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EAN : 9782352047322
304 pages
Les Arènes (09/05/2018)
  Existe en édition audio
4.31/5   2862 notes
Résumé :
Six heures du matin, Berthe, cent deux ans, canarde l’escouade de flics qui a pris d’assaut sa chaumière auvergnate. Huit heures, l’inspecteur Ventura entame la garde à vue la plus ahurissante de sa carrière. La grand-mère au Luger passe aux aveux et le récit de sa vie est un feu d’artifice. Il y est question de meurtriers en cavale, de veuve noire et de nazi enterré dans sa cave. Alors aveux, confession ou règlement de comptes ? Ventura ne sait pas à quel jeu de du... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (599) Voir plus Ajouter une critique
4,31

sur 2862 notes
Le roman de Benoît Philippon, renferme deux étages, deux degrés de lectures qui s'opposent et pourtant se complètent parfaitement.
Une première façon de présenter cette aventure serait d'insister sur l'humour et le comique de situation et des dialogues percutants qui ne sont pas sans rappeler, d'autres l'ont déjà dit avant moi, ceux d'Audiard ou de Frédéric Dard.
Berthe, petite bout de femme de 102 ans est en garde à vue pour avoir tiré sur son voisin. Elle a aussi permis à un couple en cavale d'échapper à la police.
L'inspecteur Ventura, chargé de l'interrogatoire, comprend toutefois, au fur et à mesure, que la mamie en question est plutôt du genre flingueuse que gâteau. Il découvre en même temps que nous cette vie qui débute avec la Première Guerre mondiale et qui traverse le XXe siècle à coup de meurtres en tout genre. Dans sa cave, à la mémé, on retrouve un cadavre, puis plusieurs. Et à chaque fois, Berthe explique ce qu'il s'est passé, avec une gouaille et une verve réjouissante, un décalage total entre la façon de le raconter et les horreurs qui sont commises. Les dialogues sont souvent très drôle, et on se dit que ce livre léger est parfait pour passer un bon moment, le sourire au lèvres.
Et puis, au fur et à mesure, se détache de ce fond humoristique, le patchwork que fut la vie de mamie Luger. On a les informations dans un ordre non chronologique, choisi par l'auteur, judicieusement disséminé et si l'humour des dialogues est présent du début à la fin, le deuxième étage de ce roman nous apparaît de plus en plus clairement et ce n'est plus aussi drôle que ça dans le fond.
Mamie Luger a connu une existence compliquée de sa jeunesse avec sa grand-mère, Nana qui en fait une fille forte et intelligente, à ses mariages avec des hommes violents, peu efficaces dans les choses de l'amour, adeptent de la domination masculine qui allait de soit à l'époque, sa traversée de l'Occupation dont elle a conservé le Luger qui lui donne son surnom, un autre mariage avec un séducteur italien …
Elle a traversé le siècle, subissant la condition féminine et refusant de se laisser faire par les hommes. Seulement, Berthe, quand elle doit résoudre un problème, elle le fait définitivement. Et quand les problèmes, ce sont les hommes de sa vie, la solution est tout aussi radicale.
Cette exagération et ce décalage, racontés avec des dialogues aux petits oignons apportent de l'humour et de légèreté, mais le fond, le véritable propos du livre, c'est la situation des femmes et sa très lente évolution au XXe siècle.
A la violence des mâles, Mamie Luger a répondu par une violence féminine, plus forte, et plus définitive. Plus intelligente aussi, pourrait-on dire, car, après tout, elle n'a jamais été prise. Avouer tous ces crimes à 102 ans a quelque chose de surréaliste.
Pourtant, on l'aime cette mamie Luger, on ne la voit pas comme un tueur en série ou une psychopathe, on lui trouve des circonstances atténuantes, on se réjouit presque du sort de tous ces c…
L'émotion aussi, vous guette au détour de quelques pages quand, la mémé en manque de confidences narre son amour pour un soldat américain noir, lui aussi victime de discrimination chez les siens et de préjugés en France.
Un roman plus profond qu'il n'en a l'air et qui sous un vernis réjouissant d'humour et de dialogues percutants présente un condition féminine beaucoup moins rose.
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Quoi, tu n'connais pas Mamie Luger ? Tsss ... permets moi de t'dire que tu râtes quelque chose. Laisse-moi te présenter l'animal.
Prénom : Berthe
Surnom : Mamie Luger , elle en a un en sa possession, volé à un Nazi ...
Âge : 102 ans, pas toutes ses dents mais pas d'Alzheimer en vue
Raison de sa garde-à-vue : a défouraillé son voisin et canardé des flics, avec son Luger, donc
Signes particuliers : franc-parler fracassant, humour gouailleux
Hobby : serial-killeuse à l'insu de son plein gré ( ou pas ), aime enterrer des choses dans sa cave et explorer toutes les possibilités d'une pelle …

