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EAN : 9782738121684
318 pages
Odile Jacob (04/06/2009)
3.69/5   16 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : Odile Jacob - 10/2009)
ISBN : 9782738121684


Si un " bon sauvage " observait nos sociétés, il serait fort étonné de notre obsession affichée pour le sexe. Comme si les femmes et les hommes découvraient enfin la plénitude du sexe ! De la sexologie à la paléoanthropologie, de multiples disciplines nous font aussi mieux comprendre la complexité de nos désirs et de nos comportements.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Énorme déception ! Ni Pascal Picq ni Philippe Brenot ne sont biologistes, et ni l'un ni l'autre ne sont anthropologues – il faut croire qu'un paléoanthropologue peut ne pas l'être –, mais ce n'est pas le problème : dans un tel ouvrage, personne n'a les connaissances couvrant tout le champ d'étude. le problème est qu'on est en droit d'attendre de chercheurs de la rigueur scientifique non seulement dans leur spécialité, ce qui est un minimum, mais aussi dans leurs inévitables incursions dans les disciplines connexes.
Or le livre est approximatif dans ses formulations (y compris les titres, parfois éloignés de ce qu'ils introduisent), porte nombre de jugements arbitraires (des rapports plus fréquents correspondraient à une exigence vis-à-vis du partenaire ?), ne fournit à peu près jamais de références (si ce n'est des autoréférences !), généralise en permanence et hâtivement à des ensembles flous, rabâche à l'envi (y compris ses erreurs), comporte des incohérences (la verge qui prend de 2 à 4 cm d'un chapitre à l'autre, les fesses rebondies propres à l'homme ou largement répandues chez les mammifères…) – et contient beaucoup d'âneries. Ainsi du crapaud accoucheur portant les oeufs fécondés dans sa bouche (et non sur son dos) ; ainsi de l'Australie atteinte par Homo Sapiens il y a au moins 50 000 ans, mais… l'Océanie il y a moins de 30 000 ans ; ainsi de la conclusion que l'espérance de vie ne dépassant l'âge de la ménopause que depuis peu, il n'y avait pas de grands-mères pour éduquer les mères dans les temps anciens (tout démographe sait que l'allongement de l'espérance de vie ne signifie pas, si ce n'est à la marge, l'allongement de la vie, mais l'accroissement du nombre d'individus survivant à des âges avancés. En d'autres termes, on ne vit pas « plus vieux », on vit vieux « plus nombreux ») ; ainsi de la légende du concile de Mâcon, non seulement reprise, mais enflée, puisqu'il aurait conclu que les femmes n'avaient pas d'âme, ce que personne n'a jamais soutenu ; ainsi de la trahison éhontée de la pensée de Françoise Héritier ; ainsi des femelles des mammifères généralement endogames alors que les mâles seraient exogames (confusion entre l'exo- ou l'endogamie d'une part, et la matri- ou la patrilocalité d'autre part, cette confusion étant dupliquée tout le long du livre !). Sur ce point, comment des scientifiques peuvent-ils imaginer qu'un sexe soit endogame quand l'autre est exogame ! Non seulement les auteurs n'ont pas pris le temps et la peine de faire les recherches nécessaires, certes longues et fastidieuses, mais leur éditeur, qui nous a habitués à mieux, n'a pas cru devoir soumettre leur texte aux spécialistes qui leur auraient épargné ce ridicule (même les corrections de langue ont laissé passer des énormités, la plus belle devant être « rarement sans celui du plaisir », au lieu de « rarement sous celui du plaisir » !). Il est plus étonnant de voir un paléontologue résumer la sortie des eaux à environ 350 millions d'années, celle-ci ayant été un processus sensiblement plus complexe.
Les deux premiers chapitres sont effarants d'anthropomorphisme, dans le vocabulaire, dans la description des situations et des comportements, dans la valorisation de bon ton des femelles ; ce n'est pas toujours de l'humour (et cela vaut mieux, tant il est convenu). On ne peut contester qu'un crime d'honneur est « odieux » (encore qu'un anthropologue, seul peut-être, doive d'abord suivre Marc Bloch : « entre comprendre et juger il faut choisir »), mais à quoi rime d'appliquer ce qualificatif à un éléphant de mer ! Va-t-on lui faire la morale ?
Soit dit en passant, étant aussi peu scrupuleux, les auteurs auraient pu se passer d'avoir la dent dure pour ceux qui pensent différemment, qu'ils se trompent effectivement ou pas : l'hôpital stigmatise la charité. On aurait aimé que l'énergie et la place utilisée à démolir les autres, en plus de celles des répétitions, soient consacrées à étayer des pétitions de principe gratuites.
