer par l'autorité et la force, il la corrige pour son bien, « Elle sentit ce que contient l'expression « mon homme ». Un gouvernement qui nous bat pour nous montrer qu'il est le maître, mais qui saurait nous défendre au moment du danger ».
Un soir elle rencontre un client, Pierre, un jeune employé qui bûche encore ses diplômes et qui, trop timide et provincial, erre sur les boulevards à regarder les autres. « Qu'importe ! Disait la foule. Tu es seul et tu t'ennuies. Nous avons des femmes et nous rions. » Comme il est faible, il tombe amoureux de Berthe, devient un client régulier, un ami, presque un amant quand elle tente un moment de sortir du caniveau alors que Bubu est en prison.
Quand Berthe est déclarée syphilitique, tout bascule. Elle est à l'hôpital et Bubu n'a plus de ressources, alors il se lance dans un cambriolage qui le conduit en prison. La vérole réorganise la vie du boulevard, les uns et les autres réfléchissent et prennent leurs distances. Bubu s'en sortira parce qu'il a l'habitude de la rue et la science du mal, il viendra reprendre sa Berthe chez Pierre, une scène mémorable où Bubu et son ami Jules, en grands seigneurs maniant politesse et savoir vivre, embarquent la femme au saut du lit au nez et à la barbe de Pierre qui ne trouve aucun mot ou force pour s'opposer. Pierre se rend alors compte alors que ce monde n'est pas le sien, qu'il est lâche et pas assez fort pour conserver et sauver Berthe. le livre s'achève sur ce constat amer d'impuissance.

L'auteur se défend d'avoir écrit un roman autobiographique, néanmoins il l'a élaboré à partir d'un fait réel, sa rencontre avec Maria, une jeune prostituée qui chopera la syphilis. A cet aspect personnel, Philippe ajoutera une enquête poussée sur les milieux de la prostitution à laquelle il mariera une approche sociale et une dimension psychologique. On peut faire valoir qu'en ce début de XX siècle, la tentative de rachat de la petite putain tombée dans le caniveau est un sujet littéraire souvent abordé ou du moins est-ce un milieu que d'autres aussi ont décrit (Francis Carco), néanmoins ce Bubu de Montparnasse est un roman court mais puissant, inoubliable.
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Agréablement surpris par ce roman qui a connu son petit succès lors de sa parution.
On se retrouve dans le Paris des bas-fonds au début du vingtième siècle avec trois personnages principaux. Maurice, dit « Bubu », un jeune homme pauvre, un tire-au-flanc, qui cherche avant tout à accéder aux mêmes plaisirs que les bourgeois, aussi facilement qu'eux. Mais comme c'est un fainéant il fait travailler sa compagne, c'est-à-dire qu'il la prostitue et qu'il la frappe. Pourtant, on ne peut pas dire qu'il ne l'aime pas. Et Berthe aussi l'aime. Elle l'aime parce que c'est son premier homme et « un homme est un gouvernement qui nous bat pour nous montrer qu'il est le maître, mais qui saurait nous défendre au moment du danger. » A côté d'eux, il y a Pierre, un jeune provincial, timide et faible, au bon coeur, mais surtout aiguillonné par ses désirs comme les autres hommes, un client de Berthe, qui souhaiterait la sortir de la prostitution.
On sent que Charles-Louis Philippe est un homme du peuple, qu'il a connu ce monde de la pauvreté. Il ne juge aucun de ses personnages, même s'il y a, dans ce livre, un fond de morale chrétienne, avec beaucoup de charité et de pitié et aussi un gros sentiment d'impuissance, de fatalité. Il n'est jamais moralisateur, parce que les dominants sont des brutes et que les dominés ne sont pas différents. Et c'est comme ça. Point.
Un roman dans la mouvance naturaliste, sans excès de vulgarité, mais brutal. Pas tant par le vocabulaire que par la syntaxe. Des phrases courtes, très rythmées pour dire la vie moderne, son trop plein, ses excès, son exténuation.
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Pierre Hardy, 20 ans, à Paris depuis six moins, est un modeste employé de bureau. Il n'a qu'un seul ami, Louis Buisson, 25 ans, dessinateur et collègue de travail. Un soir de 15 juillet, alors que Pierre se promène sur le boulevard Sébastopol, il rencontre Berthe Méténier, jeune femme au physique agréable et au maintien modeste. Il l'invite à boire un verre, discute longuement avec elle et obtient ses faveurs contre la modeste somme de cent sous. Berthe est une fille publique qu'un certain Maurice Bélu, dit Bubu-de-Montparnasse, ancien ébéniste au chômage, a mis sur le trottoir après l'avoir déflorée…
« Bubu-de-Montparnasse » est un roman social publié en 1901 par Charles-Louis Philippe auteur un peu oublié de nos jours, issu d'un milieu des plus modestes et donc très proche des petites gens. À son époque, il obtint un grand succès avec ce livre qui a très bien vieilli. En effet, il pose l'éternel problème de la prostitution, de la misère sexuelle (Berthe attrape la syphilis), et de la quasi-impossibilité pour la femme de s'affranchir de la tyrannie d'un souteneur violent et paresseux. Thème éternel, la prostitution étant le plus vieux métier du monde surtout quand elle est exercée pour tenter d'échapper à la misère. Il y a du Zola pour le côté naturaliste et du Maupassant pour le côté désenchanté et sans espoir de Philippe. Si on y ajoute une belle écriture simple, agréable et aisée à lire, nul doute que cet ouvrage, sans être un immense chef-d'oeuvre, peut se classer parmi les romans importants du début de l'autre siècle.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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argh!

