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EAN : 9782268100623
348 pages
Les Editions du Rocher (22/08/2018)
3.47/5   19 notes
Résumé :
« Pourquoi ne pas avoir écrit sur une femme qui a fait oeuvre ? Qui a marqué l'histoire ? Qui a laissé derrière elle autre chose que des bribes et un fils ? Pourquoi m'acharner sur une comparse, sur une figure qui n'apparaît que dans l'ombre que projettent les grands hommes, dans les interstices de leur biographie ? Les feuilles s'entassent sur mon bureau, les livres où je cherche sa trace. Tous parlent de son fils, ou d'Andrieux, le père de l'enfant. Elle n'y appar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Un ouvrage choisi, acquis le 21 août 2018- Librairie Caractères/ Issy-les-Moulineaux- ****Repris lecture juillet 2021

« Rien n'est vrai, tout est inventé, mais l'enfant est baptisé. Il a tôt compris que la vérité n'existe pas, qu'il faut lui préférer l'entre chien et loup de l'invention.D'autres en auraient perdu la raison. Il y a gagné le battement de l'imagination. “(p. 79-80)

Une lecture passionnante sur l'histoire de la filiation de Aragon, et une mise en avant d'une femme oubliée : la vraie mère d'Aragon ! Je ressors de cette lecture à la fois attristée par le sort ingrat de Marguerite Toucas-Massillon, la mère du « grand homme », Aragon, à qui il n'a même jamais présenté sa femme, Elsa ! et à la fois , reconnaissante à Nathalie Piégay, qui a fait revivre cette femme, qui écrivait, traduisait, se battait pour garder indépendance et dignité ! Elle fut reléguée, mise dans l'ombre à la fois par l'homme qu'elle aimait, Louis Andrieux, journaliste , préfet de police , homme politique…et par son fils…
La « Femme invisible » : le titre est des mieux choisis !

J'ai appris différentes choses sur Aragon dont sa relation passionnée avec Nancy Cunard… qui précéda sa rencontre avec Elsa Triolet, comme son apprentissage de la langue russe avec sa « muse »…

J'avoue qu'Aragon ne sort pas vraiment grandi de ce récit… L'obsession de l'écriture, au point de « dévorer » tout ce qui peut le nourrir ; je me permets de transcrire l'extrait suivant qui en dit long sur ses rapports aux autres et à ses intimes…

« [Aragon ] Il écrit. Il dévore. Il détruit. Il s'alimente à ce qu'il dévore et à ce qu'il détruit, il ramasse tout, les brindilles, les planches flottées, les restes calcinés, les bois verts et les charbons noircis puis il rassemble tout dans le grand bûcher de l'écriture, pour qu'ils y flambent (...)

A Elsa, il a pris beaucoup plus qu'un titre de roman. Une longue lettre qu'elle lui avait adressée, une lettre en forme de réquisitoire, où elle dit sa solitude, la solitude de la femme que le poète mythifie et néglige, l'isolant dans des châteaux impuissants de mots, de vers et de rimes, elle qui ne doit jamais le précéder, ni le ralentir, ni le suivre, ni le déranger, ni le laisser seul, une femme qui a vécu des années seule à ses côtés. Ces mots n'auraient jamais dû sortir de la chambre, il les prête à l'un de ses personnages , Blanche, comme si elle les avait écrits à son mari, Gaiffier. Il efface Elsa. (...) lui, l'écrivain, passe pour l'auteur des mots fictifs. Alors pour finir il passe sous silence les mots terribles d'Elsa : "Même ma mort c'est à toi que ça arriverait" (p. 329) »

Une biographie où on sent fortement combien Nathalie Piégay s'est investie dans son « personnage » et s'y est attachée !... Elle réussit à nous communiquer sa curiosité et son empathie envers Marguerite Toucas-Massillon, la mère du « grand homme »… je ne peux m'empêcher de joindre à cette expression, quelque ironie acide…!

