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EAN : 9782072721472
320 pages
Gallimard (09/03/2017)
4.33/5   9 notes
Résumé :
Ces poèmes issus de trois recueils différents et dont la composition s'échelonne sur plus de dix années ont été choisis, en accord avec Pasolini, dans le souci de retracer aussi complètement que possible un itinéraire idéologique et poétique tourmenté.
C'est tout le bilan d'une époque liée aux luttes et aux retombées du mouvement ouvrier qui se trouve ici consigné. Le cinéma a contribué à divulguer le message de Pasolini. Mais l'écriture poétique qui le fit ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
En édition bilingue, de très larges extraits des trois recueils poétiques essentiels de Pasolini. Une interrogation fulgurante, joueuse et déchirante, aujourd'hui comme hier.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/08/21/note-de-lecture-les-cendres-de-gramsci-suivi-de-la-religion-de-notre-temps-et-de-poesie-en-forme-de-rose-pier-paolo-pasolini/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les pleurs de l’excavatrice (I) – 1956

Ce n’est qu’aimer, et que connaître,
qui compte, non d’avoir aimé,
ni d’avoir connu. C’est angoisse

que vivre d’un amour
révolu. L’âme ne grandit plus.
Voici que dans la chaleur enchantée

de la nuit noire, qui, là-bas,
parmi les méandres du fleuve, et la vision
de la ville assoupie parsemée de lumières,

frémit encore de mille vies,
désaffection, mystère, et misère
des sens, me rendent hostiles

ces formes du monde, qui, hier encore,
constituaient ma raison d’être.
Triste et las, je rentre chez moi, parmi

de noires places de marché, de tristes
routes, tout autour du port fluvial,
parmi les baraques et les entrepôts mêlés

aux derniers prés. Ici règne un silence
de mort : mais tout en bas, boulevard Marconi,
ou à la gare, au bord du Tibre, le soir

paraît encore doux. Vers leurs faubourgs,
leurs hameaux, s’en retournent sur de petites
motos – en bleus, ou bien en pantalons

de travail, mais pleins d’un entrain joyeux,
des jeunes gens, avec un camarade en selle,
hilares, crasseux. Les derniers clients

bavardent, debout, à voix
haute, çà et là, dans la nuit, aux tables
des cafés encore éclairés et presque vides.

Pauvre, merveilleuse cité,
tu m’as appris ce que les hommes
joyeux et cruels, apprennent, enfants,

les petites choses où se découvre
la paisible grandeur de la vie, le fait, ainsi,
de marcher, vigilant et dur, dans la cohue

de la rue, de s’adresser à un autre homme
sans trembler devant lui, de ne pas avoir honte
de vérifier l’argent compté

d’un doigt paresseux, par l’employé
qui file, en sueur, au long des façades,
dans la couleur d’un éternel été ;

me défendre, attaquer, avoir
le monde sous les yeux, et non
seulement dans mon cœur, comprendre

que peu de gens connaissent les passions
dont est faite ma vie :
que s’ils n’ont rien de fraternel, ce sont pourtant

des frères, puisqu’ils connaissent, justement,
des passions d’hommes
et que, joyeux, inconscients, absolus,

ils vivent d’expériences
qui me sont inconnues. Pauvre, merveilleuse
cité, tu m’as fait faire

l’expérience de cette vie
inconnue : jusqu’à me faire découvrir
ce qu’était, pour chacun, le monde.

(…)
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Les Cendres de Gramsci (III) – 1954

Un chiffon rouge, comme celui
noué au cou des partisans
et, près de l’urne, sur le sol cendré,

deux géraniums, d’un rouge différent,
Te voici donc, banni, en ta grâce sévère,
non catholique, enregistré parmi ces morts

étrangers. Les cendres de Gramsci… Pris entre l’espérance
et ma vieille défiance, je m’approche, venu
par hasard en cette maigre serre, face à

ta tombe, et à ton esprit qui est resté
ici-bas parmi ces gens libres (Ou bien c’est quelque chose
de différent peut-être, de plus extasié

et de plus humble aussi, ivre symbiose
d’adolescence, de sexe et de mort…)
Et en ce pays, où jamais ne fit trêve

ta passion, je sens quel fut ton tort
– ici, dans le repos des tombes – et en même temps
combien tu eus raison – en notre inquiet

destin – d’écrire tes ultimes
pages pendant les jours de ton assassinat.
Je vois ici, attestant la semence

non encore dispersée de l’antique pouvoir,
ces morts attachés à une possession
qui plonge au fond des siècles son abomination

et sa grandeur : et aussi, obsédante,
cette vibration d’enclumes, en sourdine,
étouffée et poignante – depuis l’humble

quartier – pour en attester la fin.
Et me voici moi-même… pauvre, vêtu
d’habits que les pauvres lorgnent dans des vitrines

au clinquant grossier, et qu’est venue faner
la saleté des routes les plus ignorées
des banquettes de tram, qui dénaturent,

pour moi, toute journée : alors que je puis de moins en moins connaître
de tels loisirs, dans le tourment
de survivre, et s’il m’advient

d’aimer le monde, ce n’est que d’un violent
et naïf amour sensuel,
tout comme, adolescent incertain, autrefois,

je l’ai haï, quand me blessait en lui, bourgeois,
mon propre mal, bourgeois ; et si le monde
est – avec toi – maintenant divisé, n’est-ce point objet

de rancœur, de mépris presque
mystique, que la fraction qui en détient le pouvoir ?
Pourtant, sans ta rigueur, je subsiste,

car je ne choisis point. Je vis sans rien vouloir,
en cet après-guerre évanoui : aimant
ce monde que je hais – en sa misère,

méprisant et perdu – par un scandale obscur de ma conscience…
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SE LA CHIESA DI DIO E UNA CASA CHIUSA DAL DI DENTRO
E LUI SOLO HA LE CHIAVI, ANCH'IO
SONO VISSUTO IN UNA CASA CHIUSA DALL'INTERNO :
LA CASA DELLA RAGIONE SORELLA DELLA PIETA.

SI L'EGLISE DE DIEU EST UNE MAISON FERMEE DU DEDANS
ET S'IL EN DETIENT SEUL LES CLES,J'AI MOI AUSSI
VECU DANS UNE MAISON FERMEE DU DEDANS :
CELLE DE LA RAISON, SOEUR DE LA PIETE.
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Mon défaut est de ne pas avoir de cartes, de ne devoir rendre de comptes à personne. Je ne représente que moi-même et je parle toujours à titre personnel, presque en vivant dans son corps ce que je dis.
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Et là, gorge, cœur et ventre
écartelés sur le lointain sentier
des Fonds, je passais des heures
du plus beau temps de l’homme, mon jour
tout entier de jeunesse, en des amours
dont la douceur me fait pleurer encore.

La Religion de notre temps
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PIER PAOLO PASOLINI / UNE VIE VIOLENTE / LA P'TITE LIBRAIRIE
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