D'où vient donc cette vieille croyance si répandue, à l'existence d'un rapport spécial et mystérieux entre la musique et les mathématiques ? D'où, l'attrait qu'y trouve l'imagination ?
Tous les arts ont un certain fondement mathématique plus ou moins patent et commode à définir. Mais partout ce fondement et le rôle particulier qu'il joue dans la structure de l'art se présentent sous des aspects moins simples, moins gros, dirai-je, que dans la musique. Et ils sont moins suggestifs dans les autres arts pour la simple raison qu'ils y sont moins accessibles
Chose remarquable ! jusqu'à la fin du XVIe siècle, l'individualité humaine n'a pas eu son expression dans la musique. La monodie grecque était chorale. La monodie liturgique était, comme je l'ai dit, tout à fait impersonnelle d'expression. Les chœurs du XVIe siècle étaient le plus beau des divertissements de la sociabilité. C'est dans l'opéra naissant, création de l'Italie, que l'individu commence à chanter pour son compte et à exprimer par les sons les mouvements les plus personnels de son âme.