« J'arrive à la fin de cette histoire. Une histoire de famille dans laquelle tous écrivent. (...)
Avec ces livres publiés, et tous les romans de Marguerite, j'ai voulu raconter la vie de cette femme. Parce qu'elle a écrit, elle aussi, comme son fils, son frère, comme Andrieux, Elsa et Nancy |Cunard ], j'ai pensé que je pourrais mieux la saisir et que la zone d'invisibilité qui l'entourait se réduirait. Dans ma famille, les femmes étaient vraiment invisibles, hors de l'histoire, de celle qu'on raconte. (p. 310)”

Hormis les magnifiques poèmes d'amour à Elsa, superbement interprétés par Jean Ferrat, je n'ai jamais lu de romans d'Aragon. Il serait souhaitable que je le fasse pour dépasser mes à-prioris et mes résistances envers cet écrivain... que je traîne depuis trop longtemps !


[*****Biographie de Louis Andrieux
Louis Andrieux (1840-1931) a été le premier préfet de police de la République, après la chute du Second Empire, mais aussi député, ambassadeur de France à Madrid, directeur de journal, écrivain. Défenseur d'importantes réformes sociales (divorce, droits de la femme), il est l'auteur d'une dizaine de livres parmi lesquels : La Paix et la République (1871), La Révision (1889), La Commune à Lyon en 1870 et 1871 (1906), A travers la République (mémoires, 1926)... Ses Souvenirs d'un préfet de police ont paru en 1885. Il est le père " naturel " de Louis Aragon.]


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Sur le site des Editions du rocher, j'ai appris que Nathalie Piégay est une spécialiste de la littérature française moderne et contemporaine en particulier de Louis Aragon. Dans ce livre, elle "enquête" sur la mère d'Aragon. A l'instant où j'écris ces quelques lignes j'apprends que ce livre est dans la deuxième sélection 2018 pour le Renaudot Essai. Pour ma part, j'ai lu ce livre comme un roman. de Louis Aragon je sais fort peu de choses, en fait j'ai juste lu « Aurélien » qui m'avait beaucoup plu.
C'est d'ailleurs ce qui m'a incité à choisir ce livre (plus la couverture que je trouve à la fois triste et intéressante).
Effectivement la vie de cette femme, Marguerite, a tout d'un roman : 1896, Marguerite tombe amoureuse d'un homme qui a 33 ans de plus qu'elle, un ami (marié) de son père. Ce qui est prévisible arrive rapidement : elle tombe enceinte. A cette époque il ne reste qu'une solution à une jeune fille de « bonne famille » : aller se cacher en province et faire adopter l'enfant. C'est là que Marguerite devient réellement très intéressante. Sous son air de ne pas se révolter, elle est quand même d'une volonté inflexible et refuse d'abandonner l'enfant : Elle réussit à garder Louis contre la volonté de sa mère. Pour y parvenir, elle est obligée de faire un compromis : elle invente une histoire - et c'est là toute la portée romanesque de la vie d'Aragon - elle invente un père à son enfant, elle invente une mère à son enfant et elle les fait mourir fort à propos dans un accident de la route puis sa mère Claire adopte l'enfant, donc Marguerite se retrouve être la soeur adoptive de son fils.
C'est bien sûr quelque chose qui est inimaginable maintenant mais ça explique aussi le nom qu'aura toute  sa vie Louis Aragon. Ce  n'est pas un pseudo choisi par l'auteur mais son nom de naissance (il n'aura jamais le nom de sa mère, ni celui de son père qui refusera toute sa vie de le reconnaître).

C'est donc un secret de polichinelle (de tiroir) à l'intérieur de la famille que Louis n'est pas le fils adoptif De Claire mais le fils naturel de Marguerite, pourtant personne ne le dit : grandir dans une telle ambiance de non-dits a dû être terrible pour cet enfant.  Louis Aragon apprendra le « secret" de sa naissance en 1917 juste avant de partir dans les tranchées de la première guerre mondiale, comme Aurélien du livre éponyme.