on me l'a offert, j'ai voulu le lire, histoire de connaître un peu les auteurs "locaux", celui-là étant de Cérilly, pas très loin donc... j'ai tenu 3 pages...!
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critiques presse (1)
Actualitte
04 septembre 2017
Charles-Louis Philippe (1874-1909) a publié peu de romans, quatre ou cinq, mort trop jeune, lui aussi comme tant d'autres ensablés. Mais un titre a surnagé : "Bubu de Montparnasse", un titre qui fait sourire... Prostitution et syphilis, au début du XXe.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Louis Buisson habitait au cinquième étage, quai du Louvre, une petite chambre carrée. On y voyait un lit de fer avec quatre boules de cuivre, une bibliothèque en bois léger, une commode- toilette, une table recouverte d’un tapis rouge, une chaise et deux « fauteuils arméniens » qui avaient coûté douze francs au bazar de l’Hôtel de Ville. Un tapis de linoléum recouvrait le plancher, deux affiches et quelques gravures ornaient les murs. C’était la vie bien rangée d’un garçon qui fait sa chambre lui-même et la revêt simplement, à l’image de son esprit. La fenêtre ouvrait sur un grand bras de fleuve, à côté du Pont-Neuf et de son petit square où l’air, la lumière et l’eau formaient un spectacle mobile et rafraîchissant. Sommes-nous à Paris ? Nous sommes en haut des airs, dans un pays d’eau, mais dont l’air gronde comme des voitures qui roulent.
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Il ne connaissait personne et marchait toujours, et des passants nouveaux passaient, tous semblables, avec leur indifférence, et qui ne le regardaient même pas. Leur bruit l’entourait comme celui d’une multitude dont il ne faisait pas partie. Il les voyait par masses, avec des remous et des gestes, gais comme quelques éclats de rire qu’il avait entendus au passage et brillants comme quelques regards de femmes qu’il avait vu briller.
Il essayait de se raccrocher à quelque chose pour n’être pas submergé. Il avait besoin de descendre en lui-même et d’y trouver, en face de ce qui passait, quelque joie pour n’être pas perdu au milieu de l’universelle gaieté. Il voulait opposer une digue au flux montant et crier : « J’existe aussi. Avec des pierres et du ciment je me dresse et je vous arrête alors que vous hurlez. »
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Il marchait comme marche l’espérance. Quelque jeune femme à la taille serrée marchait devant lui, alors il ralentissait le pas pour mieux la voir. Voici qu’elle lui adressait un sourire. Alors il allongeait le pas pour mieux la fuir et parce qu’une autre femme à la taille serrée… il marchait comme marche l’espérance, de femme en femme. Il ne voulait pas des unes parce qu’elles étaient trop faciles. Il n’osait pas parler aux autres parce qu’elles n’avaient pas l’air faciles. Il marchait comme marche l’espérance, de femme en femme, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’espérance.
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"C'était un petit homme d'un mètre cinquante- trois de hauteur qui avait été refusé au service militaire pour défaut de taille. A cause de cela, il n'inspirait pas beaucoup de respect à ses camarades, qui le considéraient comme un bon garçon, mais dont l'importance n'avait qu'un mètre cinquante-trois de hauteur. Ancien candidat à l'Ecole polytechnique, il avait étudié les mathématiques, ce qui lui donna l'habitude de l'analyse et il était resté interne jusqu'à vingt ans dans un lycée de province, ce qui lui avait donné l'habitude de la souffrance."
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Connaissez-vous l’odeur du vice qu’une fois l’on respira ? Les coups de poing des souteneurs façonnent les filles et laissent leur marque dans la chair blanche auprès des désirs qu’y mit Dieu. Elles vivent et sont un grand troupeau côte à côte, Blanche, Berthe et d’autres, où l’une est auprès de sa voisine comme un exemple et comme un enseignement. Il y a l’atmosphère des prostituées, qui sent d’abord la liberté de vivre, puis qui descend et qui pue comme mille sexes tout un jour. Et le mal entre sous vos jupes avec des baisers dévorants.
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