Une erreur assez commune pour être pardonnable est que les femmes « ignorent leur période d'ovulation ». Ce qui est vrai de femmes occidentales ne l'est pas forcément dans d'autres cultures ; pour me limiter à un cas que je peux attester, certaines Africaines connaissent assez leur corps pour indiquer à leur partenaire de s'abstenir durant l'ovulation (ou au contraire de la mettre à profit), et ce avec une fiabilité bien supérieure à la méthode Ogino.
Comment peut-on confondre inceste et pédophilie, qui ont pour seul rapport de se recouper en partie ? Comment peut-on parler d'inceste dans un livre sur le sexe sans aucune idée de la révolution lévistraussienne (évidemment, quand on n'a pas compris de qu'était l'exogamie…) ? Comment peut-on benoîtement écrire que « dans notre espèce, 10 à 15 % des enfants proviennent d'un adultère » ? Sur la base d'une « statistique de l'espèce » ? Y compris Habilis, limitée à Sapiens ? Avec des chiffres valides quels que soient le milieu social, la culture, l'ethnie, le pays ? Incluant strictement les enfants adultérins ou tous les enfants « illégitimes » (la part des uns et des autres nous intéresserait…) ? Incluant l'adultère des femmes et celui des hommes (contrairement à l'exogamie, l'adultère peut être simple ou double…) ? Qu'elle ait une racine dans une quelconque étude scientifique, un quelconque sondage ou une estimation au doigt mouillé… une telle formulation est caractéristique de l'amateurisme du livre. On pourrait multiplier les exemples : quelle étude permet de généraliser « l'activité sexuelle intense des couples nouvellement formés durant 3 à 5 ans », faisant ensuite place à l'attachement ? Et quant au décalage temporel important entre l'orgasme masculin et féminin affirmé sans nuance : quid des femmes ayant couramment 2, 3, 5 orgasmes avant celui de leur partenaire (bizarrement reconnu par les auteurs… pour les seules femmes qui « culturellement, en ont entendu parler » [sic]) ?
Naturellement, tout n'est pas à jeter dans cet ouvrage, et je ne cherche pas à dire qu'on n'y apprend rien. le problème est que faute d'éléments précis et rigoureux auxquels on pourrait s'accrocher, rien ou à peu près n'est exploitable sans contrôle. Quelques chapitres font exception : le chapitre 3 de la première partie Pascal Picq est ici dans son domaine de compétence et cette partie présente une tout autre densité ; les chapitres 2 et 3 de la seconde, qui rendent plus factuellement compte des étapes de la connaissance de la sexualité, spécialement celle de William Masters et Virginia Johnson. Hélas, à peine cet historique refermé, on plonge dans une nouvelle énormité : celle d'une sexualité tabou dans « toutes les sociétés traditionnelles » où « les pulsions [auraient été] canalisées » et où l'intimité n'aurait été vécue « que dans le secret conjugal ».
Plus généralement, on ne saurait reprocher aux auteurs de constater la domination masculine ni d'en contester le bien-fondé ; ce qu'on peut leur reprocher, c'est de confondre une approche moraliste et néo-bien-pensante avec une approche scientifique… qui du coup cesse de l'être. « Ce qui nous importe le plus, c'est de savoir si nous sommes normaux ou déviants, conformes ou révolutionnaires… » Tout est à peu près dit…
L'ensemble laisse une impression très désagréable : celle d'un ouvrage de vulgarisation journalistique mal maîtrisé et débordant de subjectivisme, d'un sexypédia dont on aurait retiré la seule légitimité : le contrôle et l'amendement par les pairs. C'est à se demander si Pascal Picq et Philippe Brenot, qui doivent valoir mieux que ça, l'ont vraiment écrit. Où sont la rigueur et l'érudition d'un Lévi-Strauss faisant progresser ses idées au fil d'innombrables exemples référencés et de déductions d'une précision mathématique, sans que pourtant le plaisir à le lire pour un non-spécialiste en souffre ?
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Devrait être mis sur la liste des livres à lire ....des lycéens....pour commencer, de tous c'est certain, cela rendrait service à beaucoup.
L'orientation, l'attachement, la fidélité, et tous les thèmes de la vie érotique sont abordés clairement et scientifiquement, ce n'est pas incompatible. Qu'est ce qui est humain, ou nous différencie des animaux dans notre sexualité....pas grand chose ?...Somme nous si différents de nos lointain ancêtre?....Pourquoi une sexualité? elle nous fait évolué ou c'est nous qui la faisons évoluer? A moins que la faisant régresser....nous régressons nous aussi...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le désir est un vrai déterminant humain de l'amour, mieux compris et perçu par les femmes que par les hommes dans la mesure où le désir féminin résulte d'une connaissance et d'un apprentissage des réactions sexuelles avec soi même , tandis que le désir masculin est dominé par le "réflexe érectile " qui amène les hommes à bander avant de désirer et donc souvent à confondre les trois termes de pulsion , besoin et désir. La vrai dimension humaine de la sexualité est dans la connaissance et l'épanouissement de son propre désir.