C'est là un très beau portrait de femme, insaisissable, invisible, comme le dit Nathalie Piegay. Cette femme est morte pendant la deuxième guerre mondiale, au début des années 40, il reste très peu de témoignages de sa vie. Par contre, on suit en filigrane l'enfance de Louis Aragon, sa tentative ratée de devenir médecin puis son rapprochement avec le mouvement surréaliste et comment il va se mettre à écrire.
Ce livre m'a beaucoup plu dans un tout autre style que celui de Gaëlle Nohant sur Robert Desnos.

Cette Marguerite est une femme très ambiguë et très dure aussi à cerner : d'un côté elle semble d'une volonté inflexible pour garder son enfant et de l'autre côté elle est totalement soumise à sa mère avec qui elle vit (et qui lui mène une vie impossible comme pour la punir de cet enfant hors mariage), Marguerite  ne se mariera jamais : C'est également une histoire d'amour entre Marguerite et Louis Andrieux, le père de Louis Aragon, qui est marié et père de grands garçons..
On n'en apprend également beaucoup sur la famille de Marguerite, ses deux soeurs et le frère. le père de Marguerite est parti quand elle avait 16 ans et elle reste profondément marquée de ce départ :  il est parti accusé de banqueroute et d'escroquerie et risque de finir en prison
Difficile avec le recul de dire si elle est réellement amoureuse de Louis Andrieux ou si elle cherche à remplace un père absent. En tout cas, elle lui restera dévouée jusqu'à sa mort à 90 ans. Louis Andrieux n'aura pas un mot pour elle ou pour son fils Louis dans son testament : quelle injustice ….

Une fois ce livre fermé je n'ai qu'une envie : lire « Les voyageurs de l'Impériale »  et certainement même à d'autres livres d'Aragon.
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Dans ce premier roman, Nathalie Piégay enquête sur la mère cachée de Louis Aragon qui est l'auteur d'un livre jamais édité, intitulé Sous le masque. Ce roman, nous permet de revisiter à la fois l'oeuvre et l'existence d'Aragon à travers ses écrits, sa vie familiale où règnent mensonges et secrets, la guerre et son engagement politique. Mais tout au long de ce livre à la fois ancré dans le présent de la narratrice-chercheuse et dans le récit fictif découlant des ses découvertes, Nathalie Piégay tente de saisir la personnalité et la vie de Marguerite Toucas-Massillon, personnage qui n'a de cesse de l'obséder et pour lequel elle s'est passionnée. L'écrivain montre au lecteur le cheminement de ses recherches qui amènent son lot de questionnements prenant une tournure personnelle voire, existentielle. Il me semble que ce long et conséquent travail de recherches dans le but de découvrir le vrai visage de celle qui n'apparaît qu'en « bas de pages » est peut-être une façon détournée et délicate de parler de soi, une sorte d'autobiographie indirecte qui permettrait à Nathalie Piégay de revenir sur ses origines, de considérer la fuite irrévocable du temps à un moment de sa vie où l'on se tourne sur son passé de part des événements personnels ou tout simplement à un certain âge. Les écrits de Marguerite, sa discrétion, sa place à l'ombre d'Andrieux et de Louis Aragon, ses photographies et sa correspondance ont touché l'auteur qui laisse entrevoir des souvenirs de son enfance, sa famille, sa ville d'origine (Lyon ou est aussi né Andrieux), ses enfants, l'homme « qui l'accompagnait » (au début du roman mais qui n'apparaît plus par la suite) ou encore ses origines sociales évoquées à mots couverts : « "Mode et roman", "Les Dimanches de la femme" et les romans à l'eau de rose de Marguerite me rapprochent de ma grand-mère et de mes tantes plus que le Paysan de Paris, le Fou d'Elsa ou La Mise à mort. Ces vieux magazines pour dames sont si semblables aux numéros de Modes et Travaux que je feuilletais, des après-midi durant, pendant les grands vacances, avec ma cousine Sophie. [...] J'éprouve toujours la même fascination pour les mots des métiers, jardinier, menuisier, couturière ou cuisinière, pour la précision de la langue, qui rappelle celle du geste, mesuré, appliqué, celui qui donne le résultat attendu, pile poil comme on disait, ça tombe juste [...] ».
Ce récit questionne aussi l'intérêt de l'art, sa place, sa fonction dans la société, entre engagement, innovation ou pure distraction (Louis Aragon a reproché à sa mère d'écrire des romans à l'eau de rose, romans qui lui ont permis de vivre et de donner du plaisir à celles qui en avaient besoin). Peut-être que de la même façon, Nathalie Piégay s'interroge sur la place de la recherche littéraire et de l'enseignement dans nos sociétés où les compétences deviennent plus importantes que la connaissance, la langue française est noyée sous l'omniprésence des anglicismes, la réflexion se délite au profit de la consommation d'articles courts, d'images, de videos, l'histoire de l'humanité se résolvant le plus souvent à l'instant présent. Si ce récit à l'intérêt de nous montrer le travail d'un chercheur tout en nous faisant découvrir la vie cachée de Marguerite, il nous donne ou nous redonne envie de lire Aragon, qu'il s'agisse de ses romans ou de ses poésies. Ce récit nous fait réfléchir à la vie, à l'histoire et rend hommage à la littérature, à la langue et au plaisir de lire.
« J'ai oublié certains gestes, j'ai refusé d'en apprendre d'autres, mais je rêve encore, avec Marguerite, sur maroufler, cheminer, repiquer, sur les noms des points de broderie que ma mère m'avait appris, les jours échelle et les points Palestrina, sur les abeilles et les mouches qu'on fait pour stopper une fente de jupe, sur le passé plat ou le passé empiétant. Les tricots et les chandails, les gilets de corps et les cache-nez, le nylon et le tergal ont disparu des magazines de couture, et tant d'autres sont apparus, les sweats en polaire et les tops en viscose, en modal et en lyocell, les kits et les sets. On apprend désormais avec Modes et travaux à customiser, à faire un coussin vintage, un snood à pompons et, après le crochet et le tricot, on se met au scrapbooking et à la décopatch… Tout a changé et rien n'a changé ».

