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Critique de TheWind


J'aime bien les vieilles pierres.
J'aime bien être là où aucune trace de civilisation moderne n'accroche mon regard.
J'aime bien imaginer que ces mêmes endroits ont été foulés par des personnes ayant vécu plusieurs siècles avant nous.
J'aime bien croire que des paysans du Moyen âge ou encore des nobles du XVIIème siècle vivaient les mêmes émotions que moi devant une mer en furie, aux détours d' un sentier forestier, observant les corneilles dans un champ labouré, percevant le chant matinal du coq face à un ciel irisé et cotonneux, ou bien encore guettant la sortie d'une chouette effraie par le toit d'un vieux pigeonnier.


Voilà pourquoi je n'ai pas hésité à acheter le premier roman de Brigite Piedfert, sachant que l'histoire se déroulait au Moyen Âge et dans un décor qui m'est bien familier : la campagne normande, ou encore la ville d'Evreux.
Revivre les lieux de mon univers quotidien à travers une fiction historique, voilà qui m'enchantait à l'avance.

Je viens de finir les deux premiers tomes. le troisième ne devrait pas tarder à être publié. Je l'achèterai sans doute mais avec beaucoup moins d'enthousiasme que les deux premiers.

Ah bon ? Un peu désenchantée, TheWind ? T 'as pas aimé finalement ?
Eh bien, je vais faire une réponse de normande à cette question : « P'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non ».


Une chose est sûre, c'est que j'adore le titre ! Un titre bien adapté à l'histoire et qui m'intriguait vraiment. C'est quoi Écorchevel ? C'est un lieu-dit que je ne connais pas ? Mais pourquoi titrer son histoire ainsi alors que le domaine du personnage principal s'appelle le domaine de Corbin.
Ma curiosité fut finalement assouvie à la cinquante-quatrième page du deuxième tome. Voici ce qu'en dit l'auteure : «  Les anciens dans les villages du Bocage normand, appelaient ce vent, « le vent d' Écorchevel » C'était un vent à écorcher les veaux, disaient les vieux ; il s'infiltrait sous les vêtements et vous hérissait la peau. »
Titre fort bien choisi. Parce que sans faire de jeu de mot , ce roman aussi « écorche » drôlement et m'a hérissé le poil plus d'une fois ! Enfin, c'est surtout le « héros » du premier tome qui a tout d'un écorcheur vif !

Son nom est Enguerrand. Capitaine d'une compagnie de mercenaires comme il en fleurissait lors de la Guerre de Cent ans, il s'empare d'un domaine abandonné de toute âme qui vive, suite à une épidémie de peste. C'est l'histoire de cet Enguerrand que l'on va suivre tout le long du roman et croyez-moi il faut avoir le coeur bien accroché !
Le premier tome est une vraie tuerie ! Peut-être plairait-il aux adeptes du roman noir mais en ce qui me concerne j'ai eu beaucoup de mal à supporter ce déballage de violence, de haine et de cruauté.
Il faut dire aussi – et ça c'est le reproche principal que je ferai à ce roman- c'est qu'à aucun moment, on ne sait pourquoi Enguerrand agit ainsi. Qu'est-ce qui le pousse à commettre autant d'atrocités ?
Il se calmera au deuxième tome, je vous rassure, l'amour adoucissant les moeurs...

On peut reprocher à l'auteure de ne pas avoir assez affiné le caractère de ses personnages. Souvent, elle ne les décrit pas physiquement et passe très rapidement sur leurs états d'âme. C'est vraiment cette dimension psychologique qui m'a manquée. J'ai vraiment eu beaucoup de mal à m'attacher aux personnages. Alors, c'est sûr, s'attacher à cette brute épaisse d' Enguerrand est inimaginable mais certains personnages comme Almodis, la soeur d'Enguerrand, ou Thybaudin le renardier ou encore Florimond, le fils bâtard d'Enguerrand auraient mérité plus de consistance, plus d'étoffe afin d'entraîner plus de compassion chez le lecteur.

La description des lieux, quant à elle, tient ses promesses. L'auteure, vivant en Normandie, connaît son sujet. On sent bien qu'elle s'est immergée dans le décor et qu'il lui tient à coeur que le lecteur s'en imprègne tout autant. L'auteur s'est également bien documentée sur les événements marquants de la Guerre de Cent Ans. J'ai eu plaisir à y trouver le personnage de Charles II, qui fut comte d'Evreux et roi de Navarre. (affublé par les historiens du titre de Charles le Mauvais).


Pour résumer, je dirai que le scénario est fort intéressant étayé par une documentation riche et un vocabulaire très précis. Néanmoins, la fin m'a désappointée. Je m'explique. Thybaudin, le renardier du domaine de Corbin , le seul à oser s'opposer au terrible Enguerrand, n'a de cesse de se venger de la conduite abominable de ce dernier. le lecteur attend forcément cette vengeance avec impatience. Elle arrivera, certes, mais seulement à l'avant-dernière page du second tome ! Et pour finalement, user d'une violence égale à celle d'Enguerrand.
J'avoue avoir été déçue par cette fin. J'attendais mieux de Thybaudin. Une vengeance plus subtile, plus en douceur, plus étalée dans le temps, mais tout autant efficace ! Un peu à la manière du Comte de Monte Cristo.


Un roman bien sombre au final, qui ravira sans doute de nombreux lecteurs, mais qui n' a pas assez joué sur la fibre émotionnelle pour ma part. Que voulez-vous, on ne se refait pas ! Avec l'âge, je suis encore plus fleur bleue qu'à mes dix-huit ans !
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