Devil in me

Il est là, si proche et si loin à la fois, comme si une, deux, trois galaxie nous séparaient, pailletées de poussière d'étoiles. Il suffirait d'une poussée, d'une fusée, d'une année-lumière pour nous rapprocher.

Parfois je me demande même si Jefferson est un vrai psychiatre. Il a des manières... Peut- être que lui aussi est fou. Peut- être qu'on joue tous aux fous et qu'ils s'amusent bien pendant que je me tue sur le chemin de la vérité.

J’ai peur de ne pas être suffisante. De ne pas l’aider à surmonter ça, à passer à autre chose. Qui suis-je, dans son océan de douleurs, pour être assez ? Comment pourrais-je avoir l’audace de représenter une lumière assez forte pour éclairer ses ténèbres ?

Note de l'auteur :

Si vous êtes l'un de mes amis, ne lisez pas ce livre, j'aimerais vous garder encore un peu près de moi.
Si je ne vous connais pas, ne lisez pas ce livre, j'aimerais garder l'opportunité de vous rencontrer.
Vous vous apprêtez à entrer dans un monde que je ne suis pas certaine de maîtriser.
Si vous décidez de tourner cette page, s'il vous plaît, laissez de côté tout ce que vous pensez savoir. Sur l'esprit humain, sur la cruauté, sur la violence. Sur la construction d'une histoire en elle-même.
Le roman que vous vous apprêtez à lire est sombre, dérangeant, troublant.
Je préférais vous avertir.
Et si je ne vous ai pas effrayés... le Docteur Madsen va vous recevoir.

J'ai la tenace impression que c'est de sa faute si je n'ai plus de souvenirs. Un agaçant mélange de curiosité et d'angoisse me donne mal au cœur. Il me jure que je peux lui faire confiance, mais tout en moi me hurle que non. Alors, qui écouter, alors que je n'ai aucun souvenir pour justifier cette envie de fuir ?

Dans mes rêves les plus fous, il y aurait eu des tartelettes. De toutes les couleurs. À tous les fruits. Fraises, framboises, myrtilles, pommes ! Poires, abricots, pêches, prunes ! J’aurais tout mangé, en faisant exploser les couleurs dans mon palais, leur jus ruisselant sur mon menton et le long de ma gorge qui me fait si mal. Une kyrielle de saveurs pour remplacer l’amertume du quotidien. Peut-être qu’un jour, je me réveillerai et qu’elles seront enfin là, mes tartelettes.

« les marques sont moins douloureuses, moins présentes sur les cœurs. Nous oublions tous un peu, car le cerveau est ainsi fait. Qui pourrait vivre avec toutes ces cicatrices ? Il reste bien celles gravées sur le corps, quoiqu'elles finissent aussi par s'évanouir.
Le cerveau est programmé pour avancer. Pour oublier. Pour survivre. »

C'est lui qui, lorsque l'obscurité dans mon cœur se fait trop présente, me rappelle qu'il suffit parfois d'allumer la lumière.

Pourquoi je m’inflige ça. Peut-être parce que je n’ai plus de raisons de m’apitoyer. Peut-être parce que ça me fait penser à quelque chose d’autre que mon malheur émietté. Peut-être que je me sens plus en vie quand j’ai mal à en crever.

— Vous savez, c’est difficile de parler d’amour aux cons. C’est un constat qui m’est venu il y a quelque temps, après avoir côtoyé assez de personnes pour me rendre compte de la triste vérité. Nous sommes seuls. Nous sommes tristement et désespérément seuls. D’autant plus en amour, là où les ravages sur nos sentiments ne laissent que les cendres d’une relation. Nos souvenirs nous hantent, nous désagrègent petit à petit, miroir nostalgique de ce que nous avons été, de ce que nous ne serons jamais plus. Les êtres aimés, s’effacent, s’abandonnent, nous octroyant leur amour pour une période donnée, bien souvent trop courte, toujours en dent de scie. On en attend plus. On aimerait que ça dure toute une vie. Que ça devienne notre quotidien.