Tout se passe dans un commissariat avec la garde-à-vue de Mamie Luger, mais le cadre du huis-clos est très rapidement explosé avec les confessions de ladite mamie qui raconte des épisodes marquants de sa vie explosive, dans l'ordre qui lui sied, histoire de balader un peu beaucoup l'inspecteur qui mène l'interrogatoire. S'en suit une sarabande de révélations surprenantes, de dialogues truculents à mi-chemin entre Dard, Blier et Audiard ( pas pour rien que l'inspecteur se nomme Ventura, hein ), portés par la verve et la verdeur de la centenaire.

On s'amuse beaucoup mais à mi-parcours, j'avoue avoir été un peu lassée par la répétition du « protocole » criminel de Mamie. Et c'est là que le changement de braquet de l'auteur arrive à point nommé, insufflant émotion et profondeur. Car derrière la farce, se révèle le portrait d'une femme, libre, anticonformiste, indignée par le patriarcat et la domination masculine qu'il implique. Berthe est une féministe avant l'heure. Et si elle déroule crimes et aveux, elle dévoile aussi les épisodes douloureux de son intimité, notamment une très belle histoire d'amour, inattendue étant donné le profil de la Dame. Mamie Luger a été marquée par les hommes, prédateurs ou lâches, et malgré tout, sa force de vie ahurissante explose à la face du lecteur. Aucune loi ne peut la sauver, mais la morale est avec elle, et le lecteur aussi.

Un roman féministe léger mais pas que, souvent drôle, complètement dans l'air du temps. Très divertissant !

Lu dans le cadre du Prix des lecteurs Livre de Poche 2020, catégorie polar
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Durant sa longue vie, Mamie Luger a flingué à tout va. De préférence les hommes qu'elle a épousé et qui ont eu la mauvaise idée de lui manquer de respect, mais pas seulement. C'est ce qu'elle va confesser longuement au lieutenant de police, André Ventura, avant de tirer sa révérence à sa manière.

