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EAN : 9782735113156
454 pages
Maison des Sciences de l'Homme (16/06/2011)
4/5   1 notes
Résumé :
Depuis quelques années, tant au niveau national que transnational, la biométrie s'impose comme une technologie privilégiée d'identification des personnes. En effet, elle fait l'objet d'un essor considérable dans la sphère domestique, dans les établissements scolaires, dans les entreprises, dans le champ de la sécurité, etc. Ce phénomène soulève une profusion de nouveaux enjeux. De quelle manière appréhender la biométrie au regard de l'histoire longue des procédures ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Identifier des personnes sur leurs particularités physiques, ça n'a rien de vraiment nouveau. Quand on croise des gens dans la rue, au travail, … on les reconnaît généralement grâce à leur visage, ou leur voix. Pourtant, la biométrie a toujours provoqué beaucoup de méfiance et de suspicion. Il faut dire que les premiers citoyens à être fichés ont été les prisonniers et les soldats, dans le but de retrouver les évadés et les déserteurs en diffusant leur signalement dans tout le pays. Et plus tard, elle s'est tristement illustrée dans des histoires de darwinisme social ou d'eugénisme. Ce n'est que très récemment que la biométrie s'est tournée vers les honnêtes citoyens pour leur apporter plus de sécurité, avec les empreintes digitales, la reconnaissance de l'iris de l'oeil, la modélisation du visage, du réseau veineux de la main, les tests ADN, … sans avoir encore effacé l'aspect « traque » associé dans les esprits à son nom.

L'essai fait le point sur la biométrie moderne et sa rapide expansion, à travers de nombreux prismes : économie, droit, sociologie, philosophie, technique, … Vu la diversité des avis exprimés, il serait difficile de faire un bref résumé des thèmes abordés. Un point frappant après la lecture de ce livre est que, malgré la multitude de chose à dire sur le sujet, les mises en place de dispositifs biométriques se mettent en place dans un silence de plomb, sans réel débat.

Quelques points m'ont particulièrement marqué. Tout d'abord, l'efficacité discutable de ces méthodes, ou plutôt la grosse différence d'efficacité entre deux branches de la biométrie. Elle s'en sort plutôt bien dans le cas de l'authentification : quelqu'un prétend être monsieur X, le système confirme qu'il y a de fortes chances que ce soit lui ; le sujet collabore activement à sa reconnaissance, puisqu'il en retire un bénéfice : accès à un bâtiment, passage d'un portail de contrôle sans faire la queue, etc. Elle est par contre à la ramasse pour l'identification : on saisit une trace de quelqu'un au vol, et on cherche à retrouver, dans toute la base de données qu'on détient, à qui elle appartient. Or c'est généralement avec l'identification qu'on nous promet des merveilles, mises en scènes dans toutes les séries policières : si on fiche l'ADN de tous les délinquants, on retrouvera un meurtrier, un violeur dans l'heure ; en plaçant des caméras dans toutes les gares et les aéroports, on détectera automatiquement un terroriste de passage. Jusqu'à maintenant, les systèmes de ce type mis en place ont une efficacité de… 0 : aucun coupable arrêté, et un tas d'innocents en garde à vue pour rien. Et ça ne risque pas de s'arranger, puisque même si l'efficacité d'une méthode est excellente, la population à analyser est énorme : ainsi, un système efficace à 99,98 % sortira environ 10.000 coupables potentiels à chaque requête sur toute la population française.

Au point de vue des dangers, on peut citer le fait qu'une seule empreinte authentifierait un individu dans tous les systèmes : votre banque pourrait facilement vous relier à votre casier judiciaire, votre assurance à votre dossier médical, etc. Notons tout de même que ce point n'est qu'une menace potentielle, et qu'elle existe déjà depuis un petit moment avec la géolocalisation des téléphones portables, le big data, etc.