Enfin, le personnage de Marguerite et celui des soeurs, ces femmes dont on ne peut décrire l'existence que par celles des hommes, les non-mariées, mal-mariées, filles-mères, les passionnées, silencieuses, secrètes, me fait beaucoup penser aux soeurs, servantes ou tantes dévouées et discrètes des romans de Claude Simon. Nous reviennent en mémoire ces femmes qui parcourt les villages à la recherche de la tombe du cher disparu dans L'Acacia ou bien Batti, servante mutique et totalement dévouée au général dans Les Géorgiques. Nathalie Piégay, spécialiste de Louis Aragon et de Claude Simon avait dressé un portrait touchant de Batti dans le cadre d'un essai universitaire.
Il semble que Nathalie Piégay soit très sensibles à ces femmes qui n'ont pas eu droit à la parole, qui n'ont pas eu la place qui leur revenait, à celles qui toute leur vie sont restées fidèles à un amour sans avenir, à la chair de leur chair, à leur frère, à leur père, les femmes de l'ombre.















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L'auteure est partie des nombreux documents, articles, interviews, correspondance au cours de ses recherches. Elle est restée longtemps curieuse des rapports et sentiments que pouvaient avoir Louis Aragon avec sa mère.
Louis Aragon est le fruit des amours d'une toute jeune femme de 16 ans et d'un homme de 33 ans, son aîné ami du père de la jeune fille. L'enfant naît en 1897 et à cette époque il était inconcevable qu'un petit bâtard vive auprès de sa famille sans jeter l'opprobre sur tout son entourage. Mais Marguerite Toucas-Massillon, aînée d'une fratrie de 4 enfants, entend garder cet enfant et l'élever. On l'envoie durant la grossesse en province, puis après quelques mois le bébé chez une nourrice. Il est officiellement de père inconnu et d'une femme nommée Blanche Moulin (une identité inventée). L'enfant vient vivre auprès de la famille Toucas officiellement « adopté » par la mère de Marguerite (sa grand-mère donc) et devient le 5e enfant des parents Toucas. Louis Aragon apprend à 19 ans seulement, par la bouche de sa mère Marguerite Toucas-massilon, avant son départ pour le front, que celle qu'il croyait sa mère est en fait sa grand-mère, que celle qu'il croyait sa soeur aînée est en vérité sa mère et que celui qu'il appelle parrain depuis toujours, est son père.
Le parrain/père, Louis Andrieux, est un grand bourgeois parisien, homme politique en vue et père de trois fils, ami de la famille Toucas. Il a gardé avec la mère de Louis Aragon, une liaison, laquelle, au fil du temps s'est avérée être un véritable amour de part et d'autre, mais les convenances étaient les plus fortes. Marguerite a consacré sa vie aux deux Louis. Elle a refusé de se marier malgré les pressions de son amant et de sa mère, ce qui était parfaitement possible puisqu'officiellement elle n'avait pas d'enfant.
