AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de CaroleBouchut


Jusqu'à environ la moitié du livre, je m'ennuyais en le lisant. Cet ennui était surtout dû au fait que la lecture de ce texte ne m'entraînait pas suffisamment sur de nouveaux chemins de pensées ; ce cheminement n'était pas assez surprenant et choquant à mon goût. Je préfère lire des mots et des approches qui me bousculent, qui me propulsent dans des directions « réflexives » que je n'ai pas encore eu l'occasion d'explorer plus en détails, voire auxquelles je n'ai pas encore pensé.
Malgré ce ressenti tout personnel sur ce texte, ce qui semblait poindre en toile de fond était beau, doux et rude à la fois, mouvant. C'était quelque chose de trop familier pour être réellement confortable pour moi. Ce qui m'a surtout dérangée dans la majorité de ces premières pages est cette impression que l'auteur avait du mal à se détacher de sa métaphore et de son expérience personnelle. C'était à la fois trop familier et trop étranger. Déstabilisant.

Justement, ce premier ressenti instable aurait dû me mettre la puce à l'oreille.

Déjà, les passages concernant la dissociation m'avaient quelque peu intriguée. En effet, j'ai toujours considéré chez moi ces « états instinctifs » comme pathologiques. Les voir ici abordés sous l'aspect du « bien-être » m'a surprise. Mais peut-être est-ce seulement dû au fait que cet angle de vision est plus confortable pour moi que celui de la folie.
À partir du chapitre sur l'hypnose, Monsieur Piccard a tout de même réussi à me titiller les méninges, notamment dans les derniers chapitres, joignant ses mots et ses réflexions à mes propres réflexions sans les dédoubler, mais les abordant sous un angle à peine différent (tout le délice se trouve justement dans cette différence aussi minime soit elle). Nos chemins de pensées se sont ainsi recoupés par endroits, et j'ai eu l'impression que nous faisions, par moment, quelques pas côte à côte.
Ce qui est abordé dans les derniers chapitres rejoint plus le souvenir que j'avais gardé d'une conférence qu'il a donné vers chez moi en 2015, dont je vous toucherai quelques mots ci-après.

Ce livre reste à mes yeux un concentré de bon sens. Même si j'ai trouvé ce bons sens parfois exprimé trop hautainement, de trop haut à mon goût. Mais ce décalage était peut-être dû, simplement, à ma propre perception du texte, pas à son contenu.

Mon ressenti sur livre tout au long de sa lecture tient certainement au fait que mon intention de le lire a pris de nombreux tours et détours avant que mes doigts n'en tournent les pages. Voici ce drôle de cheminement :
J'ai offert ce livre en septembre 2015 à mon homme, pour lui donner accès à une toute petite fenêtre sur mon monde intérieur dans lequel je n'avais toujours pas trouvé le moyen de le faire entrer.Je ne l'avais pas lu, et n'avais pas franchement l'intention de le faire. Mais, par contre, je venais juste d'assister à une conférence de Bertrand Piccard à Bourg-en-Bresse. J'avais été séduite par cette mise en mots et surtout en actions de tant de choses auxquelles je rêvais sans savoir comment les dire ou les mettre en oeuvre. J'étais consciente d'être plus séduite par le fond de son discours (et par son physique qui ne gâchait en rien le plaisir du moment) que par sa prestance un peu trop écrasante à mon goût. Mais là encore, comme pour mon ressenti pour son livre, je me dois d'émettre quelques réserves personnelles.
Toujours est-il qu'au sortir de cette conférence, j'ai été saisie de l'envie aussi soudaine qu'inattendue de « jouer au jeu de la séance de dédicaces » (chose on ne peut plus incompréhensible, parmi tant d'autres, pour moi). Avec l'idée de fond d'offrir ce livre, et le gribouillis, à mon homme.
Donc, me voici, bonne première de la file interminable, à lui tendre SON livre, à lui sourire et à lui bredouiller quelques sons inaudibles (n'ayant pas la moindre idée de ce qu'il fallait dire dans ce genre de situation). Puis, je me suis postée dans un coin à l'écart pour observer, jusqu'au bout, ce drôle de jeu pour essayer d'en capter quelques ficelles de compréhension.
En rentrant, ou quelques temps plus tard, je ne me souviens plus, j'offre donc ce livre à mon homme, qui s'est ensuite forcé à le lire car le style n'est pas du tout son truc. Puis, il me le passe pensant que je souhaitais le lire à mon tour. Depuis, il redescendait systématiquement d'une place dès qu'il atteignait le haut de ma pile de livres à lire. Manque d'envie.
Un peu plus d'un an après, ce livre me revient en tête en voulant me mettre à chercher une idée de cadeau pour mon frère à qui j'aurais souhaité offrir une petite dose de sérénité (non que je pense qu'il en ait besoin, il en est le seul juge, mais seulement parce que c'est quelque chose de rare et précieux qui fait toujours du bien). Je ne l'avais toujours pas lu. Et pourtant, je le lui ai offert pour son anniversaire, juste sur le vague souvenir d'un ressenti agréable au sortir d'une conférence dont il ne me restait quasiment aucun autre souvenir. Poliment, il me dit qu'il essaiera, peut-être, de le lire bien que ce ne soit pas du tout son genre de lecture à lui non plus.
Cette justement cette réaction trop polie et courtoise qui m'a ENFIN poussée à l'ouvrir : deux personnes se sont senties obligées de lire un livre que je leur avais offert alors que je ne l'avais pas lu moi-même. Donc, le minimum de respect que je me devais d'avoir était de le lire.

Voilà, c'est chose faite.
Bien qu'habituellement je n'aime pas les « rediffusions », ce sont justement les chapitres depuis celui sur l'hypnose (ceux qui avaient fait l'objet principal de sa conférence, me semble-t-il me souvenir) qui m'ont le plus bousculée. Non par leur opposition radicale avec ce que je pense (bien au contraire, leur similitude était beaucoup trop flagrante pour me plaire, normalement), mais plutôt par cette approche un peu décalée et surtout pleine d'audace. Ce que j'ai surtout apprécié dans ce livre c'est le mérite qu'a l'auteur d'avoir tenter l'expérience du partage par écrit de ses réflexions et expériences de vie. Cette mise en mots est justement ce qui se fait de plus difficile dans toutes démarches.

Comme quoi, entre le début et la fin d'un livre, on peut changer complètement d'avis. Et c'est, peut-être, justement là que ce trouve sa véritable valeur : laissé le lecteur libre d'emprunter d'autres chemins de pensées, de remettre en question et l'auteur et lui-même en tant que lecteur, en tant qu'humain, en tant qu'habitant de la terre.

À vous de vous faire votre propre opinion. Elle sera certainement moins brouillonne que celle que je viens d'écrire.
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}