Visiblement très inspiré par San Antonio et Audiard (et ses Tontons flingueurs), Benoit Philippon nous convie à une comédie désopilante. Mais tout le sel de ce roman noir ne se réduit pas à tueuse en série de cent deux ans, hilarante, irrespectueuse et mal embouchée. La vielle dame indigne est aussi une femme sensible et une féministe convaincue qui entend lutter contre la domination masculine et la violence inhérente faite aux femmes. Même si ses moyens radicaux ne sont pas des exemples à suivre, on ne peut qu'être d'accord avec cet engagement...
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Berthe, 102 ans, bon pied (au cul !), mauvail oeil, n'est pas une mamie gâteau qui tricote des écharpes à ses petits-enfants en ronflant devant les Feux de l'amour. C'est plutôt un croisement entre Tatie Danielle et Ma Dalton, serial veuve, qui a délaissé l'hydratation de ses géraniums pour arroser de plomb la bleusaille alertée par ses problèmes de voisinage. Inutile de vouloir lui confier des mioches pour les vacances quand il n'y a plus d'école pour s'en débarrasser.
La charmante vieille dame est placée en garde à vue et interrogée par l'inspecteur Ventura. Celui qu'elle surnomme Lino va bientôt découvrir que si beaucoup de gens cachent des cadavres dans leur placard, Mamie Luger préfère les enterrer dans sa cave. Et il y a foule dans les fondations, catacombe privative, ossuaire réservé aux dynasties d'animaux de compagnie et aux maris de mauvaise compagnie. Berthe a enchaîné les mauvais mariages et autant de veuvages plus ou moins prémédités.
Sa vie n'a pas été un fleuve tranquille. Plutôt un torrent déchaîné dont la vieille dame va raconter les nombreux débordements dans une langue crue.
Tartare à la Audiard lors des séquences d'interrogatoire, le récit échappe à la gaudriole san-antoniesque car la biographie macabre révèle une femme libre en avance sur son temps, faiseuse d'ange par compassion, démon radical face aux violences conjugales, les viols et le racisme. L'auteur ne précise pas si Berthe à de grands pieds, mais elle a les idées larges.
Il ne faut donc pas trop se fier à la couverture truculente et plus accrocheuse qu'une édition de minuit qui cherche midi sous un soleil de Plon. Ce qui se passe sous les draps de cette histoire ne relève pas du simple divertissement de transat. Benoit Philippon alterne avec brio les passages très drôles et les épisodes tragiques de la vie de la vieille dame. Son histoire d'amour avec un GI noir est aussi touchante que romanesque. Berthe est un coeur à vif qui porte le cynisme comme une armure.
A l'inverse, il faut oublier le romantisme quand la mamie aborde sans censure ni césure les compétences érotiques limitées et l'anatomie minimaliste de feu certains de ses maris qui lui rendirent le devoir conjugal aussi excitant qu'un sujet de trigonométrie. A défaut d'atteindre le Nirvana, Berthe tombe dans le Grunge quand il s'agit de se faire justice. Et la vieille dame interprète avec certaines libertés le concept de légitime défense pour se débarrasser de ses légitimes à coups de pelle.
Si l'aspect répétitif des crimes m'a parfois un peu lassé, le personnage sans filtre de Berthe est assez irrésistible et tout comme Ventura, je l'aurai bien gracié de ses crimes en lui accordant des circonstances plus amusantes qu'atténuantes.
Mamie Luger apparaissait dans le premier roman de Benoit Philippon "cabossé" qui suivait la cavale d'un couple en cavale évoqué au début du roman. Je vais tâcher de me le procurer. L'auteur est également scénariste et on le sent très à l'aise dans les dialogues jubilatoires du roman et dans sa construction à base de flash-back.
J'ai donc apprécié cette mamie flingueuse. Je plaide coupable.
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Blam ! Blam ! C'est à coups de Luger que Berthe accueille la flicaille qui cerne sa maison. du haut de ses 102 printemps, malgré l'arthrose et ses lunettes en cul de bouteille, elle en a encore dans le coffre ! Mais faut croire que les flics en ont encore plus puisque c'est avec un barouf de tous les diables qu'ils enfoncent la porte. À leur tête, l'inspecteur André Ventura qui dirigera l'interrogatoire. Car, non seulement la vieille dame, désormais en garde à vue, a tiré sur les flics mais aussi sur son voisin. À deux reprises et dans le cul ! Va falloir qu'elle s'explique, Berthe, pourquoi elle a fait ça pendant que Roy et Guillemette, deux fugitifs, se tiraient avec l'Audi dudit voisin. Et va falloir que Ventura soit patient. La garde à vue risque bien d'être longue au vu des secrets bien enterrés que cache Berthe !