La mère/grand-mère, une femme aigrie après le départ du père de ses enfants pour le Bosphore pour y mener une vie d'aventurier et de jeux d'argent. Peu capable de s'occuper d'autre chose que d'elle-même, elle sera prise en charge par Marguerite qui soutiendra tous ses frère et soeurs et sa mère grâce à la générosité de Louis Andrieux qui sera présent dans sa vie et dans la vie de Louis Aragon jusqu'à sa mort. Quand Louis Andrieux meurt à 90 ans après quelques mois de maladie engendrée par une fracture du col du fémur. Marguerite passe toutes ses journées à prendre soin de lui, seul après le décès de son épouse quelques années auparavant. Elle apprendra que le père de son fils, Louis Aragon, ne les a pas couchés sur son testament. Marguerite se retrouve sans ressource aucune. Elle se mettra à peindre de la vaisselle à la main pour un grand magasin. Puis commence à traduire des romans à « l'eau de rose » et ensuite à en écrire pour subvenir à ses besoins. Son fils deviendra communiste sans avoir jamais connu de près ou de loin le monde ouvrier, comme d'autres... Il se mettra à écrire des poèmes et des romans, de la LITTÉRATURE et il reproche amèrement à sa mère son gagne-pain. Elle ne rencontrera jamais Elsa Triolet et n'assista pas à leur mariage. Elle mourra seule à Cahors en 1942 très pauvre et affaiblie.
Ce récit se base sur des faits vérifiés et vérifiables et sur ce qui ne peut pas l'être (destruction) de toute la correspondance de Marguerite à son aimé à la mort de celui-ci par les fils légitimes. L'auteure qui a une véritable empathie et admiration pour la mère d'Aragon, nous conte les émotions et ressentiments de son héroïne. Je n'approuve pas vraiment ce procédé. Ce n'est ni du lard ni du cochon. Ni une biographie, ni un roman. Mai c'est bien écrit, bien mené et très intéressant car cela éclaire le lecteur sur les moeurs d'une époque et sur la naissance d'un grand écrivain.
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Le point de départ est plus qu'intéressant: connaître la vie d'Aragon, cet auteur emblématique. Mais je pense qu'il faut avoir un minimum lu les oeuvres d'Aragon pour comprendre tout ce qui se passe dans ce livre. Je pense qu'un "novice" peut passer à côté de références distillées tout au long du livre. Et cela a été malheureusement mon cas. L'écriture très "tranchée" a aussi fait perdre de la fluidité à ma lecture et m'a souvent dérangée. le changement régulier de narrateur (parfois l'auteur, parfois Aragon) m'a aussi parfois un peu perdue...Pour autant, j'ai appris beaucoup de choses et cela m'a donné envie d'aller fureter dans l'Oeuvre d'Aragon.
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critiques presse (3)
LaCroix
26 octobre 2018
Nathalie Piégay décrit le récit familial de Louis Aragon et dessine le portrait d’une femme forte mais effacée, la mère du poète.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeFigaro
14 septembre 2018
Un récit romancé de Nathalie Piégay sur le destin peu commun de la mère cachée de l'écrivain
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Lexpress
03 septembre 2018
Nathalie Piégay livre un déchirant portrait de la mère du poète surréaliste. Un récit en forme de réhabilitation.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
[Aragon ] Il écrit. Il dévore. Il détruit. Il s'alimente à ce qu'il dévore et à ce qu'il détruit, il ramasse tout, les brindilles, les planches flottées, les restes calcinés, les bois verts et les charbons noircis puis il rassemble tout dans le grand bûcher de l'écriture, pour qu'ils y flambent (...)

