Les récits biographiques romancés sont un genre littéraire que j'apprécie de plus en plus. J'ai ainsi découvert l'année dernière deux romans "La vie prolongée d'
Arthur Rimbaud" de
Thierry Beinstingel et "
L'indolente" de
Françoise Cloarec. J'ai beaucoup pensé à ce dernier en découvrant "
Une femme invisible", malgré le fait que les contextes, même s'ils ne sont pas les mêmes, restent dans le monde des arts.
Marguerite Toucas-Massillon est une jeune fille de bonne famille tout ce qu'il y a de plus ordinaire, jusqu'à ce qui devait arriver se produise, elle tombe amoureuse, non d'un jeune homme de son âge mais d'un ami marié de son père. L'inévitable s'en suit, et la jeune femme est obligée pour respecter les convenances d'aller accoucher dans un lieu reculé de la campagne et de faire adopter l'enfant. Mais sous ses airs dociles, Marguerite refuse d'abandonner Louis, elle lui invente alors une famille et devient par ce biais la soeur adoptive de son enfant.
Louis Aragon vit dans la semi vérité toute son enfance, il n'est pas le fils adoptif
De Claire, mais le fils naturel de Marguerite. C'est là toute la portée romanesque de sa vie, qui commence de bien étrange façon. Il n'apprendra la vérité qu'à l'aube de la première guerre mondiale, avant d'être détacher dans l'armée. L'ambiance familiale, ses secrets et ses mensonges devait être particulière, et c'est ce qui modela en partie le futur poète et romancier, adepte pour un temps du surréalisme. Il fut également résistant pendant la seconde guerre mondiale et surtout
le fou d'Elsa.
Le lecteur plonge dans cette vie, dont l'auteure a tenté de joindre les différents fils pour en tisser une personnalité qui reste toujours dans l'ombre de
Louis Aragon et de
Louis Andrieux, qui ne reconnaîtra jamais son enfant. Malgré les recherches poussées faites par
Nathalie Piégay, la fiction est obligée d'inventer les éléments manquants de la vie de Marguerite, qui semble être une femme déterminée mais discrète, comme toutes les femmes de cette époque, prisonnières du carcan de la société toute en convenances.
En plus d'être un récit biographique, l'auteure aborde également beaucoup de thématiques, qui touchent de près ou de loin la vie de cette fille-mère au statut familial ambivalent, à travers le parcours de son fils prodigue, et notamment l'art. En plus de montrer l'énorme travail de recherche et de documentation fournit,
le roman donne l'envie de découvrir ou redécouvrir l'oeuvre de
Louis Aragon, à laquelle il est fait très souvent référence. Il est de bon ton de connaître un minimum son oeuvre, au risque de louper certaines références ou allusions. Dommage pour le lecteur ayant lu "
Aurélien" au lycée, et dont la mémoire fait défaut. (...)
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