Cette enfant au beau regard sombre, doux et profond déroutait la marquise. Elle ne ressemblait en rien aux servantes qui l'avaient si mal servie jusque-là et qu'elle avait renvoyées sans pitié.
La beauté triomphante, la reine de coeur du plus grand roi du monde se tordait de douleur sur sa chaise percée.
« La promenade avait bel et bien commencé. Le cortège s’attardait sur les terrasses plantées d’orangers, de jasmins et de grenadiers. Le roi raffolait des jardins du Trianon, où l’harmonie des couleurs rivalisait de splendeur avec le parfum des fleurs. »
« En matière de parfum, j’espère que tu sauras te montrer à la hauteur. J’aimerais que tu composes pour moi une eau de senteur qui s’accordera avec les heures chaudes de l’été. »
Parce que les grands de ce monde sont irréprochables ! Jamais on ne doit les rendre responsables, même de leurs propres maux. Alors, nous autres médecins parlons de la chaleur, du froid, de l'humidité de l'air, des trop longues promenades à cheval, des astres, et que sais-je encore... Que veux-tu, le roi aime les belles femmes, blondes, grasses et aussi goinfres que lui ! Un beau jour la gloutonnerie les tueras, tu verras !
La marquise redoutait l’orage. Pour elle, l’enfer venait d’ouvrir ses portes. Les démons des ténèbres rampaient vers elle… leurs bras se tendaient pour la saisir à la gorge et l’étouffer… bientôt, de leurs griffes monstrueuses, ils allaient lui arracher le cœur… Lucifer, impatient, attendait que la sinistre besogne soit achevée pour engloutir son corps dans l’abîme bouillonnant de ses entrailles…
Et bien voici un flux de ventre bien extraordinaire et fort puant!
Depuis la mort de sa mère, Marion, qui parlait peu, avait pris l'habitude de livrer le moindre de ses secrets aux grands arbres du parc royal. Il lui suffisait d'une bouteille, de quelques mots griffonnés sur une petite feuille et d'une fleur d'oranger, fraîche ou séchée, qu'elle y ajoutait toujours. C'était une sorte de cadeau, une manière d'offrir à l'arbre qui acceptait ses messages le plus doux des parfums, celui qu'elle préférait entre tous. (...) De branche en branche, de feuille en feuille, les grands arbres chuchoteraient ses secrets au gré du vent... Ils emporteraient vers le ciel les tourments, les bonheurs et les rêves qu'elle avait confiés à la terre de Versailles, comme un marin perdu qui met toute sa souffrance et ses espoirs dans une bouteille qu'il lance à la mer.
Ce livre est très passionnant,je vous le recommandes
Depuis le matin, le tonnerre promenait ses roulements de tambour autour du château de Versailles. Aiguillonnés par le vent, de lourds nuages s’étaient accumulés avec une incroyable rapidité et pesaient maintenant comme une chape de plomb sur les toits d’ardoise.