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Critique de Poljack


Mon avis :
Ce service presse, confié en avant-première par les éditions Marivole, m'a été chaudement recommandé et décrit comme un « très grand roman. »
J'ai depuis longtemps constaté que l'appréciation d'un livre est souvent influencée par les lectures qui ont précédé… Lorsque j'ai entamé le crépuscule des ronces, je sortais d'un Premio Nadal ! Pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit du plus prestigieux prix littéraire espagnol. Autant vous dire que la barre était placée haute, et c'est sans doute pour ça que je n'ai pas été aussi emballé que mon interlocuteur.
Ce qui ne fait pas de ce roman un mauvais livre, loin de là ! L'auteur manie la plume avec, on le devine, une certaine délectation. En fin gourmet de la langue, il va chercher des saveurs rares, des mots ciselés au maillet du poète, des tournures de phrases habillées d'une élégance un peu désuète, où flotte un léger parfum de nostalgie. L'écriture est celle d'un coureur de fond : le rythme est lent, mais le pas est ample, la respiration profonde. On se laisse happer par le tempo, et l'on règle son souffle sur celui de l'auteur.
Il nous parle de l'amour qui s'étiole sous l'ennui du quotidien, de la vieillesse qui réclame son dû, de l'amitié comme dernier rempart, de la camarde qui nous attend patiemment, nous appelle, inexorablement. Rien de nouveau sous le stylo ? Non, pour ce qui est des thèmes évoqués. Ils ont été explorés, exploités, triturés sous toutes les coutures, et depuis la nuit des temps. Ils le seront encore, peut-être jusqu'à l'extinction de l'humanité. Alors puisque nombre d'auteurs ont abordé le sujet, l'important réside dans la façon dont il est traité.
« Ce qui importe dans le roman en cours, qui s'écrit sous mes yeux, c'est de creuser les mots au-delà du visible. » C'est ce vers quoi tend Michel Philippo à travers le crépuscule des ronces. Quand on touche à l'invisible, on entre dans le domaine du subjectif, et chaque lecteur sera touché selon sa propre sensibilité. Car c'est bien par petites touches, par subtiles suggestions que l'auteur nous dépeint les sentiments et les états d'âme du narrateur. Et tout cela est très beau.
Alors, me direz-vous, pourquoi cet avertissement, en ouverture d'article ?
Comme je l'ai dit, il y a là une part de subjectivité induite par ma lecture précédente. Ou du moins, par le degré de satisfaction qu'on espère au moins égaler. Et si je n'ai pas eu le sentiment d'atteindre ce niveau de plaisir, c'est d'abord parce que malgré toutes ses qualités, ce roman n'a pas su me surprendre vraiment.
D'un autre côté, et de façon beaucoup plus concrète, s'il y a bien, comme l'indique la quatrième de couverture, deux histoires parallèles − celle qui se déroule au fil du récit, et celle que le narrateur écrit, reflet, semble-t-il, de sa propre vie −, la seconde passe assez vite au second, pour ne pas dire à l'arrière-plan, avant de se reconnecter dans les toutes dernières lignes. Les premiers chapitres laissaient espérer plus d'imbrication entre les deux, je suis resté un peu sur ma faim.
C'est là le plus gros reproche que je pourrais faire à ce livre qui reste cependant, pour sa qualité d'écriture et la sincérité de son auteur, une proposition de premier ordre pour tous ceux qui aiment la belle littérature.
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