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Pour les préférences des hommes pour les femmes, on retrouve l'attirance pour des proportions universelles entre la largeur des épaules, l'échancrure de la taille et la saillie des hanches. Plus surprenant, la femme à la beauté idéale serait de type européen et... blonde. Surprenant ? Sans commentaire, si ce n'est de rappeler, comme à propos des enquêtes sur l'« amour romantique » qui serait universel, que sur une petite planète envahie par les médias mondialisés, il y a de fortes chances pour que ressortent les clichés des cultures dominantes. Inutile de préciser que ces travaux de recherche ne sont pas conduits par des équipes de chercheurs chinois, africains ou inuits.
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Il faut encore ici distinguer les notions de pulsion, de désir et de besoin, trop souvent confondues. Il n'existe pas vraiment de « besoin » sexuel, les humains qui ne font jamais l'amour n'en conçoivent aucune maladie sinon de la frustration s'ils s'étaient habitués à un rythme coïtal ou masturbatoire régulier. Les autres n'y voient aucun inconvénient. La pulsion n'est en réalité qu'un terme présupposé, car il s'agit plus d'un modelage psychosocial que d'une pulsion biologique inéluctable. Le désir enfin est un vrai déterminant humain de l'amour, mieux compris et perçu par les femmes que par les hommes dans a mesure où le désir féminin résulte d'une connaissance et d'un apprentissage des réactions sexuelles avec soi-même, tandis que le désir masculin est dominé par le « réflexe érectile » qui amène les hommes à bander avant de désirer et donc souvent à confondre les trois termes de pulsion, besoin et désir. La vraie dimension humaine de la sexualité est dans la connaissance et l'épanouissement de son propre désir.
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On peut enfin dénoncer l'imposition du modèle normatif d'un coït longue durée à l'image du très négatif « modèle porno », dans la mesure où ce cinéma - substitut des bordels -a inconsciemment sélectionné pour les scènes intimes des sujets (acteurs) présentant une pathologie fonctionnelle (l'anéjaculation ou impossibilité à éjaculer dans le vagin d'une femme). En effet, le casting de tels films a évidemment mis de côté les éjaculateurs rapides qui ne feraient qu'interrompre le tournage (!) et privilégié ceux qui pouvaient coïter indéfiniment dans une sorte d'indifférence émotionnelle. C'est le cas des anéjaculateurs que l'on reconnaît à une autre caractéristique devenue, sans que quiconque le sache, le point d'orgue d'une séance interminable : l'homme se retire et éjacule en quelques secondes sur la partenaire, comportement spécifique de l'anéjaculateur qui n'a aucune difficulté à jouir par masturbation !
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D'autre part, cette hypothèse repose sur le mythe de « l'homme, le chasseur », faisant écho à cette vieille conception machiste qui ne voit l'évolution de l'homme que du côté des hommes, les mâles, et de l'émergence de leurs innovations cardinales que sont la chasse, les outils, les armes, etc. Or il n'en est rien. Rappelons d'abord que les origines de l'homme ne se passent pas dans l'Europe glaciaire, mais dans la bande des tropiques et en Afrique. L'économie de subsistance ne fait pas de la chasse et de la viande l'apport le plus important en nourriture, loin de là. Difficile de se débarrasser du cliché de l'homme des cavernes avec la femme confinée dans la grotte froide et humide en attendant son beau mâle revenant triomphant de la chasse avec un demi-mammouth dans la besace
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Vidéo de Pascal Picq
La marche, acte aussi simple que fondamental, incarne l'élan de la pensée humaine. Les philosophes tels que Socrate, Kant et Serres ont puisé leur inspiration dans ce mouvement primal. L'union entre pieds et cerveau est indéniable, comme le souligne Pascal Picq, paléoanthropologue éclairé qui s'aventure sur les sentiers de la philosophie. La marche, bien plus qu'une activité physique, devient le terreau fertile où germent les idées les plus fécondes. En reliant le corps à l'esprit, elle éveille la réflexion et nourrit l'imaginaire. Ainsi, chaque pas devient une invitation à la découverte de soi et du monde qui nous entoure.
Avec son nouvel ouvrage, La Marche, publié chez Autrement, Pascal Picq s'interroge ici et se pose la question : "est-ce que je marche, donc je suis ? Ou faut-il dire : je suis, donc je marche ?". Malgré le fait que cela fasse partie intégrante de nos vies, le geste de la marche est menacé d'oubli dans nos sociétés toujours plus sédentaires. Pourtant la survie de notre espèce et notre liberté en dépendent.
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