Avoir le dernier
Elena Piacentini entre les mains c'est comme tenir le Saint Graal. Vous êtes bêtement heureux sans trop savoir pourquoi, ça vous met de baume au coeur et des papillon plein les yeux. Il faut dire qu'elle est près belle la couverture de son dernier bouquin,
Vaste comme la nuit.
Et ce titre, n'est-il pas prometteur ? Ne nous invite-t-il pas au voyage voire même à la contemplation, que dis-je au rêve éveillé !
Vaste comme la nuit…
Elena Piacentini a une place à part dans la littérature policière française. Elle est unique. Elle est une magicienne des mots.
Oh je sais il y a de nombreux excellents auteurs de polar et de noir à avoir une écriture sublime. A sublimer le noir, à lui donner ses lettres de noblesses. A faire en sorte que les littératures policières soient le reflet du monde, de notre monde. Ils sont de plus en plus nombreux nos auteurs français à transcender la littérature à travers le prisme du polar et du noir. Ils sont un peu moins nombreux à le faire à travers une simple enquête policière. Et Elena est de ceux-ci. Elle a vraiment une singularité qui la démarque. Elle a ce don des mots, cette facilité pour les assembler, pour les épurer, magnifier chacun d'entre eux. le mot juste à sa juste place, c'est ça le style Piacentini, Une écriture au cordeau pour nous faire ressentir chaque aspérité de l'âme humaine.
Comme le disait si bien Véronique son éditrice chez Au-delà du raisonnable, dans ses romans, Elena orchestre avec psychologie une humanité malmenée, souvent victime de ses choix entre l'ombre et la lumière.
Ici c'est à nouveau exactement ça !
Ici elle plonge le lecteur dans une ambiance fiévreuse et mystérieuse.
On retrouve ici Mathilde Sénéchal et Pierre Orsalhier . Sans oublier Adèle, la jeune ado que Mathilde à pris sous son aile avec bienveillance.
Mathilde si froide, si solitaire habituellement. Mathilde qui ose à peine avoir confiance en l'humain. Et Pierre Orsalhier, l'ancien flic retiré dans un petit village de la Haute-Ariège, délaissant flingue pour appareil photo. Ces deux là tentent de s'apprivoiser. Et Adèle est là pour y veiller elle aussi ! Et puis il y aura toujours Lazaret dans les parages.
Ces quatre là on les a rencontré pour la première fois dans
Comme de longs échos. On a appris à les connaître. Ici l'intrigue tourne essentiellement autour de Mathilde. Mathilde et son don olfactif. Mathilde alergique au odeurs de menthe depuis son enfance.
Mathilde devenu capitaine de Police et qui repousse sans comprendre l'instant où elle affronterait son enfance, ou elle ferait parler son passé…
Aussi Lazaret, son chef de groupe tout juste parti à la retraite, se sachant condamné par la maladie, a choisi de l'aider dans sa quête.
Et Mathilde va la décider à reprendre le chemin du village normand où elle a grandit. le Petit-Caux, où elle a perdu une partie de ses souvenirs d'enfance suite à un accident de vélo.
Aussi va-t-elle rouvrir une enquête vieille de trente ans. Avec Orsalière et Adèle, elle va remonter le temps jusqu'à l'été de ses 9 ans. le jour où Jeanne sa professeure d'alto a mystérieusement disparu. le même jour où Mathilde a perdu la mémoire à cause d'une chute à vélo dont elle n'a gardé qu'une cicatrice à la tête. Un fameux 24 juillet 1987.
Mais le passé est coriace, et le habitants du coin sont des taiseux,
« Des habitants qui ont avalé leur langue.
Une forêt où rôde un étrangleur de bêtes.
Trois maisons isolées en lisière de forêt et l'Eaulne pour frontière…«
Notre auteure nous offre une plongée dans la transgénéalogie. Quand le passé conditionne le présent, quand la vie de chacun est réglée par ses secrets et ses drames.
Quand la vie de tout un village repose sur des querelles de cloché immémoriales. Quand les erreurs séculaires pèsent et régissent la vie de toute une communauté. Quand les secrets de famille gouvernent et conditionnent les rapports humains. Quand ceux-ci sont la cause de troubles affectifs qui se transmettent de parents à enfants. Quand les non-dits sont les maîtres silencieux de nos destins et qu' ils empoisonnent plusieurs générations.
C'est à tout cela que va être confrontée Mathilde en se confrontant aux gens de son passé. Et ce second opus mets les femmes en lumière, ce sont-elles les gardiennes du passé, elle les survivantes. Ici Solange et encore plus Hortence sont les dépositaire de la mémoire collective. Mathilde va devoir les affronter et asservir son passé enfin d'accomplir cette quête personnelle qui devra la mener à sa propre résilience. Et la Mathilde adulte et Mathilde enfant devront elles aussi se réconcilier.
Aussi ce deuxième opus sonne comme la fin d'un cycle.
Elena Piacentini nous propose t-elle une fin, met-elle un terme à sa nouvelle série. Les enquête de Mathilde Sénachal ne se résumeront-elles qu'à ce parfait diptyque ? J'avoue que j'aurai aimé retrouver notre héroïne tant je n'étais attachée à elle et aux quelques autres héros récurrents de cette mini série.
Mais je me console en sachant que je pourrais retrouver l'écriture sensorielle d'Elena auprès du commissaire Léoni et sans doute dans bien d'autres histoires que saura nous conter
Eléna Piacentini. Car c'est certain, conteuse elle l'est dans l'âme pour faire ainsi si bien résonner ses mots avec nos émotions !
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