Elle a du pep's, la Berthe ! du répondant, de la verve et de l'humour, noir parfois. Parce qu'à 102 ans (on peut dire qu'elle arrive au crépuscule de sa vie), elle en a vécu des choses. Des belles et des beaucoup moins belles aussi ! Ainsi, assise face à l'inspecteur Ventura, qu'elle surnomme affectueusement Lino, elle a de quoi en raconter pendant des heures. Et nous, lecteurs, suivons avec grand intérêt son histoire, loin d'être ennuyeuse d'ailleurs. de sa naissance en 14 à sa rencontre avec Roy et Guillemette, en passant par son adolescence auprès de Nana, sa grand-mère, ses mariages foireux ou ses épreuves, Berthe se dévoile sur un ton haut en couleur et envolé. Cette garde à vue, même si elle ne manque jamais de piquant tant par ces dialogues jouissifs et une joute verbale colorée, laisse entrevoir tout de même quelques lueurs d'émotions. Benoît Philippon, de par sa plume jubilatoire et ciselée, nous plonge dans un huis-clos inoubliable.
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Citations et extraits (231) Voir plus Ajouter une citation
Elle n'avait pas le luxe de questionner l'éthique de la situation, une veuve qui doit nourrir sa gamine utilise son cul avant sa tête s'il le faut.
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– Donc quand vous avez tiré sur de Gore, vous saviez qu’il ne s’agissait pas de Gitans ?
– P’t’être bien que oui.
– Vous pouvez expliquer votre geste ?
– J’l’ai jamais aimé, lui.
– Ça ne justifie pas de lui tirer dessus.
– Qui m’empêche ?
– La loi, Berthe. La loi, dit l’inspecteur flegmatique.
– Dis donc, tu commences à m’casser les pieds, avec ta loi ! explose la grand-mère. On n’est donc plus libre de rien, dans c’pays ? J’croyais qu’y avait écrit « Liberté, Égalité, Fraternité » sous not’ drapeau. J’vois pas d’liberté, là, j’vois des menottes, l’égalité, vous m’faites bien rigoler, en tant qu’femme depuis un siècle, j’ai bien vu qu’on nous roulait dans la farine, et la fraternité, viens pas m’chatouiller avec ça. J’ai pas gardé un Luger dans ma commode par hasard !
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- Mais Nana, c'est des garçons. C’est eux les plus forts.
- Détrompe-toi, ma chérie. C’est ce qu'ils veulent nous faire croire. Mais il faut surtout pas te laisser berner.
- Mais Nana, les garçons, ils sont grands et costauds.
- C’est vrai, ma chérie. Mais ils sont aussi très cons. Donc quand tu seras plus grande, tu comprendras que tu ne dois pas te laisser dominer, et pour ça il te faudra utiliser ta tête.
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– Si tu les trouves trop longues, mes réponses, j’rentre chez moi écouter mon jeu à la radio.
– Je crains que votre jeu ne soit terminé.
– Ah, c’est malin ! Et pourquoi qu’tu veux savoir tout ça, d’abord ? s’agace la grand-mère.
– C’est le protocole.
– J’en ai rien à foutre, moi, que t’aies mal au trou d’balle.
– Je vous demande pardon ? s’étrangle Ventura.
– C’est toi qui m’parles de ton proctologue.
– Protocole, Berthe.
Rire étouffé de Pujol. Ventura lui suggère d’un regard réprobateur de se concentrer plutôt sur son correcteur d’orthographe.
– J’t’avais dit qu’j’étais sourde comme un pot. Et sénile. J’espère que t’as pas prévu d’prendre tes RTT ce soir, parce qu’à c’rythme-là, on va y passer la semaine.
– Il n’y a pas de RTT dans mon métier.
– Viens pas m’jouer du violon, quand j’ai commencé à travailler, on n’avait même pas les congés payés, donc ta complainte de feignant d’syndicaliste, elle m’émeut pas plus que les vœux de Mireille Mathieu.
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Ventura s'apprête à se lever lorsqu'une notification fait vibrer son portable posé sur le bureau. Il en prend connaissance :
- Ça y est, vous êtes une star.
- Comment ?
Ventura glisse le portable dans les mains de la vieille.
- J'vois rien.
- Lisez l'article.
- J'vois rien, j'te dis. Ton truc, il est tout noir.
Elle brandit l'écran éteint.
- Balayez.
- Quoi ?
- Avec votre doigt, balayez l'écran.
- Dis, oh, suis pas venue faire ton ménage, moi !
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Vidéo de Benoît Philippon
Extrait du livre audio « Mamie Luger » de Benoît Philippon lu par Fabienne Loriaux. Parution numérique le 25 janvier 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/mamie-luger-9791035411961/
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