Autre danger, très concret cette fois-ci, la non-révocabilité des traces : on vole votre carte bancaire, vous faites opposition et en recevez une nouvelle quelques jours plus tard. On vous vole vos empreintes digitales… félicitations, vous êtes désormais vulnérable face à tous les systèmes qui se basent dessus pour le restant de vos jours.

L'essai est vraiment très enrichissant, et est encore très ancré dans l'actualité : avec les flux de migrations et le terrorisme, les systèmes de fichage et de reconnaissance sont au coeur des débats. Et comme on a sous la main un outil qui permet d'élever le niveau des discussions, ça serait bête de s'en priver.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Certaines données biométriques utilisées aujourd’hui ont la particularité de pouvoir être capturées et utilisées à l’insu des personnes concernées. C’est le cas, par exemple, des empreintes génétiques puisque chacun laisse involontairement derrière soi des traces, même infimes, de son corps, dont on peut extraire l’ADN. C’est également le cas des empreintes digitales, dont on laisse aussi des traces, plus ou moins facilement exploitables, dans beaucoup d’actes de la vie courante. Cette caractéristique implique une vigilance toute particulière, tant de la part des personnes concernées que de celle des autorités de protection des données. En effet, ces traces peuvent être exploitées pour l’identification des personnes et tout traitement de données est donc susceptible d’être utilisé à des fins étrangères à sa finalité première, notamment à des fins d’usurpation d’identité dans un but frauduleux.
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[L]'un des enjeux majeurs des applications biométriques repose sur la réification de l’humain: peut-on encore être «quelqu’un» dès lors que l’individu en tant que tel est réduit au rang d’instrument d’identification ? [...] Dans cette perspective, deux axes principaux peuvent être distingués. D’une part, l’utilisation du corps comme outil d’identification et de gestion de l’individu au travail pose la question, plus générale, de l’instrumentalisation professionnelle de l’humain et de son corps. La biométrie peut-elle avoir pour effet de réduire l’homme au travail au rang d’objet biométrique ? Existe-t-il encore une sphère privée pour l’employé ? En d’autres termes, l’usage de la biométrie dans l’entreprise peut-il conduire à une remise en cause des droits de l’employé?
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Si, en tant qu’humains, nous sommes déjà sujets à des erreurs de reconnaissance dans ces types d’environnements bruités, tous les systèmes informatiques biométriques le sont aussi au point de générer tellement d’erreurs qu’ils en deviennent inutilisables. Aujourd’hui, on essaye de pallier ces difficultés, en contraignant l’utilisateur et l’environnement [Interdiction de sourire, fond uni, ...]. C’est la solution utilisée dans les contextes d’identification à grande échelle (passeport, contrôles identitaires). Par contre cela est souvent impossible lorsqu’on cherche quelqu’un dans une foule ou dans un lieu public. Dans ce cas, on ne maîtrise pas le contexte d’acquisition, qui peut même être en extérieur, et on ne peut pas contraindre la personne. Pour cette raison, les chercheurs et ingénieurs essayent de produire des systèmes utilisables dans ces environnements. Il faut dire clairement que, aujourd’hui, les technologies biométriques ne sont pas suffisamment avancées pour pouvoir être performantes dans ces contextes.
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Réduire le corps de l’individu à une série de chiffres s’impose rapidement, dans le champ de la police scientifique, comme un moyen idéal pour simplifier à la fois l’opération des relevés dont le corps des individus fait l’objet et le classement des fiches de police. La difficulté consiste essentiellement à convertir des données corporelles, comme les mesures du corps ou les formes des empreintes digitales, en un nombre qui comprendrait des détails significatifs de l’identité et serait suffisamment élevé pour s’appliquer à un grand nombre d’individus. Les projets qui apparaissent ambitionnent ainsi de supprimer les supports écrits de l’identité et de les transformer en séries de chiffres ou de lettres, finalement en un véritable « code d’identité » unique pour chaque personne.
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