Nous ne croyons que ce que nous voulons croire, que ce en quoi nous avons besoin de croire. De même, nous décidons de ne pas voir ce que nous préférons tenir pour inexistant.
Il existe tant de façons de trahir quelqu'un. On peut chuchoter dans son dos. Le tromper volontairement. Le livrer à l'ennemi, alors qu'il vous fait confiance. Ne pas tenir une promesse. La question est : se trahit-on soi-même en agissant ainsi ?
(...) ils m'ont battu, Minka. Ils m'ont cassé un doigt pour me forcer à leur donner l'identité de mon père. Je ne voulais rien dire, de peur qu'ils ne le capturent et le torturent lui aussi. En fait, ils lui ont seulement pris son argent.
- Mais pourquoi ? Que leur as-tu fait ?
Josek baissa les yeux vers moi.
- J'existe, dit-il, d'une voix douce.
Je te suggère de lui pardonner, parce que sinon, cette haine se développera comme une mauvaise herbe dans ton coeur, jusqu'à l'étouffer et en déborder. Tu seras la seule personne à souffrir si tu la gardes au fond de toi.
Le véritable amour est comme le pain ; il lui faut les bons ingrédients, de la chaleur et un peu de magie pour s'épanouir.
« Le salon de thé est né d’une vision, tout comme le décor végétal de la fenêtre , où des rangées de délicates orchidées sont déployées comme un cailler de perles sur l’abondant feuillage.
Un hiver, elle a fait venir un groupe de tricot à Notre Pain Quotidien , puis un cours de yoga. La faim, se plaît - elle à me répéter , n’est en rien liée à l’estomac , mais entièrement à l’esprit .
En fait…. Mary ne tient pas une boulangerie , elle gère une Communauté.. »
J’en étais également arrivée à comprendre que tous mes personnages et moi-même avions les mêmes motivations. Qu’ils soient à la recherche de pouvoir, de revanche ou d’amour, ils éprouvaient tous une forme de faim. Plus on manque de quelque chose, plus on en a désespérément envie.
C'est le point d'interrogation de la mort qu'il nous est difficile d'accepter.
Quand on pardonne à quelqu'un, c'est qu'on estime qu'il a commis quelque chose de mal.
— Pourquoi toutes ces questions, Sage ? me demande-t-elle avec un rire forcé. Tu t'es subitement décidée à écrire un livre ?
En guise de réponse, je lui retourne le bras et soulève avec douceur la manche de son chemisier, dévoilant ainsi une partie de son tatouage bleu flouté, puis je murmure :
— Je ne suis pas la seule de la famille à porter une cicatrice, mamie.
Elle s'écarte et recouvre son poignet.
— Je ne souhaite pas en parler.
— Mamie... Je ne suis plus une petite fille.
— Non, lance-t-elle sèchement.
J'ai envie de lui parler de Josef. J'ai envie de lui demander de me parler des soldats SS qu'elle a connus. Mais je sais que je n'en ferai rien. Non pas parce que ma grand-mère ne veut pas discuter de cela, mais parce que je redoute - et j'en ai honte - que cet homme avec qui je me suis liée d'amitié, pour qui j'ai cuisiné, avec qui j'ai passé du temps et ri, n'ait autrefois été un de ses tortionnaires.