Pour en finir avec l'homophobie

Homophobie. Ce mot apparaît dans le dictionnaire de la langue française à la fin des années 1990 : " Rejet de l'homosexualité, hostilité systématique à l'égard des homosexuels" (Dictionnaire Larousse)

L'homophobie, au même titre que l'antisémitisme, le racisme ou le sexisme est une discrimination intolérable que Julien Picquart, dans son ouvrage intitulé "Pour en finir avec l'homophobie", interroge, fustige et combat. L'auteur, journaliste spécialisé dans les questions liées à l'homosexualité et à l'homophobie, dénonce et explore tout d'abord les différents visages que prend l'homophobie, démontrant que celle-ci n'est fondée que sur la haine et un rejet pathologique dépourvu d'argumentation.

Histoire et analyse de vocable, peurs et fantasmes absurdes que les homos (hommes et femmes) suscitent, retour sur des explications scientifiques et idéologiques toutes plus fantaisistes et simplistes les unes que les autres... l'auteur explique également la rhétorique que l'homophobie emploie au quotidien. Les conséquences sont multiples : violence verbale, violence physique, violence sociale et étatique. En effet, l'homophobie ne peut être vaincue qu'avec la mise en place d' une pénalisation claire et une évolution des mentalités qui permettent enfin d'accorder aux homosexuels les mêmes droits que les hétérosexuels.

Manifeste intelligent, sans langue de bois et très documenté, c'est avec un ton simple et percutant que l'auteur dresse donc un portrait très complet de cette plaie qu'est l'homophobie et rappelle, entre autre, ces différentes évidences.
A ceux qui ne l'auraient toujours pas compris - et ô combien est-ce nécessaire encore aujourd'hui -, l'homosexualité n'est pas une maladie mais une simple orientation sexuelle et rien d'autre, juste un élément constitutif parmi d'autres de l'identité d'une personne.
Il est grand temps aussi d'effacer la frontière entre masculin et féminin à laquelle s'attachent tant les homophobes et qui génère la construction des genres. Non, toutes les petites filles n'aimeront pas forcément le rose et le maquillage ; et non tous les petits garçons ne veulent pas forcément devenir pompier ou policier ou faire du foot. La masculinité ne doit plus gouverner les relations entre les personnes. C'est la pression d'une société imaginée de cette façon - et celle des parents aussi, souvent inconsciente - qui formate et schématise ainsi l'homme et la femme.
Concernant le mariage (la loi du "mariage pour tous" n'est pas encore votée au moment où sort ce livre), le code civil ne dit pas que les mariés doivent "enfanter" pour y avoir droit. En pensant cela, on fait avant tout la part belle à une conception catholique du mariage qui va à l'encontre du principe de laïcité de notre République. Rien ne justifie que le mariage soit donc interdit aux homosexuels. Rien, si ce n'est la volonté de réserver aux homosexuels un statut différent des hétérosexuels. Mais au nom de quoi ?
Enfin, il rappelle, et pour moi cela est un des points les plus importants, qu'être parent ne se résume pas à un papa et une maman, un homme et une femme. L'homoparentalité ne va pas générer des êtres "déviants". Penser cela serait mépriser la conscience et l'intelligence des enfants. Les enfants de couples homosexuels ne vivent ni mieux ni moins bien que ceux élevés dans un contexte hétéroparental. Ils ont bien conscience que l'humanité est faite de deux sexes ! Faut-il aussi rappeler que l'orientation sexuelle ne préjuge pas à être parent ? Etre parent, c'est apporter amour, valeurs et principes d'éducation à un enfant. C'est lui apporter sécurité et confort, peu importe le sexe... et les hétérosexuels n'en ont pas le monopole.

Il resterait beaucoup à dire sur cet ouvrage qui ne peut qu'être un brin militant. Julien Picquart, dans son combat contre l'homophobie, voit peut-être trop celle-ci partout et ne reconnaît pas ceux qui la combattent. Lorsqu'il parle notamment des enseignants et du monde de l'éducation qui se délestent de ce problème sur les associations, cela me hérisse un peu le poil. C'est vite oublier que les établissements scolaires sont des microcosmes de la société et qu'ils cristallisent toutes les formes de discriminations. Homophobie mais aussi racisme, sexisme ou toutes formes de harcèlement, les enseignants sont souvent les premiers mis en face de ces problèmes et combattent, avec les armes et les soutiens dont ils disposent, toutes ces violences. Ils sont loin de fuir leurs responsabilités.

Pour terminer, je ne saurais que conseiller de lire ce livre et de le mettre en évidence dans les bibliothèques et CDI. L'homophobie fait des ravages et ce livre montre combien c'est toute la société qui est concernée par ce fléau. Lutter contre ce dernier, c'est faire avancer les mentalités, faire avancer la société et chacun de nous, vers l'autre.