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Citations sur Concertina (9)

J'avais mes colombes dans les yeux et d'autres ruisseaux dans la gorge. J'étais celui qui ne regardait que les nuages ou le bout de ses chaussures. J'étais le bègue. Le pain noir qui ne se partage pas.
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(...) j'ai vécu une enfance très sensitive à travers les champs et les forêts, au milieu d'une famille nombreuse.
Mais j'ai aussi fait l'apprentissage du silence et de la contemplation avec mon aïeule d'origine slovène, au bord des chemins avec deux ou trois chèvres. Elle emportait toujours un livre avec elle. Je me souviens du mystère des pages tournées dans le grésillement de l'été. Ma grand -mère lisait... je ne savais pas quoi, alors... Le silence devenait vivant sur son visage absorbé par la lecture, elle s'absentait, laissant entre nous un espace salutaire pour écarquiller mon enfance et me laisser au bord de ce désir ; lire.
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De lui à elle, n'avait eu lieu que la caresse de cette musique. Comme une eau claire, elle longeait les carreaux des fenêtres, ses cahiers, les gouttières de zinc, venait mourir entre ses doigts, sur sa nuque, dans ses cheveux qu'elle tordait nerveusement. A travers les rideaux de pluie, les longues journées grises et immuables, ces quelques notes de musique étaient son pain blanc, son lait d'orgeat. Elle les attendait derrière une fenêtre pour les relier à un pan du ciel.
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Toute la matinée, au boulot, des maux de tête à n'en plus finir. De long en large, en travers, elle a pu souffler dix minutes dans la salle du personnel, prendre un cachet effervescent dans le sac à main, regarder lentement s'évanouir l'aspirine dans le verre sérigraphié à l'effigie de Petit Ours Brun.
Ses yeux ses sont fixés un instant sur les petites bulles à hauteur de la brouette rouge dessinée sur la paroi. Aux pieds de l'ours, un seau, une pelle et sa casquette bleue. Tout un univers en technicolor dans un verre à moutarde. Un bonheur gratuit ou presque.
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Pour mes bégaiements, ma mère non plus n'avait rien pu. A l'école, écouter me prenait toute l'énergie. Pour le reste, déjà, je m'arrangeais avec les oiseaux, plus forts que les choses à prononcer. Le silence déployé comme leurs ailes me suffisait et je jubilais au plus secret de mon coeur en écoutant leurs piaillements fous. Le plus souvent, j'avais du mal à tenir en place, je me tordais sans cesse. Mes mains surtout dansaient , ce que ma voix m'interdisait.
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Mon navire tremble, mon navire tangue. Sans même parler, il y a tout qui frémit. On avance, on piétine, on évite, on hésite, on évite de sentir, de voir, on hésite à vivre, à crier. On est éboueur, pas voyageur, toujours pas capitaine. On n'a rien devant nous, juste le temps de rien.
(...)
Eboueurs, c'est jamais de naissance, relégués que nous sommes au dernier tronçon de l'aube, échoués sur le lisier de la ville comme des anges aux gueules noires.
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Les murs, c'est de la couleur malade. Les fenêtres, il faut un passe spécial pour les ouvrir. Même pour respirer, Maman, elle doit demander. Je vois bien qu'elle n'en a même plus l'idée. Tout est trop haut ici. Les gens, c'est leurs pieds qu'ils regardent quand ils avancent ou leurs mains qui ne bougent plus ou alors les pieds des autres, les mains des autres. On ne voit plus les yeux de personne.
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Aujourd'hui, je ne peux pas m'empêcher de regarder le ciel. Pourtant il y a toujours ces grands câbles tendus qui mordent la vue que j'en ai et la "concertina", cette volute de fer barbelé, enroulée tout autour. Quand je vois ces fils tendus, nus et noirs, je voudrais y accrocher du linge. Les chemises de Grand-Père, immenses, elles étaient. Elles me revenaient en pleine figure quand je me cachais derrière. Cette odeur de savon de Marseille et de drap mouillé, je ne l'ai jamais retrouvée. Toujours rien à ces foutus fils et ça grince, ça grince...
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C'est précisément devant les miroirs de l'appartement de sa mère que s'engage la lutte la plus douloureuse. elle essaie, en vain, d'avoir de la sympathie pour ce visage perdu, pâle.
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