Cette comédie a été jouée en 1633 ou 1634, imprimée en 1635 ou 1636. Il s'agit de l'unique comédie de l'auteur, dont le genre de prédilection fut la tragi-comédie.
Les personnages principaux de la pièce appartiennent à une bourgeoisie aisée, ce qui sied au genre de la comédie, les intrigues principales sont liées aux amours contrariés de jeunes gens, ce qui est aussi dans la norme. Dorimène est aimée par Polidor, qu'elle aime, mais qui est pauvre ce qui l'empêche de se déclarer, et le rend indésirables aux parents de Dorimène. Mais elle a aussi allumée la flamme de Tircis, qui lui est fortuné, et qui en tant qu'ami de Polidor est censé faire la cour à sa place, mais qui en réalité sous couvert de défendre son ami, essaie de se faire aimer de Dorimène, qui toutefois le repousse. Florice, l'ancienne amoureuse de Tircis, délaissée au profit de Dorimène, se verrait bien séduire Polidor, mais devant le peu d'intérêt qu'elle éveille chez lui revient à ses premières amours. Les parents de Dorimène veulent l'obliger à épouser Tircis, elle doit voir Polidor en secret, pour ce faire il se déguise en vendangeur. Tout finit par s'arranger lorsque Polidor fait un héritage.
La trame paraît mince, les ressorts comiques légers. Même si certains éléments échappent à la lecture. Par exemple, l'un des personnages secondaires avait été écrit spécialement pour un acteur, Gros-Guillaume dit l'enfariné, car il avait le visage couvert de farine (il aurait été boulanger avant d'être acteur) et en parlant et en bougeant en couvrait ses partenaires, ce qui créait un effet comique. Je pense que ses dialogues étaient un canevas, sur lequel l'acteur, avec des jeux de mimiques, des gestes, ou autres savait provoquer le rire, avec ses techniques et une part d'improvisation.
Mais nous sommes à une époque où la comédie veut abandonner les ressorts du gros rires au profit de « l'enjouement », s'inspire de la chaîne amoureuse de la pastorale (que l'on peut deviner ici) transposée à la bourgeoisie. Corneille à ses débuts a écrivit des comédies allant dans ce sens, et du Ryer en est bien proche.
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N'as-tu quitté Paris pour venir à Suresnes
Qu'à dessein d'y mourir ou d'y vivre à la gêne ?
Autrefois l'entretien que l'on avait de toi
Eût pu même augmenter les délices d'un Roi,
Cependant aujourd'hui la tristesse la plus forte
A vaincu cette humeur qui charmait de la sorte,
À te voir maintenant si morne et si rassis
On dirait que tu n'es qu'un portrait de Tirsis.
Mais hélas ! Vos rigueurs m'ont ôté l'espérance
Qui donnait de la force à ma persévérance,
Et vos perfections m'ont réduit à ce point
De vous aimer toujours et de n'espérer point.
Elle sait mes tourments, et son oeil obstiné
Cent fois a reconnu l'amour qu'il m'a donné ;
Mais de peur que l'amour ne retourne chez elle
Alors que je le montre elle fuit la cruelle.