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Critique de bdelhausse


Le passé qui revient au galop dans la vie des personnages principaux, c'est un thème assez bateau, surtout dans le thriller. Ici, on ne peut pas vraiment dire que Nancy Pickard soit la reine du thriller. On serait plutôt dans un truc façon "Americana", un roman sur les moeurs et le mode de vie des Américains du Middle West. Nous sommes au Kansas. Dans une famille d'éleveurs riches et croyants. le duo Kansas/fervent croyant pourrait être sympa. le Kansas est l'Etat où le créationnisme a été enseigné pour la première fois (sous Reagan). Mais les Linder sont raisonnblement croyants, pas bigots. Nancy Pickard les décrit sous tous les angles. Physique rugueux de cavaliers, chemises à carreaux, tarte aux pommes et morale exemplaire. Celui qui a fauté doit être puni. Voilà le credo des Linder.

Le récit débute en 2009, Jody s'envoie en l'air. Il faut bien que le corps exulte, disait Jacques Brel. Petite parenthèse: à peu de frais, Nancy Pickard pourrait recycler ses thrillers soft en romans érotiques. On la sent un peu émoustillée régulièrement quand elle décrit des corps, des étreintes et des coïts pudiques. En se lâchant un peu, elle rejoindrai la clique de Grey et des After qui remplissent les rayonnages des bibliothèques publiques (dont les moyens sont pourtant limité). C'était ma minute militante...

Jody, 26 ans, apprend que le gars qui a été condamné pour le meurtre de ses parents (son père surtout, vu qu'on n'a jamais retrouvé sa mère) va être relâché. Il devait purger 60 ans, il en a fait 23 car finalement le procès a été révisé et les preuves jugées insuffisantes. La justice américaine à l'oeuvre dans tous ses papradoxes. de nouveau, on est davantage dans un roman "de moeurs" que dans un thriller.

Nancy Pickard nous plonge alors dans le passé, 1986, pendant une nuit d'orage (d'où le titre... pardieu, suivez un peu !) de triste mémoire (d'où le titre... bis repetitat) chez le Linder et dans tous le bourg, nommé Rose.

Cette partie est agréable à lire. Cela ne renouvelle rien, n'apporte rien à la littérature, on passe juste un moment correct à vivre un gros orage dont les USA ont le secret (ils ne font rien comme les autres... toujours tout en grand...). Cela culmine avec la découverte du meurtre et avec le procès. le coupable idéal est le bad boy du coin, un gars que tout le monde souhaite derrière les barreaux, même si tout le monde n'est pas convaincu de sa culpabilité pour ce meurtre. A ce sujet, il y un passage intéressant (àmha) insuffisamment creusé par Pickard, où elle discute des rouages d'une justice de classe. Dans le bourg, les Linder font la loi. Mais parfois, c'est à leur corps défendant. Ce qu'ils pensent, les autres le pensent, par servilité, par obéissance irréfléchie, par raison, par paresse, par faiblesse, par intérêt... Cette dimension est intéressante et elle autait dû être davantage développée. A aucun moment l'autrice ne fait se confronter les Linder et le coupable présumé après sa libération en 2009.

Retour en 2009, Billy Crosby est sorti de prison. Entre ceux qui le détestent toujours et ceux qui sont soulagés de le voir sorti, la ville se cherche un peu. Chez les Linder, c'est la consternation, plus ou moins bien rendue par Nancy Pickard.

Au final, un roman assez bof, qui ne laisse pas de trace. A mon avis de modeste lecteur, je pense que Nancy Pickard loupe son récit. Les rapports entre culpabilité et religion mériteraient d'être creusés. Idem pour ce qui est de la culpabilité et de la condamnation. Laisser condmaner un gars que l'on sait innocent d'un meurtre parce que l'on considère "qu'il mériterait d'être en prison", ce n'est pas banal. Mais ce n'est qu'effleuré par l'autrice. Côté style, on sent bien que Nancy Pickard pourrait nous écrire 1000 pages de plus comme pour rire. Elle est à l'aise dans les descriptions et dans les dialogues, mais ressasse constamment les mêmes images sur les jeans moulés sur des cuisses musclées et des dos charpentés, des visages burinés, etc. à la longue, c'est lassant.

Au final...? D'une part, le résumé en 4è de couverture raconte largement les 2/3, voire 3/4 du livre. D'autre part, le final, bouclé en 2 temps 3 mouvements, nous livre bien un coupable... que l'on se rassure, Nancy Pickard n'est pas du genre à nous enseigner que le crime paie. Ce serait une révolution... Nancy Pickard est à la litérature ce qu'un roman-photo dans le magazine Gala est à l'oeuvre de Cartier-Bresson.
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