A Elsa, il a pris beaucoup plus qu'un titre de roman. Une longue lettre qu'elle lui avait adressée, une lettre en forme de réquisitoire, où elle dit sa solitude, la solitude de la femme que le poète mythifie et néglige, l'isolant dans des châteaux impuissants de mots, de vers et de rimes, elle qui ne doit jamais le précéder, ni le ralentir, ni le suivre, ni le déranger, ni le laisser seul, une femme qui a vécu des années seule à ses côtés. Ces mots n'auraient jamais dû sortir de la chambre, il les prête à l'un de ses personnages , Blanche, comme si elle les avait écrits à son mari, Gaiffier. Il efface Elsa. (...) lui, l'écrivain, passe pour l'auteur des mots fictifs. Alors pour finir il passe sous silence les mots terribles d'Elsa : "Même ma mort c'est à toi que ça arriverait"
(p. 329)
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Marguerite ne comprend pas pourquoi Louis se soumet à un destin aussi misérable. D'autant que ce Parti, dont il parle comme d'une sainte famille, se défie de lui, de son passé surréaliste et plus encore de son origine bourgeoise. Neuilly, les beaux quartiers, les meilleures écoles (...) Il est bien évident que Louis n'a jamais mis les pieds dans une usine. Les mécènes, les grands couturiers, il sait de quoi il retourne, les contremaîtres et les prolétaires, ce n'est pour lui qu'une idée. (p. 276)
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Marguerite est seule avec ses mots d'anglais qui lui trottent dans la tête. Elle ne peut pas en parler à Louis, dont elle redoute le jugement. Il est devenu si intransigeant. Elle ignore qu'il a commencé à apprendre le russe et qu'il traduit des poèmes et des récits avec Elsa, pour faire connaître la littérature soviétique en France. D'Elsa, elle ne sait rien. Elle apprendra par le journal la publication de son premier livre en français, -Bonsoir Thérèse-Elle ne saura jamais qu'elle traduit en russe le roman de Céline, Voyage au bout de la nuit. (p. 260)
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C'est à cet instant que je me suis demandé pourquoi il y avait un frère. Edmond.
(...)
Ce que j'avais su d'abord, c'est qu'il était un fils naturel. Enfant, je m'interrogeais sur la signification du mot : naturel, un fils qui allait de soi, que la nature avait donné comme elle donne de bonnes ou mauvaises récoltes ? Un enfant de l'amour, qui échappe aux lois, aux contrôles, aux règlements ? (p. 34)
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Ce que j'avais su d'abord, c'est qu'il était un fils naturel. Enfant, je m'interrogeais sur la signification du mot : naturel, un fils qui allait de soi, que la nature avait donné comme elle donne de bonnes ou de mauvaises
récoltes ? un enfant de l'amour, qui échappe aux lois, aux contrôles, aux règlements ? (...)
Il y avait aussi les filles-mères. Expression tout aussi étrange que fils naturel. Des mères qui n'étaient pas des femmes, des épouses bague au doigt et photo de mariage sur le buffet ? Des mères trop jeunes, encore des petites filles qui restaient chez leur mère ?(p.34-35)
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Vidéo de Nathalie Piégay
"Une femme invisible" de Nathalie Piégay, pour 'Le livre du jour' par Marie-Joseph Biziou de la Librairie La Procure.
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